Christophe Beaugrand dans Convictions : "Quand mon grand-père s’est rendu compte que j’étais homo, il m’a dit que j’étais la honte de la famille et il m’a foutu dehors"
Yahoo a lancé une toute nouvelle émission intitulée Convictions. Après un premier épisode consacré à Pierre Palmade, c'est à présent au tour de Christophe Beaugrand de répondre aux interrogations d'Alexandre Delpérier et d'évoquer, tout en sincérité, ses combats, son homosexualité et surtout la paternité qui a bouleversé sa vie... pour le meilleur.
Christophe Beaugrand est un homme épanoui. Journaliste et animateur de radio ainsi que de télévision, le présentateur de "Ninja Warrior" est un homme aux multiples talents. Et si sa carrière professionnelle est au beau-fixe, sa vie personnelle l'est tout autant. Fou amoureux de Ghislain Gerin depuis 2011, il lui a dit oui en 2018, à la mairie du 8e arrondissement de Paris, en compagnie de leurs proches. Leur bonheur a connu son apothéose en 2019, lorsque Christophe Beaugrand et Ghislain Gerin sont devenus papas pour la première fois, après avoir eu recours à la gestation pour autrui aux États-Unis. Leur fils, Valentin, a changé leur vie et est devenu leur rayon de soleil. D'ailleurs, l'animateur qui séduit les Français a décidé de se livrer sur les joies de la paternité dans un livre au nom sans équivoque : "Fils à papa(s)", paru ce jeudi 7 octobre aux éditions Plon. À l'occasion de cette sortie, Christophe Beaugrand s'est confié à coeur ouvert au micro d'Alexandre Delpérier pour Convictions, la toute nouvelle émission de Yahoo.
Un terrible rejet
Au cours de cette interview, Christophe Beaugrand a répondu, sans filtre et avec émotion, aux interrogations d'Alexandre Delpérier. Le papa de Valentin est tout d'abord revenu sur sa jeunesse, et sur la prise de conscience de sa "petite différence", comme il l'a qualifiée. "Très tôt, j’ai ressenti chez moi cette petite différence du fait que j’étais plutôt attiré par les garçons, plutôt que par les filles", a-t-il confié. Et même si le présentateur âgé de 44 ans s'est tu, sa mère s'en est rendu compte. Elle a d'ailleurs eu l'une des meilleures réactions que son fils pouvait espérer. Compréhensible et bienveillante, la mère de famille a tout fait pour soutenir son fils. "Ce qui est génial, c’est qu’elle a fait la démarche d’aller voir une psy pour ne pas risquer de me blesser, de me braquer", a révélé le journaliste, non pas sans fierté à l'égard de celle qui l'a mis au monde, avant d'ajouter : "J’ai eu la chance qu’on m’ait peu rejeté."
Si une grande partie de sa famille l'a soutenu, il a néanmoins fait face à un terrible rejet de la part de son grand-père paternel. "J’ai eu un rejet quand j’étais étudiant à Bordeaux, en école de journalisme", a-t-il démarré, avant de poursuivre : "J’ai vécu chez mes grands-parents. Quand mon grand-père s’est rendu compte que j’étais homo, il m’a dit que j’étais la honte de la famille. Et il m’a foutu dehors..." Et si les années ont passé, cet homme n'a jamais accepté les choix de son petit-fils, même lors des funérailles de son fils, décédé à l'âge de 53 ans, alors que Christophe Beaugrand n'en avait que 24. Malgré le chagrin et la main tendue de son petit-fils, il a "tourné les talons" et il ne lui a "jamais adressé la parole". Une réaction qui le marque encore aujourd'hui, même s'il est parvenu à trouver une certaine paix, grâce au soutien, à la solidarité et à l'amour de tous les autres membres de sa famille.
Whitney, la femme qui a porté leur enfant
Depuis toujours, Christophe Beaugrand ne rêvait que d'une chose, fonder une famille. "Je n’imaginais pas ma vie sans fonder une famille", a-t-il confié. Puis d'ajouter : "C’était quelque chose d’indispensable à mon épanouissement. L’aboutissement de quelque chose dans la vie..." Et comme il l'a expliqué avec humour, c'est ironiquement grâce à "François Fillon" qu'il a décidé de passer le cap avec son époux. Lors d'un débat, l'homme politique expliquait qu'il voulait faire interdire les adoptions pour les couples homosexuels et rendre impossible la reconnaissance des enfants nés de GPA. "Il y a eu une crainte", s'est souvenu le journaliste, "on risquait de me l’enlever et là, Ghislain a dit : 'Il faut y aller maintenant.'" L'ancien présentateur de "Secret Story" a d'ailleurs précisé que c'est pour cette raison qu'un chapitre de son livre s'intitule "Merci François Fillon".
Après cette discussion, les deux hommes ont décidé de prendre les choses en main et de transformer leur rêve en réalité. Comme il l'explique à Alexandre Delpérier, ils ont contacté une agence aux États-Unis pour avoir recours à la GPA. Mais contrairement aux idées reçues, ce sont en réalité les femmes qui choisissent les couples avec lesquels elles veulent se lancer dans cette aventure de vie. Il s'agit d'une gestation pour autrui, dite "éthique".
La première rencontre avec la mère qui a porté leur enfant restera gravée dans sa mémoire. "Je me rappelle qu’après la conversation qu’on a eue avec Whitney, on s'est dit : 'Elle est géniale, c’est avec elle qu’on a envie de faire ça.'" Entre eux, ce fut comme un coup de foudre et le feeling est immédiatement passé. Par ailleurs, Christophe Beaugrand a tenu à rétablir une vérité. Les mères porteuses ne sont pas rémunérées. Les femmes qui acceptent de porter un enfant ne sont en aucun cas dans le besoin. Néanmoins, elles perçoivent bel et bien un "dédommagement".
Lorsque l'annonce de sa future paternité a vu le jour dans les médias, Christophe Beaugrand a lu toutes sortes de critiques à son sujet, mais également à l'encontre de Whitney... Des attaques dont la mère porteuse a eu écho aux États-Unis et qui l'ont particulièrement blessée. "J’avais lu des critiques qui disaient : 'Vous avez utilisé cette femme comme une esclave'. Elle en avait entendu parler et elle était extrêmement blessée que des gens aient pu la traiter d’esclave et puissent dire que nous l'avions forcée", s'est souvenu le père de Valentin, avant de conclure : "Ce n’est tellement pas notre histoire, ce n’est tellement pas ce qu’il s’est passé."
Deux "papas" pour Valentin
Au cours de cet entretien, Alexandre Delpérier a également interrogé son invité sur la manière dont Valentin appelait ses deux pères et la réponse n'a pas tardé. "Il nous appelle 'papas'", avant d'ajouter avec un grand sourire : "Les deux papas, mais je reconnais la différence entre les deux papas." Il a reconnu que c'était un peu comme "Good cop, bad cop". Dans un éclat de rire, il a assuré être le "papa rigolo" pendant que Ghislain était le "papa beaucoup moins rigolo".
En tout cas, il laissera son fils l'appeler comme il en aura envie et besoin. "Après ça sera peut-être papa Christophe, papa Ghislain quand il voudra plus préciser la personne à qui il s’adresse. C’est la réalité, on est deux papas dans son histoire." Pour conclure cette belle interview pleine de sincérité et de sensibilité, le journaliste si apprécié par les Français a déclaré avec tendresse : "Il a ses deux parents et c’est un petit gamin qui est hyper équilibré et heureux." En évoquant son fils et son époux, le bonheur était perceptible dans le regard de Christophe Beaugrand.
VIDÉO - Retrouvez l'intégralité de Convictions avec Christophe Beaugrand :
Interview : Alexandre Delpérier