Infertiles - Corinne : "Mon mari n’a pas supporté le diagnostic et est parti"

À l'âge de 36 ans, Corinne découvre qu'elle souffre d'une forme sévère d'endométriose qui ne la rend pas fertile. Lorsqu'elle en parle à son mari, ce dernier prend la décision de la quitter...

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Infertiles - Corinne : "Mon mari n’a pas supporté le diagnostic et est parti". Crédit : Getty

Corinne a appris son infertilité à 36 ans, après 2 ans d’essais infructueux avec son mari : "J’ai toujours eu des problèmes avec mes règles, des douleurs, de la déprime. Mais je fais partie de cette génération de femmes à qui on a dit toutes leurs vies que c’était normal. On parlait déjà un peu d’endométriose mais c’était très mal diagnostiqué et ça l’est encore. J’arrive à vivre avec les douleurs donc je n’ai jamais cherché à faire des examens complémentaires. J’aurais dû. Je sais bien que c’est aussi à cause de femmes comme moi, qui serrent les dents sans rien dire, qu’on n’avance pas assez vite sur cette maladie. Bref, on essayait avec mon mari. C’était joyeux au début et puis c’est devenu un peu déprimant, avec l’impression qu’on se forçait quand il fallait et qu’on s’en voulait quand ça ne marchait pas. On a tenu quand même deux ans à essayer. Il repoussait le moment où il fallait aller chez le médecin pour des examens approfondis. Peut-être qu’il avait peur de découvrir que c’était de sa faute. En tout cas, on a repoussé au maximum et j’ai fini par y aller moi-même pour commencer les démarches."

Très vite, Corinne apprend qu’elle est atteinte d’endométriose : "J’ai parlé de ce que je vivais et, à l’imagerie, c’était assez clair que j’étais bien touchée. Pour le médecin, c’était clair que c’était ça qui bloquait. Il pensait que ce n’était pas possible pour moi de tomber enceinte sans PMA. J’avais 38 ans. Je n’étais pas trop vieille pour la PMA mais le médecin m’a conseillé de réfléchir si je voulais me lancer là dedans et à en parler à mon conjoint. J’ai attendu le plus tard possible pour en parler à mon mari. Je voulais être sûre de sûre. Je voulais qu’on me dise des choses claires et arriver auprès de lui avec les données les plus sûres possibles. Un soir, je me suis lancée. Je lui ai dit que j’étais malade, que j’étais infertile mais qu’on avait encore des solutions. Il était sous le choc. Il a eu besoin de plusieurs heures seul pour y réfléchir, ce qui est quelque chose que je l’avais déjà vu faire. Et au final, il m’a dit qu’il ne supportait pas cette idée et il est parti."

Corinne affronte la situation avec courage : "Pendant des mois, il a refusé qu’on en parle. Il est parti ce soir là, il est venu chercher ses affaires quelques jours plus tard. Il était là pour gérer la séparation et le divorce mais sur le reste, rien. Je n’avais pas une personne devant moi mais un robot. Alors, je me suis entourée de mes amies les plus proches, de ma soeur, et je suis repartie de zéro. J’ai pris un appartement à moi, j’ai racheté des affaires pour ne pas reprendre ma vie dans le même décor qu’avant. Je me suis concentrée sur le travail et sur le fait de voir des gens qui me faisaient du bien. J’ai pris soin de ma santé aussi. Je me suis intéressée à l’endométriose et à ce que je pouvais faire pour aller mieux. J’ai vu un psy pour parler de ce que je ressentais par rapport à la maternité sur laquelle j’allais devoir tirer un trait. En moins d’un an, j’étais une nouvelle femme. Et j’étais même plus heureuse qu’avant."

6 mois après la séparation, l’ex-mari de Corinne accepte de lui parler de sa décision : "Il y a eu une invitation au restaurant et j’ai accepté. Je voulais entendre ce qu’il avait à dire. Il m’a dit qu’il ne voulait pas se lancer dans une PMA et qu’il ne se sentait pas capable de faire le deuil de sa paternité. Là, il cherchait à se mettre en couple avec une femme plus jeune. C’était important pour lui. Plus que nous et les années qu’on avait passées ensemble. Il avait décidé d’être pragmatique et de s’écouter. Je n’aurais jamais fait ce qu’il a fait mais j’ai compris sa décision. Ce que je ne lui pardonnais pas c’est qu’il ne s’explique pas. Quand il a réussi à me respecter suffisamment pour le faire, je lui ai pardonné. C’est mon problème au fond. S'il ne m’aimait pas assez pour le vivre avec moi alors, je préfère qu’il me quitte. Je ne veux pas être en couple avec quelqu’un qui a pitié de moi ou qui ne m’aime plus. Je suis mieux seule que mal accompagnée. J’ai 42 ans maintenant, j’ai eu quelques histoires qui n’ont rien donné et je ne cherche pas spécialement. J’ai appris que j’étais bien seule. J’ai appris à être heureuse avec ce que la vie m’a donné. Dans mon malheur, j’ai de la chance aussi. Il m’est arrivé plein de belles choses, de belles rencontres. J’ai une belle vie. Elle ne ressemble peut-être pas à ce que j’avais imaginée quand j’étais plus jeune mais elle est belle."

15 à 25% des couples sont concernés par l’infertilité en France d'après les données de l'Enquête nationale périnatale (ENP) et de l'Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff). Et ces chiffres ne font qu’augmenter en raison de plusieurs facteurs dont le recul de l’âge de la maternité. Ce sujet encore tabou mérite tout de même d’être exploré. Comment vit-on l’infertilité quand elle est subie ? C’est la question que nous avons décidé de poser à des femmes confrontées au problème.