Christophe Dechavanne repris par Sonia Devillers sur France Inter après des propos sur sa mère : "Ma mère était quelqu'un... On appelle ça de l'hystérie"
Invité dans la matinale de France Inter ce jeudi 25 janvier 2024, Christophe Dechavanne a évoqué sa relation conflictuelle avec sa mère, en la qualifiant "d'hystérique". Sonia Devillers l'a immédiatement repris, lui expliquant que "L'hystérie, c'était au 19e siècle".
Invité dans la matinale de France Inter ce jeudi 25 janvier 2024 afin de promouvoir son autobiographie "Sans transition", Christophe Dechavanne a évoqué sa relation compliquée avec sa mère. "Ma mère était quelqu'un... On appelle ça de l'hystérie en psychanalyse", a affirmé l'animateur. Et d'ajouter : "Elle avait un peu de mal à prendre du bonheur et à sourire quand il fallait et à dire des mots d'amour quand il le fallait."
Le terme "hystérie" a immédiatement fait tiquer Sonia Devillers, qui menait l'interview. Elle a ainsi repris son invité : "L'hystérie c'était au 19e siècle, aujourd'hui on n'appelle plus ça de l'hystérie." Ce à quoi Christophe Dechavanne a répondu : "On appelle ça comment ? J'avais de très vieux psychanalystes alors !"
"C'est un long sujet", a répondu Sonia Devillers. Et en effet, le terme "hystérie" a pris une connotation très péjorative et sexiste au fil des ans, si bien que le mot est tombé petit à petit en désuétude. Enfin, pas pour tout le monde, semblerait-il...
Vidéo. Christophe Dechavanne ému aux larmes par le témoignage de ses filles dans Vivement dimanche
Discréditer la colère des femmes
Popularisé par Sigmund Freud et ses découvertes en psychanalyse, le terme a, au Moyen Âge, été associé uniquement aux femmes et au diable dans une perspective religieuse. Les "possédées" étaient donc ainsi parfois "guéries" par des séances d'exorcisme... Définie pendant de longs siècles comme une "maladie de l'utérus", donc exclusivement féminine, les causes de l'hystérie, dérivée justement du mot grec "hustéra", signifiant la matrice, l’utérus, sont toujours restées très floues. L'hystérie a d'ailleurs été officiellement retirée de la classification internationale des maladies en 1952.
Ce mystère autour de l'hystérie a provoqué de nombreux abus de langage, toujours au détriment des femmes. Afin de discréditer leur parole, il été aisé de qualifier les femmes de "folles et d'hystérique", d'invalider leur colère en les renvoyant à leur sexe. Certaines suffragettes, par exemple, en ont fait les frais. Dans Marie Claire, la critique féministe américaine Elaine Showalter, autrice de l'essai "Hysteria, Feminism, and Gender", livre son analyse : "À une époque où la culture patriarcale se sentait attaquée par ces filles rebelles, la défense consistait évidemment à qualifier les femmes faisant campagne pour l'accès à l'université, à la sphère professionnelle et au vote, d'être atteintes de troubles mentaux."
"Ce n'est plus acceptable"
Encore récemment, "Valeurs Actuelles", un magazine à la ligne éditoriale marquée à l'extrême droite de l'échiquier politique, a fait une Une, en 2017, en utilisant le terme "hystérie". "Délation, chasse à l'homme, théorie du genre : les derniers combats de l'hystérie féministe" titrait "Valeurs Actuelles".
En 2020, c'est l'homme politique Éric Diard qui juge Marlène Schiappa "à la limite de l’hystérie", sur CNews, après avoir été invité à réagir sur les accusations de la ministre portées contre Les Républicains pour ne pas avoir voté l’augmentation du budget du ministère de l’Intérieur. Il est immédiatement recadré par la journaliste Laurence Ferrari : "Non, non. Arrêtez. Ça, c’est un argument trop facile à opposer à une femme en politique. Je refuse le terme. (...) Je vous demande de retirer. (...) Non, le mot hystérique n’est pas tolérable pour une femme en politique. Eric Diard, je vous le dis. On est en 2020, bientôt en 2021, ce n’est plus acceptable. Arrêtez. Vous ne diriez pas ça d’un homme. Répondez sur le fond, ne répondez pas sur la forme." Les clichés sexistes ont encore de beaux jours devant eux...
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