Corinne Masiero dénonce la prolophobie : "À 12 ans, on me disait que mon accent était sale"

French actress Corinne Masiero poses during a photo session in Paris, on November 17, 2021. (Photo by JOEL SAGET / AFP) (Photo by JOEL SAGET/AFP via Getty Images)
Corinne Masiero dénonce la prolophobie : "A 12 ans, on me disait que mon accent était sale". (Photo by JOEL SAGET/AFP via Getty Images)

Corinne Masiero cartonne toujours à l'affiche de "Capitaine Marleau" sur France 2, et sera de retour ce vendredi 16 décembre 2022 pour un nouvel épisode. Mais si la comédienne a désormais une vie confortable, grâce à son statut d'actrice, elle n'a pas oublié la pauvreté dans laquelle elle a grandi.

Que ce soit sur la scène des César ou à l'occasion de nombreuses interviews, Corinne Masiero a toujours été considérée comme une "grande gueule", une femme qui n'a pas peur de prendre la parole pour parler des causes qui lui tiennent à coeur, ni de raconter des moments difficiles vécus dans sa vie. Par le passé, elle a notamment dénoncé la précarisation des intermittents du spectacle, mais elle a aussi été très honnête sur les violences sexuelles dont elle a été victime dans son enfance, expliquant "l'effet de sidération" qui peut toucher les victimes.

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Une enfance difficile à cause de ses origines

Corinne Masiero n'a pas grandi dans une famille aisée. Son père a travaillé à la mine avant de diriger une auto-école, et sa mère était femme de ménage. Tous deux étaient militants communistes, et lui ont très tôt fait découvrir l'univers des manifestations. Autant dire que celle qui allait devenir une star du petit écran n'a pas grandi dans l'opulence, et ses camarades de classe n'ont jamais manqué de le lui faire remarquer. "Il y a un malaise, un mal-être que j’ai vécu très jeune et que j’avais du mal à qualifier. Tout ce que je savais, c’est qu’il se créait quand j’étais entourée de "gosses de bourges" – pour le dire vite", a-t-elle confié dans les colonnes du magazine Politis. Aujourd'hui, elle met un mot sur cette forme de discrimination : la "prolophobie", c'est-à-dire le rejet des prolétaires, ces employés qui ne vivent que de leurs revenus, et qui ont souvent du mal à boucler leurs fins de mois.

"On n’est pas responsables de la vulve par laquelle on vient", affirme-t-elle, regrettant l'attitude de ses camarades : "C’est ce que tu fais de ton héritage culturel et financier qui compte." Au collège, elle a subi le harcèlement scolaire à cause de ses origines plus modestes. "J’en ai pris, moi, des grosses claques ! En cinquième, quand j’ai changé de collège, j’ai subi cette prolophobie en raison de ma manière de parler. Chez moi, dans le Nord, on parlait en patois. On m’a dit : "Ton accent, c’est sale. Ici, on parle correctement." Tu imagines la violence ? On n’est pas bien, d’où on vient ? J’avais 12 ans !"

Ses rêves ont été brisés par une enseignante

Pendant longtemps, Corinne Masiero a rêvé de devenir danseuse, mais a vite été douchée dans ses espoirs par "une espèce de cliché de la professeure de danse, avec une canne et un chignon tiré", qui l'a renvoyée de ses cours parce qu'elle n'avait pas "la tenue qu'il fallait". "On nous demandait tels chaussons, tels collants, tel tutu… Je n’avais pas tout ça. Un simple justaucorps récupéré je ne sais où. Je lui ai dit que je n’avais pas de sous. Ces habits, je ne pouvais pas me les acheter. Elle m’a dit de dégager." Preuve que la violence à l'école n'est pas simplement le fait des enfants et des adolescents...

Résultat, à 15 ans, Corinne Masiero par faire le tour de France en auto-stop, revient pour passer son bac... et sombre dans l'alcool, la drogue et la prostitution. Elle ne s'en est jamais caché. Pas plus qu'elle n'a caché le fait d'avoir été sans domicile fixe pendant longtemps. "On peut tous se retrouver dans cette situation, surtout de la manière dont les choses tournent aujourd'hui. Moi, ça m'est arrivé, je me suis retrouvée à la rue il y a très, très longtemps", avait-elle confié dans les colonnes de Ciné Télé Revue. "Un deuil, une maladie, une séparation peut faire basculer quelqu'un. C'est ça qui fait peur. C'est pour ça qu'on a tendance à passer son chemin quand on croise sur le trottoir un type dans une misère noire."

Vidéo. Corinne Masiero revient sur les violences sexuelles qu'elle a subies

Un changement de vie parfois difficile à vivre

Au Parisien, à l'occasion de la sortie du film "Invisibles", Corinne Masiero avait évoqué les conditions dans lesquelles elle vivait à cette époque : "Je faisais des tapins à la sauvette quand j'avais besoin d'argent ou juste pour dormir chez quelqu'un. Sinon, je dormais dans un recoin de vitrine, un parc, un garage, un squat… ou dans un bureau que je nettoyais la journée." Devenue artiste de rue puis actrice, elle est désormais une véritable célébrité. Un statut qu'elle a parfois du mal à assumer, surtout lorsque des fans viennent lui parler ou lui demander des photos. "C'est un gros problème chez moi. Je comprends bien que, quand on voit un acteur qu'on aime, on a envie de le lui dire. Tant que ça reste dans le cadre de festivals ou de projections, c'est toujours avec grand plaisir, mais quand vous traversez une période personnelle pas rigolote, c'est plus compliqué", avait-elle confié à Télé Stars. Le tout avant de conclure : "Mais bon, ce sont des problèmes de riches !"

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