Greffes de cheveux, liposuccions, pénoplasties : ces hommes qui ont franchi le cap de la chirurgie esthétique

Encore taboue chez les femmes en France, la chirurgie esthétique passe pour une bizarrerie chez les hommes. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux à y succomber ou à y penser sérieusement. Et leurs attentes dans le domaine sont plutôt précises. Rencontres avec ceux qui ont osé.

Crédit Getty
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Cette semaine, de nombreux Français découvraient avec étonnement la transformation physique de Laurent Baffie. Dans l'émission de Laurent Ruquier On est en direct, ce samedi 30 octobre, l'humoriste est apparu avec beaucoup moins de cernes et plus de cheveux. S'il a ensuite révélé avoir eu recours à la chirurgie esthétique il y a deux ans, Laurent Baffie s'est dit très surpris par le"buzz" provoqué par sa nouvelle apparence. Des réactions qui peuvent s'expliquer par un tabou encore coriace de la chirurgie esthétique, surtout chez l'homme. Pourtant, dans l'ombre, de plus en plus d'hommes se renseignent sur les opérations existantes : depuis qu'il a osé au mois d'octobre évoquer ses implants capillaires dans le cadre d'un seul et unique post Instagram, Sylvain est assailli par les DM. Ce "paysan" installé en Provence en plaisante : il reçoit plus de "messages pour avoir des renseignements sur [s]a transplantation capillaire qu'au sujet de [s]es radis !".

Vidéo. Laurent Baffie dévoile les raisons qui l'ont poussé à faire de la chirurgie esthétique

Comme bon nombre de ses comparses masculins, Sylvain était très complexé par sa calvitie qui lui était devenue insupportable. S'il envisageait la transplantation depuis 5 ans, il a préféré attendre pour des questions pratiques : "Il ne faut pas y aller trop tôt pour une première greffe sinon il faut y retourner peu de temps après pour une deuxième. Alors j’ai pris mon mal en patience en abusant de casquettes et de bonnets... même en intérieur". Quinze jours après cette intervention de huit heures, ses cheveux transplantés ont poussé. Gert, lui aussi, a osé la greffe de cheveux, en Turquie. Sur internet, plusieurs de ses abonnés lui ont demandé le nom de la clinique ou ont partagé leurs craintes : "Beaucoup m'ont dit que c'était risqué et qu'il fallait oser...". Ce n'était pourtant pas le plus spectaculaire : Après une perte de poids de plus de 40kg, le jeune homme a une mauvaise surprise : "Je pensais que le surplus de peau serait localisé sur le ventre, mais j'en avais aussi au niveau pectoral et dorsal, et ça je m'y attendais moins...". Il a alors décidé de rectifier sa silhouette notamment via une adipoplastie. Une expérience qu'il a partagée, photos impressionnantes de cicatrices à l'appui, sur son compte Instagram suivi par plus de 14 000 abonnés.

Une augmentation des demandes masculines depuis 10 ans

Ces opérations restent rares selon le docteur Nicolas Georgieu, chirurgien esthétique. "Outre les injections, les hommes viennent avant tout pour les paupières supérieures et inférieures (blépharoplasties) et pour des liposuccions notamment du ventre", observe-t-il dans son cabinet situé à Bayonne. À l'échelle mondiale, les gynécoplasties, soit les corrections du développement excessif des glandes mammaires, sont aussi en bonne place chez les hommes selon la dernière étude de la Société internationale de chirurgie esthétique et plastique (ISAPS) datée de 2020.

S'ils restent minoritaires au sein de sa clientèle (10 à 20%), le Dr Georgieu note une augmentation de patients masculins depuis une dizaine d'années. Leur profil ? "Pas que des homosexuels raffinés" comme le suggère le stéréotype, "mais aussi des rugbymen qui font deux mètres, des hommes de 70 ans qui font du botox etc, toutes classes sociales confondues". Depuis plus de deux ans cependant, cette augmentation semble s'accélérer chez les 30/40 ans, à l'âge des premières rides et bedaines...

Dr Georgieu pratique aussi chez les hommes une quantité non négligeable de rhinoplasties: "Je peux voir des hommes qui ont une bosse prononcée venir à 50 ans se la faire enlever. Ils ont eu un déclic, après un divorce par exemple". Le tabou perdure pourtant : Beaucoup tiennent à ce que le changement soit discret, plus encore que les femmes, notamment au niveau du visage. Peut-être parce que l'un de leurs objectifs est de rester compétitifs aussi bien dans leur vie intime que dans leur vie professionnelle.

S'il ne l'avait pas anticipé, Gert dit avoir en effet obtenu de "meilleures opportunités" de carrière depuis ses opérations. "Je me sens naturellement plus attractif. Cela a boosté mes capacités commerciales car je pense que les gens ressentent que je me sens bien, c'est plus vendeur". Celui qui est désormais en couple attribue également sa réussite sentimentale à ses opérations. "J'avais plus de choix au niveau des rencontres, donc j'ai pu m'attirer une femme qui me correspondait plus".

Des interventions chirurgicales pour se viriliser

C'est aussi souvent pour tenter de rencontrer et/ou conserver à leurs côtés une femme qui leur plaît que certains hommes se tournent vers une opération encore plus taboue : la pénoplastie, consistant à améliorer l’aspect du pénis. En remarquant le manque de témoignages et de transparence à ce propos sur internet, Boy* a décidé de créer un site d'informations, doté d'un forum de discussions. 2500 visiteurs par mois en moyenne viennent y trouver des réponses à leurs préoccupations.

"Certains sont juste influencés par le porno, d'autres subissent des remarques de leurs copines qui ont des ex mieux membrés […] ou n'ont pas suffisamment confiance pour se mettre nus etc", explique le fondateur du site. "Ils se disent que ça n'avance pas dans leurs relations sexuelles, que leur partenaire s'ennuie et qu'ils assureraient mieux avec 'une grosse'. Certains encore trouvent que le vagin de leur partenaire est plus large après un accouchement...". Si Boy collecte beaucoup de témoignages d'hommes qui ont retrouvé confiance en eux "au niveau esthétique" grâce à cette opération, il lit aussi parfois leurs désillusions : "Certains sont déçus de ne pas noter de changement dans leurs rapports sexuels […] D'autres s'attendaient à avoir plus gros : après l'opération, on a un hématome suivi d'une inflammation qui est tout à fait normale. Deux semaines après, tout dégonfle et les hommes perdent un peu au niveau circonférence...".

De plus en plus d'hommes sont aussi attirés par des accentuations du menton, des élargissements de la mâchoire ou des abdominoplasties pour obtenir les fameuses "plaquettes de chocolat". À l'étranger, l'augmentation des mollets fait de nombreux adeptes masculins.

En plus de chercher à se rajeunir et rester dans la course dans tous les pans de leur vie, ils espèrent ainsi tendre vers l'idéal de virilité dicté par la société : des muscles, du relief et des angles bien affirmés.

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