Les fratries de soeurs : cadeau et fardeau ?

Rivales ou complices, les sœurs sont l'occasion d'expérimenter la vraie solidarité féminine, affirme l'essayiste Blanche Leridon dans son nouveau livre.

Les trois Grâces, les sœurs Brontë, les Bennet, les filles du docteur March, les Beauvoir… Notre inconscient collectif est truffé de sœurs, nourri de livres, de films et de séries. C'est ce qui a titillé l'intérêt de l'essayiste Blanche Leridon*. « Ce qui m'a surtout intriguée, c'est l'absence de mot. Si “fratrie” est utilisé pour désigner les frères, l'équivalent n'existe pas pour les sœurs. Comme si on les reléguait dans un monde subalterne. »

Longtemps une malédiction !

En matière de modèles, l'essayiste a été frappée par l'aspect stéréotypé des relations : « Pendant des décennies, on a eu comme référence Camille et Madeleine, les Petites Filles modèles, éduquées à la docilité, aux bonnes œuvres, donc à prendre soin des autres… Comme s'il n'y avait pas d'autre référence que des sœurs qui se pomponnent et rêvent d'un gentil mari. » Car c'était bien là leur rêve absolu, et celui de leurs parents : décrocher un beau mariage. « Longtemps, dans nos sociétés patrilinéaires, caser ses filles était l'objectif numéro un. De fait, donner naissance à une lignée de sœurs relevait d'une sorte de malédiction, poursuit Blanche Leridon. On imagine la charge mentale : il fallait non seulement leur trouver un bon parti, mais aussi leur constituer une dot. » Le chef-d'œuvre de Jane Austen, Orgueil et Préjugés, évoque parfaitement le désespoir des parents et la menace d'appauvrissement qui plane sur les familles...

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