Implants capillaires, chirurgie, coloration... Par peur de vieillir, ces hommes sont prêts à tout

Hair loss man looking in bathroom mirror putting wax touching his hair styling or checking for hair loss problem. Male problem of losing hairs.

Les femmes ne sont pas les seules à être concernées par la chirurgie esthétique et par la peur de vieillir. Même si la société est généralement plus douce avec les hommes qui prennent de la bouteille, certains d'entre eux s'inquiètent de l'avenir de leur apparence physique, et ont décidé de passer sur le billard pour gommer les signes de l'âge qu'ils n'acceptent pas.

Il y a quelques semaines de cela, les frères Bogdanoff ont succombé au Covid-19. Les deux hommes, âgés de 72 ans, s'étaient illustrés grâce à leurs connaissances, mais aussi à cause de leur apparence et de leurs transformations physiques. Dans une récente interview, Julie Jardon, la compagne d'Igor Bogdanoff, a accepté d'évoquer le rapport de son défunt partenaire à la chirurgie esthétique et à l'âge : "Je savais qu'il avait du mal à accepter l'âge, à accepter de vieillir. (...) Je pense qu'il a vu dans mon regard que l'âge n'avait pas tant d'importance que ça et j'espère que je lui ai apporté un peu ce rafraîchissement durant les sept années qu'on a passées ensemble. Je pense que ça l'a rassuré et que ça a lui a donné plus de confiance en lui, en son corps, que Grichka qui n'avait jamais vraiment été en couple ou qui a eu des histoires de courte durée."

Les hommes ne sont en effet pas à l'abri du temps qui passe. Et ce, même si la société accepte mieux qu'un homme vieillisse, là où les femmes âgées sont vite effacées. On dit souvent que ces derniers "prennent de la bouteille", qu'ils sont comme le bon vin et s'améliorent avec l'âge. La preuve : encore aujourd'hui, George Clooney est considéré comme l'un des hommes les plus séduisants au monde, en dépit de ses 60 ans. Combien d'actrices du même âge ont-elles droit à ce genre de compliment ?

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Les hommes, de plus en plus clients de la chirurgie esthétique

D’après l'American Society of Plastic Surgeons, le nombre d’hommes qui font des injections a augmenté de 99% en 20 ans. Les interventions esthétiques, elles, ont augmenté de 29% chez ces messieurs entre 2000 et 2018. Cette année-là, 1,3 million d'hommes sont passés sur le billard pour modifier leur apparence et rajeunir leurs traits.

Sur son site Internet, le chirurgien et médecin esthétique Christian Marinetti l'affirme : "Les cinq interventions de chirurgie esthétique les plus demandées chez les hommes sont la lipoaspiration, le lifting des paupières, les implants capillaires, le lifting du cou et la rhinoplastie." Ces dernières années, d'ailleurs, les hommes en quête d'une solution contre la calvitie sont nombreux à avoir opté pour les implants. La preuve avec l'explosion du tourisme capillaire en Turquie, en Espagne et au Mexique.

"Pour mes 40 ans, je m'offre de nouveaux cheveux"

Simon* a 33 ans, et il a d'ores et déjà prévu de s'envoler pour Istanbul dans quelques années afin de bénéficier d'une greffe de cheveux. "Ma calvitie, c'est mon plus gros complexe. À tel point que je suis rentré dans le lard de mes proches qui se moquaient de ma tonsure. Ça fait déjà cinq ans que j'ai remarqué que je me dégarnissais et ça me fait flipper. J'ai l'impression d'être vieux, alors que je suis plutôt en forme et satisfait par le reste de mon apparence physique. Mais ça, je peux pas, je fais un blocage."

A l'heure actuelle, le jeune homme use et abuse des bonnets et des casquettes. "Même chez moi, même tout seul, je garde mon couvre-chef. C'est plus pour moi que pour le regard des autres", précise-t-il. Mais à son grand regret, il ne pourra pas se faire poser des implants avant quelques années. "Evidemment, je me suis renseigné sur les solutions pour ma calvitie. J'ai essayé tous les shampoings magiques et les compléments alimentaires. Ma lueur d'espoir, c'est les implants capillaires, mais je dois patienter encore un peu." Pourquoi ? "Le chirurgien à qui j'en ai parlé m'a dit que si je le faisais maintenant, et que la situation continuait à se dégrader, j'étais bon pour une deuxième implantation dans 10 ans. Vu le prix, je préfère éviter." Résultat, sa décision est prise, avec 7 ans d'avance. "Pour mes 40 ans, je m'offre un voyage à Istanbul et je retrouve ma chevelure. Peut-être que d'ici-là, j'aurai changé d'avis, mais pour l'instant, je ne pense qu'à ça."

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"L'idée de vieillir comme mon père me terrifie"

De son côté, Jack*, 35 ans, a déjà franchi le cap de la médecine esthétique. "Ma meuf s'était fait faire des petites injections de botox dans le front, et j'ai été bluffé par le résultat. Quelques semaines de réflexion plus tard, j'ai pris rendez-vous pour ma première tentative, et depuis maintenant trois ans, j'y vais tous les trois à six mois. Le fait d'avoir la peau plus lisse, plus tendue, me rassure." Le trentenaire l'avoue sans honte : il a peur de vieillir, et surtout de se voir vieillir. "J'ai conscience que je ne vais pas arrêter le temps, mais j'ai trop le souvenir d'avoir vu mon père vieillir à toute vitesse. Il est mort à 68 ans, et à mes yeux, il avait l'air d'en avoir 20 de plus. Il ne prenait pas soin de lui. Peut-être que c'est pour ça que je fais tout le contraire. Ressembler physiquement à ce qu'il était, c'est mon pire cauchemar, ça me terrifie."

Pour contrer les signes de l'âge, le jeune homme ne fait pas les choses à moitié : sport tous les jours, alimentation contrôlée au gramme près, pas de cigarette, pas d'alcool. Le tout associé à une routine beauté anti-âge à laquelle il s'astreint matin et soir. "Est-ce que j'exagère ? Sans doute, mais je ne fais de mal à personne", affirme-t-il. Le botox vient compléter tout ça, mais Jack envisage d'ores et déjà la suite. "Pour l'instant, j'ai la chance de ne pas perdre mes cheveux, mais si ça arrive, ça sera implants direct. Et le jour où le botox ne suffira plus, je prendrais rendez-vous pour un lifting. Puisque je ne peux pas arrêter de vieillir, je veux au moins vieillir à ma manière."

"J'ai craqué pour une coloration, et je ne vais pas m'arrêter là"

A 50 ans, Yacine* n'a pas encore été séduit par les sirènes de la médecine esthétique et de la chirurgie esthétique. Mais il ne se ferme pas à cette éventualité. "J'ai la chance de ne pas faire mon âge, j'ai de bons gènes et je prends soin de moi", se réjouit-il. "Mais si les choses devaient évoluer du mauvais côté, j'estime qu'il n'y a pas de mal à passer sur le billard."

Son principal complexe lié à l'âge se situe ailleurs. Et plus précisément au niveau de sa barbe. "Vous voyez Edouard Philippe et ses poils blancs ? Bah moi, c'est pareil. J'ai encore les cheveux noirs, mais dans ma barbe, il y a plein de zones qui grisaillent ou blanchissent, et ça me vieillit." Pas question pour lui de passer par la case rasage, l'homme tient trop à sa barbe, qu'il arbore fièrement depuis plus de 25 ans. "Ma femme ne m'a jamais vu rasé à blanc ! Et ça n'arrivera jamais !", clame-t-il. Sa solution ? Il l'a trouvée dans la salle de bain de sa fille. "En voyant les boîtes de coloration, je me suis dit : 'C'est ça qu'il me faut', et j’ai craqué". Ni une ni deux, il file au supermarché pour en acheter une, teint sa barbe, et admire le résultat. "C'était il y a cinq ans, et depuis, je le fais régulièrement. J'ai même affiné ma technique ! Surtout qu'il existe maintenant des teintures pour barbe."

Pour Yacine comme pour les autres, préserver une apparence jeune, c'est un moyen de garder le contrôle sur sa vie, et conserver le bon état d'esprit. "Tout le monde vieillit, évidemment", rappelle le quinqua. "Mais ça ne veut pas dire qu'on doit arrêter de plaire et de se plaire. Les femmes ont le maquillage, le botox. Le fait d'être un homme ne me prive pas de tout ça." Et il n'a pas tort.

* Les prénoms ont été changés.

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