TABOU - Précarité en hiver : "Pour faire des économies de chauffage, je préfère passer la nuit chez mon plan cul"

Alors que la France vit un épisode de froid, causée par l'épisode Moscou-Paris, de nombreuses personnes précaires souffrent des températures basses. Plutôt que d'allumer les radiateurs et de dépenser une fortune, certaines font preuve d'inventivité. Et d'autres décident de joindre l'utile à l'agréable.

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TABOU - Précarité en hiver : "Pour faire des économies de chauffage, je préfère passer la nuit chez mon plan cul". © Getty Images

Dans les pays anglo-saxons, l'hiver est surnommé "cuffing season", ou "saison des menottes". Le principe ? Se trouver un·e partenaire, ou ne pas quitter la personne avec qui l'on est, afin de rester au chaud pour l'hiver. Et certaines personnes semblent avoir pris l'expression au pied de la lettre.

Selon une étude menée par Rothelec, 58% des Français s'inquiètent des températures basses de cet hiver 2024. Certains comptent y remédier en portant plus de vêtements, 62% des sondés comptent passer plus d'heures au bureau pour profiter du chauffage de l'entreprise. D'autres, enfin, ont choisi l'option relation qui réchauffe.

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"C'est un réflexe que j'ai gardé de l'époque où j'étais travailleuse du sexe"

Marion* a 25 ans, et vit en région parisienne. Avec un SMIC mensuel, peu d'aides et un loyer à payer, elle ne peut pas se permettre de voir ses factures gonfler. "Chez moi, tous les radiateurs sont électriques. J'allume juste celui de la salle de bain quelques minutes avant de me doucher, mais la température moyenne dans mon appartement est de 15 degrés, en ce moment", explique-t-elle.

"Quand je suis chez moi, je me couvre, j'utilise des bouillottes pour ne pas être frigorifiée. Mais le plus simple, c'est encore d'aller passer la soirée et la nuit chez mon plan cul, qui dispose quant à lui d'un appart nettement mieux isolé et chauffé." La jeune femme l'affirme : "C'est un réflexe que j'ai gardé de l'époque où j'étais sans domicile fixe et travailleuse du sexe. Passer la nuit chez un client, c'était m'assurer de ne pas devoir dormir dans la rue, dans un hall d'immeuble, ou de galérer à trouver une place en foyer. Il n'y en a pas assez, ce qui est scandaleux d'ailleurs. Mais ça, c'est un autre débat."

Marion l'affirme, cette technique lui permet de "joindre l'utile à l'agréable". "Mon plan cul est tout à fait au courant de ma situation économique. Il m'a déjà proposé de m'aider financièrement, mais c'est hors de question. Alors il m'accueille avec plaisir quand il fait froid, et on en profite pour passer un bon moment. Ça fait deux ans qu'on se fréquente quand on est célibataires. Il n'a jamais été mon client, et il ne le sera jamais. Et que ce soit clair : je ne couche pas avec lui que pour rester au chaud, sinon je ne me le taperai pas en pleine canicule", glisse-t-elle en riant.

"En règle générale, je n'aime pas dormir chez les autres. Mais il faut ce qu'il faut"

Pour Héloïse*, ce choix de dormir chez son plan cul pendant les grandes périodes de froid n'est pas vraiment une partie de plaisir. "Si c'était mon mec, je le ferais sans me soucier de rien. Mais là, vu que c'est un plan cul, j'ai un peu l'impression de l'utiliser, mais aussi la peur de lui donner de fausses idées. En règle générale, je n'aime pas dormir chez les autres, en particulier les gens avec qui je couche, parce que je trouve que cela renforce le risque de s'attacher à la personne. L'idéal serait que je leur dise que je ne peux pas mettre le chauffage chez moi, mais j'ai peur de me mettre dans une situation de faiblesse qui pourrait me nuire, ou changer l'image qu'ils ont de moi."

La trentenaire, qui habite dans les Ardennes, estime toutefois que : "Aux grands maux, les grands remèdes. Il faut ce qu'il faut, et mon appartement est un palais des courants d'air en hiver, et un four en été. Je ne peux pas m'offrir mieux, et ça me coûte moins cher de filer à vélo chez un partenaire sexuel que d'allumer les radiateurs."

Derrière ces attitudes, difficile de ne pas voir une conséquence de l'extrême précarité dans laquelle vivent de nombreuses personnes. Alors que l'inflation a drastiquement fait augmenter les factures de gaz et d'électricité, le chauffage, même en cas de températures négatives, est devenu un luxe que certaines personnes ne peuvent plus se permettre.

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