Et si vous enquêtiez sur vos ancêtres ? Une socio-anthropologue dévoile comment s'y prendre
Un parfum de cannelle envahit la cuisine de Francine, 79 ans*. Comme chaque mois de décembre, la septuagénaire confectionne de délicieux biscuits au saindoux. Tout en surveillant la cuisson des petits dômes blancs coiffés de brun, elle raconte l’histoire des mantecaos à sa nièce, Maire-Claire, 47 ans. "Ma mère a rapporté cette recette d’Algérie. Je la réaliserais avec elle et depuis qu’elle est décédée, je perpétue la tradition." C’est autour de cette activité culinaire chargée de souvenirs que Marie-Claire a choisi de mener le premier entretien relatif à l’histoire de sa tante. "Elle a une position particulière dans la famille car célibataire, sans enfants, elle était très proche de mes grands-parents, évoque la quadragénaire. J’ai eu envie qu’elle me raconte son histoire de femme, mais aussi l’histoire de ma grand-mère."
Comme Marie-Claire, beaucoup plongent dans l’histoire de leur famille, parfois dans le but de rédiger un récit familial. "L’élément déclencheur est souvent l’arrivée d’un premier enfant ou le décès d’un grand-parent. Soudain, l’envie de collecter la mémoire familiale apparaît comme une urgence pour laisser une trace, explique Elsa Ramos, socio-anthropologue et maîtresse de conférences à l’université Paris Cité. Par ailleurs dans le contexte actuel ou l'avenir parait incertain, la mémoire a quelque chose de rassurant." Pour accompagner les personnes dans cette démarche, la chercheuse a publié Un anthropologue dans ma famille. Menez une enquête dont vos grands-parents (...)
