De la simple fatigue à la crise cardiaque, la chaleur peut nous tuer à petit feu : près de 500 000 personnes en meurent chaque année

La chaleur fait transpirer, fatigue et alourdit les jambes. Mais lorsqu'elle est excessive, elle peut conduire jusqu'à la mort. Alors comment faire, dans un monde ou les températures ne cessent de grimper au fil des années ?

De la simple fatigue à la crise cardiaque, la chaleur peut nous tuer à petit feu : près de 500 000 personnes en meurent chaque année. Crédit : Getty
De la simple fatigue à la crise cardiaque, la chaleur peut nous tuer à petit feu : près de 500 000 personnes en meurent chaque année. Crédit : Getty

Notre grand-père nous en parle depuis des années déjà. À chacune de nos visites, il ressort son petit carnet dans lequel il note la météo quotidienne depuis notre naissance ou presque. Au beau milieu des Flandres françaises, le 1er février au matin, il faisait 0° en 2000 et 5° en 2024. Le 1er août au matin, il faisait 11°C en 2000 et 18°C en 2024.

En feuilletant les pages, on hallucine. En écoutant les anecdotes météorologiques d'antan de nos grands-parents aussi. Alors lorsqu'au fil de nos recherches on découvre que la chaleur tue environ 489 000 personnes chaque année dans le monde, on se questionne. Qu'adviendra-t-il de nous dans quelques décennies ?

À tous ceux qui se demandent comment le réchauffement climatique peut augmenter de 1,5°C en 20 ans alors même que certaines régions françaises affichent 1 à 2°C de plus chaque année : on vous explique.

Il faut différencier la température globale de la température locale. La première, dont on parle souvent, concerne la moyenne mondiale des températures sur une période prolongée. Il s'agit là d'une moyenne calculée à partir de données collectées partout dans le monde, en tenant compte des variations saisonnières et régionales. Cette augmentation est un indicateur du changement climatique à l'échelle planétaire. La seconde peut fluctuer de manière beaucoup plus importante au fil des années, en raison de facteurs météorologiques spécifiques, tels que les vagues de chaleur, les courants marins, ou des phénomènes atmosphériques temporaires. Ces variations locales peuvent être plus extrêmes que la tendance globale.

Les deux sont évidemment liées. Au plus les températures locales seront élevées, au plus la température globale le sera aussi. Et vice-versa : au plus la température globale sera importante, au plus certaines régions du monde connaîtront des hausses de température importantes.

Les experts climatiques sonnent l'alarme depuis des décennies déjà. Le réchauffement climatique ne cesse d'augmenter et devrait atteindre 1,5°C d'ici à 2040. Mais 1,5°C en plus, ça signifie quoi ?

  • La fonte de 21 à 37% des glaces en Arctique.

  • La baisse des stocks de poissons en mer.

  • Le blanchissement de 90% des coraux encore en vie.

  • Plus de 245 millions de personnes exposées à une pénurie d'eau.

  • Deux fois plus de personnes impactées par les risques d'inondation.

Mais 1,5°C supplémentaire, c'est aussi et surtout la transformation de régions entières, qui pourraient devenir totalement inhabitables pour l'Homme. C'est ce qu'affirme une étude publiée dans la revue scientifique américaine PNAS, en 2023. Les chercheurs soulignent également que le corps humain n'est pas fait pour résister longtemps à une combinaison chaleur et humidité extrême. Les réactions peuvent aller d'un simple coup de chaleur, à la crise cardiaque dans les cas les plus graves. Selon l'OMS, la chaleur tuerait près de 489 000 personnes chaque année dans le monde. Mais le bilan pourrait être bien plus élevé qu'on ne le pense...

Les premiers effets de la chaleur sont visibles au niveau de la peau. La transpiration excessive entraîne une déshydratation. Et lorsque le taux d'humidité est lui aussi excessif, la sueur s'évapore bien plus lentement et la température du corps, privé de son mécanisme de refroidissement, va grimper en flèche.

Le coeur, ensuite, en prend un coup. Ce dernier va travailler plus dur pour tenter de maintenir la température interne du corps stable. Le sang circule alors plus vite, et libère de la chaleur par l'épiderme. C'est pour cette raison que nous devenons vite rouge après un effort physique intense ou lorsque l'on a simplement trop chaud. "Au fur et à mesure que la transpiration s’écoule, le volume sanguin diminue, ce qui force le cœur à pomper encore plus fort pour maintenir la pression artérielle", explique notre confrère de Geo.

Pour finir, la chaleur a une incidence sur le cerveau. Elle va tout d'abord entraîner la dilatation des vaisseaux sanguins, diminuer la pression sanguine et par ricochet, diminuer le flux sanguin vers le cerveau. Ce dernier est alors privé du glucose et de l'oxygène dont il a besoin. Conséquence ? Altération des capacités cognitives, faiblesse musculaire, fatigue, diminution de l'attention, mais aussi anxiété et sautes d'humeur. Mais ce qui peut paraître inconfortable peut vite devenir mortel...

La chaleur, lorsqu'elle est extrême, vient détruire les défenses de notre corps. Après avoir souffert de maux de tête, de nausées ou d'évanouissements, il est possible de succomber complètement. Lorsque la température interne du corps dépasse les 40°C, la mort est quasi certaine sans intervention médicale. Le corps lâche. Le système cardio-vasculaire aussi, au même titre que le système digestif, que les reins, le foie ou encore le cerveau. La chaleur vient tuer les cellules, la nécrose se généralise et les cellules saines restantes activent leur système d'autodestruction afin d'éviter plus de dommages.

Et si l'on en réchappe ? Près de 30% des personnes qui se rétablissent d'un coup de chaleur souffriraient de lésions cérébrales permanentes.

Jusqu'à l'âge de 4 ans environ, les enfants contiennent bien plus d'eau dans leur corps que les adultes. Ils en perdent également davantage via leur peau et l'air qu'ils expirent. Comme l'explique l'assurance maladie sur son site, "chez les bébés, 25 % de l’eau de l’organisme est évacuée chaque jour", contre 6% chez l'adulte. Alors forcément, lors de fortes chaleurs, il est essentiel de faire boire beaucoup d'eau aux plus jeunes.

Et aux plus âgés aussi. Les plus de 65 ans perçoivent généralement moins bien la chaleur. Leur sensation de soif est également atténuée, et ce même lorsqu'ils en ont grandement besoin. Il est donc essentiel de prendre soin de nos aînés en leur apportant de l'eau fréquemment au cours de la journée.

Pour finir, les personnes présentant certaines maladies ou prenant certains médicaments peuvent être particulièrement sensibles à la chaleur. Certains traitements peuvent majorer les effets de la canicule, ou gêner l’adaptation du corps à la chaleur. L'assurance maladie cite, par exemple : l'aspirine, les diurétiques ou encore les neuroleptiques.