"Bienvenue au monastère" : C8 embarque des célébrités dans un couvent, en omettant dérives sectaires et scandales sexuels

"Bienvenue au monastère", le nouveau programme de C8, débarque ce vendredi 12 janvier à la télévision avec un casting éclectique composé, entre autres, de Clara Morgane, Paul El Kharrat ou encore Delphine Wespiser. Pour les accueillir, la production a choisi le couvent corse de Corbara, occultant le lourd passé de l'établissement religieux.

C8
"Bienvenue au monastère" : C8 embarque des célébrités dans un couvent, en omettant dérives sectaires et scandales sexuels. Photo : Capture d'écran C8

Ce vendredi 12 janvier, les téléspectateurs de C8 vont découvrir le couvent de Corbara, en Corse. Sous l'oeil des caméras, l'établissement religieux a accueilli six célébrités participant au programme "Bienvenue au monastère". Le casting, éclectique, réunit le jeune champion de jeux télévisés Paul El Kharrat, l'ancienne actrice de X, devenue meneuse de revue et à la tête d’une marque de lingerie, Clara Morgane, l’ancienne miss France Delphine Wespiser, désormais animatrice de télé, l’actrice de "Plus Belle la Vie" Fabienne Carat, le candidat de télé-réalité Simon Castaldi et Jean-Marc-Généreux, danseur et chorégraphe, un temps juré de "Danse avec les Stars". L'objectif ? Comme dans la version néerlandaise, "In Search of God", dont il est adapté, le programme vise à organiser une retraite religieuse à ses participants. "Le projet est d’ouvrir une porte vers la spiritualité" explique la productrice Chantal Barry, qui se défend de tout prosélytisme, à Libération.

Des communautés au coeur de dérives sectaires et de scandales sexuels

Le cadre est pour le moins idyllique : "Ce qui m’importait, c’était qu’il y ait de belles images. Je voulais trouver un endroit qui soit beau. Au couvent Corbara, c’est le cas" estime la productrice. Alors que les religions sont en nette perte de vitesse, le but est clair : envoyer du rêve aux téléspectateurs, et tant pis si le passé du couvent de Corbara n'est pas irréprochable. En effet, selon Libération, la communauté qui y vit actuellement compte parmi ses membres un religieux qui a été condamné par le tribunal ecclésiastique de Paris (la justice interne de l’Eglise catholique) pour des agressions sexuelles commises, entre 2010 et 2014. Ses deux victimes étaient des femmes qu'il accompagnait spirituellement. L'homme a interdiction de confesser, de célébrer la messe en public ou de fréquenter des communautés féminines pendant dix ans. La sanction a été prononcée en 2023, alors que le casting de l'émission était en train d'être composé. Chantal Barry affirme ne pas avoir été mise au courant de l'affaire, connue par tous les membres de la congrégation.

Concernant les accompagnants spirituels choisis par la production pour guider les candidats, nouveau hic : tous deux sont issus de communautés qui ont été au coeur de dérives sectaires, où ont eu lieu des violences sexuelles. La religieuse soeur Catherine Thiercelin est issue de la communauté des Béatitudes et le religieux frère Baudouin Ardillier appartient à la congrégation Saint-Jean, qui dénombrait dans son rapport interne, publié en juin 2023, au moins une quarantaine de prédateurs sexuels en son sein.

Vidéo. Catherine Draveil, ancienne religieuse : "Je ressentais une certaine angoisse à l’idée de revenir dans cette prison"

"Une douleur inutile infligée aux victimes"

Pour les victimes de ces deux communautés religieuses, la diffusion de cette émission, le choix du lieu et la place accordée à des membres des Béatitudes et de Saint-Jean est incompréhensible. "J’en ai été malade pendant huit jours", a confié Sylvaine Coquempot à Libération. Cette ancienne membre des Béatitudes se bat pour que la communauté reconnaisse le suicide de sa sœur Cathy, transformé en enlèvement mystique par les responsables. "Je redoute que cela donne envie à des jeunes de rejoindre ces communautés" a-t-elle ajouté. "Comment peut-on faire la publicité pour une communauté qui a connu de telles déviances ? Comment Saint-Jean ne se pose pas la question ? C’est une preuve que, pour eux, il n’y a pas de problème", s'est désolée pour sa part une victime d’une religieuse et d’un religieux de Saint-Jean, qui se bat toujours pour obtenir des réparations.

Cette télé-réalité a également suscité la perplexité de Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, une structure qui regroupe les ordres et congrégations. "Je suis surprise du choix fait par les producteurs. (...) C’est une douleur inutile infligée aux victimes qui, pour certaines, ne se sont toujours pas fait connaître ou qui sont engagées dans un long processus de réparations."

À lire aussi :

>> Hélène Ségara, chrétienne pratiquante : "Je prie énormément"

>> Thibault de Montalembert rêvait de devenir prêtre : "Je prie matin et soir"

>> Sectes : quels sont les mouvements les plus courants en France ?