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Congeler ses ovules : le coût, le processus et tout ce qu’il faut savoir

De plus en plus de femmes choisissent d'avoir des enfants plus tard dans la vie. [Photo: Getty]
De plus en plus de femmes choisissent d'avoir des enfants plus tard dans la vie. [Photo: Getty]

De plus en plus de femmes préfèrent attendre avant d’avoir des enfants, et beaucoup décident donc de congeler leurs ovules.

Rien qu’en 2017, on comptait 1 463 cycles de congélation d’ovules au Royaume-Uni, une nette augmentation par rapport aux 234 cas enregistrés en 2010, d'après la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA).

La procédure est toutefois actuellement critiquée pour sa « limite de stockage ». D’après la loi au Royaume-Uni, les ovules ne peuvent généralement être congelés que pendant 10 ans.

Mais, certains précisent qu’aucune preuve scientifique ne soutient cela, rapporte la BBC. Des ovules sains sont donc détruits trop tôt, anéantissant ainsi les espoirs de nombreuses femmes qui rêvent de devenir maman.

Nous avons décidé de revenir sur le processus de congélation des ovules et la manière de mettre toutes ses chances de son côté à l’occasion de la semaine de sensibilisation à la fertilité au Royaume-Uni.

Les ovules congelés sont généralement stockés dans de l'azote liquide et peuvent être conservés pendant 10 ans. [Photo: Getty]
Les ovules congelés sont généralement stockés dans de l'azote liquide et peuvent être conservés pendant 10 ans. [Photo: Getty]

Pourquoi les femmes congèlent-elles leurs ovules ?

Les femmes sont naturellement moins fertiles avec l'âge, et le nombre et la qualité des ovules diminuent avec le temps.

Cependant, de plus en plus de femmes choisissent de devenir mères plus tard dans la vie. En 2016, environ 5 % de toutes les naissances en Angleterre et au Pays de Galles concernaient des femmes âgées entre 40 et 44 ans, selon l'Office of National Statistics.

Certaines femmes retardent leur grossesse simplement car elles n'ont pas trouvé le partenaire idéal. D'autres ne se sentent pas suffisamment stables financièrement parlant pour élever un enfant ou préfèrent encore faire avancer leur carrière avant de devenir mère.

Certains traitements médicaux, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie, peuvent également être une source d'infertilité, incitant de nombreuses patientes à congeler leurs ovules avant de suivre ce genre de traitements.

Une personne transgenre en cours de transition peut également souhaiter préserver sa fertilité avant de commencer la thérapie hormonale ou la chirurgie reconstructive.

La congélation des ovules est de plus en plus populaire, mais ne représente qu’1,5 % des 68 000 traitements de fertilité effectués en 2016, selon les statistiques de la HFEA.

Il ne s’agit pas non plus d’une solution infaillible pour avoir un enfant, comme l’illustre le taux de succès de seulement 18 % (soit 1 femme sur 5) chez les femmes qui ont opté pour une FIV avec leurs propres ovules congelés en 2016.

Quel est le processus pour congeler des ovules ?

Le processus de congélation des ovules prend généralement entre deux et trois semaines. La femme subi d'abord des tests afin de détecter des maladies infectieuses, comme le VIH.

Une patiente séropositive est autorisée à congeler ses ovules, mais ces derniers doivent être stockés à l’écart des autres ovules afin d’éviter toute contamination.

Elle commence ensuite la FIV, qui implique jusqu'à deux semaines d'injections hormonales pour encourager les ovaires à produire plusieurs ovules.

Une fois prêts, les ovules sont recueillis sous anesthésie générale ou sédation. Une quinzaine d’ovules sont généralement recueillis, mais ce chiffre peut être inférieur chez les femmes qui ont naturellement peu d’ovules.

Contrairement à la FIV, les ovules ne sont pas mélangés avec du sperme, mais ajoutés à une solution de congélation. La vitrification, ou congélation rapide, serait plus efficace que la méthode traditionnelle de refroidissement lent des ovules, d’après la recherche.

Les ovules congelés « électivement » sont ensuite stockés dans de l'azote liquide, parfois jusqu’à 10 ans. Les patientes atteintes de cancer sont en mesure de stocker leurs ovules pendant une période allant jusqu'à 55 ans.

Les ovules sont ensuite décongelés. Ceux qui survivent sont alors injectés avec le sperme du partenaire de la femme ou celui d'un donneur par l'intermédiaire d'un processus appelé injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde (ICSI).

L’ICSI est nécessaire, car la congélation entraîne le durcissement de la couche extérieure des ovules, et les spermatozoïdes ont donc du mal à pénétrer dans la cellule pendant la FIV.

Si la fécondation a lieu, l'embryon est ensuite transféré dans l'utérus de la mère, menant ainsi parfois à une grossesse saine.

Le sperme est injecté une fois l’ovule décongelé. [Photo: Getty]
Le sperme est injecté une fois l’ovule décongelé. [Photo: Getty]

À quel moment faut-il congeler ses ovules ?

L'âge est le facteur le plus important, selon la HFEA.

Le rapport de l'organisation intitulé “Should I freeze my eggs?” (devrais-je congeler mes ovules ?) mentionne qu’une femme qui suit cette procédure avant 35 ans aura plus de chance de concevoir en utilisant ses ovules congelés qu’en essayant de tomber enceinte de manière naturelle, surtout à partir de 40 ans.

Il est parfois difficile de déterminer le moment idéal pour congeler ses ovules. D’après la loi britannique par exemple, une femme qui congèle ses ovules à 20 ans est obligée de les utiliser avant ses 30 ans. Elle pourrait cependant ne pas encore être prête à avoir un bébé à cet âge.

L’œuvre caritative spécialiste de la fertilité Progress Educational Trust considère qu’il s’agit d’une « législation arbitraire et dépassée » qui pousse les femmes à repousser la congélation de leurs ovules, et qu’il s’agit donc d’une « violation claire des droits de l'homme », rapporte la BBC.

La fertilité d’une femme qui attend la fin de sa trentaine est déjà en déclin. Elle pourrait donc avoir besoin de subir plusieurs séries de traitements pour recueillir suffisamment d’ovules viables, un fardeau financier et émotionnel à la fois.

Toute modification de la loi relèverait du Parlement britannique.

Les femmes plus âgées utilisent souvent les ovules congelés de donneuses plutôt que leurs propres ovules afin de mettre toutes leurs chances de leur côté.

Au Royaume-Uni, il est illégal pour une donneuse d'être payée, à l’exception des frais généraux plafonnées à 750 livres (soit environ 870 EUR).

La donneuse n'a aucun droit et aucune responsabilité d'élever ou de soutenir l'enfant financièrement, et elle n'est pas mentionnée sur l'acte de naissance.

Cependant, l’enfant peut connaître le nom, la date de naissance et l'adresse de la donneuse, et prendre contact avec elle s’il le souhaite à ses 18 ans.

S’agit-il d’une procédure sans danger ?

La congélation des ovules est généralement considérée comme très sûre, selon l’HFEA.

Certaines femmes peuvent ressentir des effets secondaires bénins suite aux injections hormonales, comme des douleurs sur le site de l'injection.

Un tiers (33 %) des femmes qui subissent une FIV développent le syndrome d'hyperstimulation ovarienne (SHSO), mais seuls un peu plus d’1 % des cas sont considérés comme modérés ou graves, d'après les statistiques du Royal College of Obstetricians & Gynaecologists (RCOG).

Le SHSO apparaît lorsque le corps réagit de façon excessive aux médicaments de fertilité utilisés pendant la FIV. Les ovaires trop stimulés se mettent alors à gonfler et libèrent des produits chimiques dans le sang.

Des liquides présents dans les vaisseaux sanguins peuvent se mettre à fuir et pénétrer dans l'abdomen, et parfois même dans le cœur et les poumons. Plusieurs décès ont été signalés, d’après le RCOG.

Les cas les moins sérieux disparaissent généralement par eux-mêmes, mais une femme qui vomit, urine peu ou ressent des douleurs thoraciques doit se rendre à l'hôpital.

Il n'existe pas de traitement spécifique, mais des médicaments anti-nausées et des intraveineuses peuvent remplacer les liquides perdus en vomissant.

Certaines études suggèrent que les ovules décongelés sont davantage susceptibles d'entraîner une fausse couche. Mais, les preuves sont limitées vu que seuls 2 000 bébés environ sont nés suite à la congélation d'ovules dans le monde entier, d’après l'HFEA.

Quel est le coût de la congélation des ovules ?

Quelques privilégiées sont couvertes par le NHS au moment de congeler leurs ovules. En effet, certaines patientes atteintes de cancer sur le point de commencer la chimiothérapie peuvent suivre cette procédure en fonction de l'endroit où elles vivent, selon l’HFEA.

Les autres doivent généralement payer la note elles-mêmes, et celle-ci peut être salée. Les prix ne sont pas réglementés et sont fixés par des cliniques privées.

Le processus de collecte et de congélation coûte habituellement 3 350 £ (environ 3 900 EUR), et une femme peut s’attendre à dépenser jusqu’à 1 500 £ (environ 1 750 EUR) pour les injections hormonales.

Les ovules peuvent être stockés pendant un maximum de 10 ans, et une femme peut devoir payer 350 £ (environ 400 EUR) par an pour que ses ovules soient stockés en toute sécurité. Le processus de décongélation et de transfert d'embryons coûte ensuite environ 2 500 £ (environ 2 900 EUR).

Au total, une femme doit habituellement dépenser entre 7 000 £ (environ 8 100 EUR) et 8 000 £ (environ 9 300 EUR) pour congeler ses ovules, sans jamais avoir la certitude de tomber enceinte.

En cas de succès, il peut y avoir un surplus d’ovules congelés. C'est alors à la femme de décider si elle souhaite en faire don à la recherche, les donner à quelqu'un d'autre ou à un centre de formation, ou encore s’en débarrasser.

La congélation d’ovules en dehors du Royaume-Uni

La procédure serait également de plus en plus populaire aux États-Unis, où les femmes dépenseraient entre 5 000 £ (environ 5 800 EUR) et 15 000 £ (environ 17 500 EUR), d'après coparents.com.

La congélation des ovules, bien que visiblement inoffensive, a lancé la controverse en Pologne. En effet, 86 % des habitants s'identifient comme catholiques, et le Vatican est farouchement opposé à la FIV. Une loi "compromis" a donc été adoptée en juin 2015, d'après le New Yorker.

La loi stipule que la FIV n'est disponible que pour les couples hétérosexuels qui sont mariés ou habitent ensemble.

Certaines femmes célibataires se retrouvent donc « bloquées », incapables d'accéder à leurs propres embryons congelés à moins de pouvoir convaincre un homme de signer un document et de s'engager légalement et financièrement pour l'enfant.

De plus, les embryons congelés doivent être donnés à des couples hétérosexuels stériles s'ils ne sont pas utilisés dans les 20 ans, afin de s'assurer qu’ils ne soient pas détruits.

Alexandra Thompson