Flux instinctif libre : "Grâce à cette méthode, ça ne me coûte plus rien d'avoir mes règles"

Avoir ses règles en 2021, c'est toujours la galère, même en France. Mais certaines personnes ont réussi à développer une technique pour être plus apaisées quand vient ce moment du cycle : le flux instinctif libre. C'est le cas de Mélissa, dernière invitée du Déclic de Yahoo, et de bien d'autres adeptes de cette technique.

Entre 5 et 10 tampons ou serviettes hygiéniques par jour, des culottes menstruelles ou des coupes menstruelles à changer régulièrement... Quel que soit le type de protection hygiénique utilisée par les personnes qui ont leurs règles, il y a des avantages et des inconvénients. Mais, imaginez un monde où vous pourriez tout simplement les oublier pour évacuer votre flux lorsque vous allez aux toilettes ? C'est la technique du flux instinctif libre, de plus en plus populaire au fil des polémiques sur ces protections. Encore peu connue du grand public, elle possède une aura de mystère, d'autant que tout le monde ne la pratique pas de la même façon.

Tout est dans le périnée

Mélissa a adopté cette technique depuis quelque temps, et a accepté de poser des mots sur une pratique qui fait hausser plus d'un sourcil : "Le flux libre instinctif, c'est une manière de gérer le flux menstruel sans serviette ni tampon. C'est-à-dire qu'on va libérer le sang directement aux toilettes. Souvent, on pense que ça repose sur une contraction du périnée constante, mais en fait, pas du tout. C'est le fait de se reconnecter aux différents symptômes qui sont liés à l'écoulement du sang, et les reconnaître pour savoir à quel moment le sang s'écoule pour aller le libérer aux toilettes, un peu comme la continence urinaire", nous a-t-elle confié.

VIDÉO - La masturbation peut aider à soulager les douleurs liées aux règles :

Pratique presque instinctive chez certaines personnes, elle n'est cependant pas accessible à tout le monde : "Il ne faut pas avoir un périnée hyper musclé. Mais il faut avoir un périnée en bonne santé. Donc si on a déjà des troubles, par exemple d'incontinence urinaire, forcément, au même titre qu'on a du mal à retenir l'urine, ça va être compliqué de bien contrôler ou bien ressentir le sang. Par contre, cela ne veut pas dire que quand on a eu des enfants, on ne peut pas la pratiquer", précise la jeune femme.

Des essais et des erreurs

Après avoir découvert le principe du flux instinctif libre dans le podcast Sang Tabou en 2018, Hortense a décidé de tenter sa chance avec cette nouvelle méthode : "Sans m’imposer quoi que ça soit, j’ai commencé à entraîner mon périnée à se contracter et se relâcher. Un peu comme ça quand j’y pense ou pas. Dans mon lit au réveil, dans les transports, en cuisinant. C’est la première étape pour devenir ‘continente des règles’, comme j’aime le dire. Quand j’ai mes règles, on va dire que mon corps retient le flux. Je ne pense pas à contracter toute la journée sauf quand je sens qu’il faut évacuer mon flux. C’est un peu comme une envie de pipi ou comme quand on sent que sa serviette hygiénique est pleine. On sent que son vagin est ‘plein’ et il faut le vider. Et là, je vais aux toilettes et voilà : mes règles s’évacuent."

Bien sûr, il y a l'art et la manière, et on ne contrôle pas son flux du jour au lendemain : "Si j’ai des contrariétés, si je suis malade ou autre, ça marche moins. Et, je mets quand même toujours une serviette parce que je n'ai pas envie d’avoir un énorme accident." Nayla confie qu'elle a également "sacrifié quelques slips" dans l'opération. Mais pas question de se prendre la tête pour autant : au même titre que la miction ne se contrôle pas du jour au lendemain chez les enfants, le fait d'avoir ses règles et de les contrôler un minimum demande du temps, de la patience, et une vraie reconnexion avec son corps.

Des règles mieux contrôlées et moins douloureuses ?

Car justement, outre l'aspect écologique et économique de ne plus avoir à utiliser de protections hygiéniques en permanence, c'est le côté "contrôle" qui séduit bon nombre de personnes réglées, ainsi que le rappelle Mélissa : "C'est vrai que cette méthode permet vraiment de se reconnecter, de se réconcilier avec ses menstruations. Souvent, quand on est une femme, on a pu vivre des petites choses traumatisantes liées à nos règles. Et là, ça fait tellement de bien de se reconnaître, ça permet vraiment d'apprécier différemment cette période de notre cycle. C'est global, écologique, économique, mais aussi émotionnel. Je suis en accord avec mon cycle et mon corps parce que je le comprends enfin dans son entièreté."

VIDÉO - Justine Courtot nous parle de la précarité menstruelle en France :

Elle n'est pas la seule à penser, puisqu'Hortense partage ce ressenti : "Ça fait très marabout de dire ça, mais avant de commencer le flux instinctif libre, ça faisait déjà quelque temps que j'étais capable de retarder mes règles quand je ne voulais pas qu'elles arrivent. Apprendre cette technique, c'est juste réapprendre à contrôler son corps." Un contrôle qui permettrait aussi de lutter contre deux des principaux soucis liés aux menstruations : "Chez moi, ça a aussi eu un effet sur mes règles en soi", raconte Mélissa. "Elles sont moins longues et moins douloureuses, parce que quand je vais évacuer directement mon flux, finalement, la douleur s'estompe naturellement." "Je trouve que ça m’a aidée à me reconnecter à mon corps, dans le sens où j’ai vraiment cette impression de contrôle", confirme Nayla, qui elle aussi a pu voir un véritable effet sur ses cycles : "J’ai l’impression que mes règles sont moins abondantes aussi, mais je ne sais pas si c’est lié." Il faut dire qu'aucune étude sur le sujet n'a encore été publiée. Il est donc difficile de savoir si les bénéfices sont réels, ou s'ils découlent tout simplement de cette impression de contrôle.

A LIRE AUSSI

> Journée mondiale de l'hygiène menstruelle : "J'ai totalement changé ma façon de gérer mes règles"

> J'ai testé... La culotte spéciale règles

> Protections hygiéniques gratuites, boutiques dédiées : l'état des lieux des règles en Europe