EN IMAGES - Couples mythiques : Audrey Hepburn et Mel Ferrer, de l’amour à l’éclipse

(Ed Feingersh/Michael Ochs Archives/Getty Images)
(Ed Feingersh/Michael Ochs Archives/Getty Images)

Comédiens phares des années 1950 et 1960, les deux amants ont vécu une grande histoire d’amour, peu à peu assombrie par la rivalité. Retour sur une passion froissée par les egos.

Deux valeurs montantes

Quand Audrey Hepburn et Mel Ferrer se rencontrent en juillet 1953, à l’occasion d’une soirée organisée par Gregory Peck, ils sont tous deux des stars en devenir. L’acteur originaire du New Jersey a crevé l’écran un an auparavant aux côtés de Marlène Dietrich dans L’Ange des Maudits de Fritz Lang, et brillé dans la foulée dans Scaramouche, un film de cape et d’épée devenu un classique du genre. Le succès de Gigi, en 1951 à Broadway, a quant à lui permis à la jeune actrice britannique au style singulier, tout en élégance gracile, de s’ouvrir en grand les portes du cinéma, et de s’offrir son premier grand rôle dans Vacances Romaines. C’est toutefois sur les planches que va se nouer l’idylle des deux comédiens.

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Une histoire montée de toute pièce

Admiratif du talent scénique d’Audrey Hepburn, Mel Ferrer, dont les premières amours théâtrales ne l’ont pas quitté, songe immédiatement à elle pour lui donner la réplique dans l’adaptation américaine de Ondine, une pièce de théâtre de Jean Giraudoux. Laquelle ne va toutefois pas être une partie de plaisir. Sur le plateau en effet, tout ne se passe pas dans la joie et la bonne humeur. Le caractère difficile de Mel Ferrer rend les répétitions difficiles, comme le révèlera des décennies plus tard Sean Hepburn Ferrer, le fils du couple dans une interview accordée au Sun : "[Mon père] était névrosé à certains égards, et perfectionniste, à tel point que ça le rendait colérique. Il ruminait beaucoup." En dépit du tempérament tourmenté de l’acteur, les deux partenaires vont tomber éperdument amoureux l’un de l’autre.

(Bettmann Archive)
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Succès et égratignures

Ondine connaît un immense succès et sera donnée plus de 150 fois entre février et juin 1954. Le partage des lauriers ne sera toutefois pas très équitable. Si la prestation d’Audrey Hepburn fait l’unanimité, au point de lui valoir un Tony Award - l’équivalent de nos Molière -, la presse se montre en revanche moins élogieuse envers son partenaire. Un critique l’égratigne d’ailleurs sans détour : "Je n'ai pas le sentiment qu'il possède tout à fait le style, en matière de tenue ou de diction, qu'exigerait ce rôle difficile." L’ego de Mel Ferrer n’en a pas fini d’être mis à rude épreuve…

(Bettmann Archive)
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La consécration… pour Audrey Hepburn

En 1954, à 24 ans à peine, Audrey Hepburn remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation de Ann, une jeune princesse tombée éperdument amoureuse d'un jeune reporter, Joe Bradley, incarné par le séduisant Gregory Peck, dans Vacances romaines. À contre-courant des stars féminines de l’époque, comme Marilyn Monroe, qui triomphe alors dans Les hommes préfèrent les blondes, l’actrice britannique impose un style à part. Une élégance fragile et androgyne, aux antipodes des canons plantureux de l’époque, qui fascine les plus grands créateurs de mode, à commencer par Hubert de Givenchy.

(Bettmann Archive)
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Un mariage en altitude

C’est d’ailleurs à un grand couturier, Pierre Balmain, qu'elle confiera le soin de confectionner sa robe de mariée. Le 25 septembre 1954, l’actrice et Mel Ferrer se disent "oui" dans les montagnes Bürgenstock, en Suisse. Si, pour la jeune femme, il s’agit d’une première, son compagnon, de douze ans son aîné, est en revanche un habitué des noces. Déjà marié à trois reprises - dont deux à la même femme -, l’acteur est en outre le père de quatre enfants. Audrey Hepburn lui en donnera un cinquième, Sean, né le 17 juillet 1960 à Lucerne, en Suisse. Le fruit d’une longue attente…

(Ernst Haas/Ernst Haas/Getty Images)
(Ernst Haas/Ernst Haas/Getty Images)

Des grossesses difficiles

Désirant ardemment fonder une famille - elle n’aurait pas donné suite par le passé aux avances passionnées de l’acteur William ­Holden, car celui-ci avait subi une vasectomie -, Audrey Hepburn va malheureusement vivre la douloureuse expérience des fausses couches à répétition. Une première intervient dès 1955, moins d’un an après son mariage, suivie d’une seconde en 1959, attribuée à une chute de cheval sur le tournage du Vent de la plaine. Si la naissance de Sean, en 1960, lui apportera le rayon de soleil tant attendu, celui-ci sera assombri au milieu de la décennie par deux nouveaux drames de même nature.

(Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
(Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

À la ville comme à la scène

Ces drames intimes n’empêchent toutefois pas le couple de s’épanouir devant les caméras. Une activité qui les réunit d’ailleurs à plusieurs reprises, comme dans l’adaptation cinématographique de La guerre et la paix. Toutefois, les années passant, leurs trajectoires ne cessent de s’éloigner. Alors qu’Audrey Hepburn tourne avec les plus grands cinéastes, comme Stanley Donen, Bill Wilder ou William Wyler, donnant la réplique aux plus grands comédiens de son temps, Mel Ferrer voit sa carrière décliner peu à peu. Pour y remédier, ce dernier n’hésite pas à forcer la main à sa compagne pour qu’elle joue dans ses propres productions. "Ferrer se servait des sentiments d’Audrey pour la mener d’une main de fer", dira même le réalisateur Alfred Lunt. Une emprise que l’intéressé niera toujours catégoriquement : "Je n'ai jamais refusé à Audrey mon autorisation de faire quoi que ce soit." plaidera-t-il des années plus tard.

(Paramount/Getty Images)
(Paramount/Getty Images)

Piston et ingratitude

En 1961, Diamants sur canapé, de Blake ­Edwards vaut un nouveau triomphe à Audrey Hepburn… et des souffrances répétées avec Mel, de plus en plus irascible et dévoré par la jalousie. Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir pistonné. "Elle a toujours tout fait pour l’intégrer dans ses castings, toujours cherché à le mettre en valeur", révèlera bien des années plus tard Hubert de Givenchy. Une générosité dont l’acteur se montrera plus d’une fois indigne. "Je voyais Audrey sur les tournages, son œil de biche repérant son mari qui flirtait avec les figurantes. C’était très difficile pour elle, dans ce contexte, d’assurer ses scènes. Pourtant, elle ne se plaignait jamais", témoignera le créateur.

Un couple en miettes

Au cours des années 1960, la relation des deux acteurs ne cesse de se dégrader, au point que chacun d’eux commence à chercher du réconfort dans les bras d’autres partenaires. Ainsi Mel Ferrer multiplie-t-il les conquêtes, tandis qu’Audrey Hepburn succombe au charme du scénariste et dramaturge Robert Anderson. Des deux amants toutefois, c’est bien l’actrice qui souffre le plus, l’aigreur revancharde de son époux ayant largement contribué à la détourner de lui. En 1966, l’actrice exorcisera sa peine sur le tournage de Voyage à deux, de Stanley Donen, l’histoire de l’effondrement d’un mariage de douze ans vibrant de l’étrange écho de sa propre vie.

"Je suis trop malheureuse"

Ce film a-t-il précipité la décision de l’actrice, ou bien était-ce l'inévitable issue d’une lente déliquescence ? Toujours est-il qu’à la même époque, Audrey Hepburn, qui songe alors à mettre un terme à sa carrière, décide de quitter Mel Ferrer pour de bon. "Un jour, elle m’appelle de leur maison de Tolochenaz, en Suisse, racontera plus tard Givenchy. Elle semble effondrée." Quand il la rejoint, elle lui lance, laconique : "Avec Mel, c’est fini." Il essaie de la raisonner : « Tu as un fils... – Tant pis. Je ne peux pas continuer de souffrir, je suis trop malheureuse". Le 20 novembre, la rupture sera définitivement consommée, après quatorze ans de vie conjugale. Le prix à payer, sans doute, quand l’admiration cède le pas à la jalousie…

(Keystone/Getty Images)
(Keystone/Getty Images)

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