Infertiles - Daniela : "À l’annonce du diagnostic, j’étais en état de choc"
Daniela a 35 ans lorsqu'avec son compagnon, elle décide de tomber enceinte. Convaincue que ça allait fonctionner très vite, elle se heurte à une série d'échecs pendant des mois. Finalement, le diagnostic tombe : la trentenaire fait une ménopause précoce. L'annonce a été fulgurante mais Daniela en est sortie sereine et apaisée.
Daniela, 41 ans, est en couple depuis plusieurs années quand elle décide de faire un enfant : "C’était une décision qu’on a prise à deux mais ça a été vraiment sous mon impulsion. Je pense qu’il ne se serait jamais permis de venir me voir en me disant : "Je veux un enfant". On savait qu’on voulait en avoir et on attendait le bon moment. C’était à moi de donner le go. J’avais 35 ans et il en avait 36. On avait une belle maison, de plutôt bonnes situations professionnelles, des amis autour de nous. On se sentait prêts. J’ai fait un bon dîner pour lui annoncer que j’allais arrêter de prendre la pilule. On était tellement heureux. Je crois que les premières semaines, je me disais que ça allait marcher très vite. On parle tellement de grossesses non désirées, on a l’impression que ça arrive tout le temps. Je me disais que ça allait nous prendre un mois ou deux. On s’aimait tellement que ça ne pouvait que marcher. Mais chaque mois, j’avais mes règles.".
Daniela décide d’aller consulter son gynécologue au bout de trois mois : "Je savais qu’on ne pouvait pas techniquement dire qu’il y avait un problème, mais je voulais avoir les bases pour me préparer au pire. La doc a un peu râlé sur mon âge, mais elle m’a donné des conseils pour les prochains essais. Comme acheter des tests d’ovulation, prendre sa température, ce genre de trucs. Elle m’a aussi donné des compléments alimentaires pour préparer la future grossesse. On était encore à un stade où tout le monde croyait que ça pourrait marcher. Mais elle m’a quand même prévenue qu’on ferait des tests si ça ne donnait rien au bout de 6 mois. Je suis repartie chez moi en me disant que ça allait le faire.".
Le diagnostic tombe
Chaque mois qui passe, rend le sujet plus pesant : "Au début, on faisait l’amour comme des fous. C’était joyeux. On avait l’impression qu'à chaque fois, ça avait pu marcher. On avait presque envie de se dire que ça aurait été beau de pouvoir se souvenir du moment exact où ça a marché. Mais évidemment, ça ne marche pas comme ça. Avant le rendez-vous chez le médecin, c’était déjà moins joyeux. Je regardais les jours sur mon calendrier et je demandais à mon mec de me faire l’amour pile quand ça pourrait être efficace. On le faisait avec plaisir mais ce n’était plus spontané. Après avoir acheté des tests d’ovulation, c’est devenu encore un peu plus sérieux. On se mettait la pression. J’étais stressée. Je voulais que ça marche. Quand mes règles arrivaient, j’étais découragée. Je pleurais. Il me fallait plusieurs jours pour m’en remettre. Et puis, avec le stress, j’ai commencé à me dérégler. J’ai eu plusieurs fausses joies à cause du retard. Mais non, je n’étais jamais enceinte. Les mois ont passé comme ça et plus on se rapprochait d’un nouveau rendez-vous avec la doc, et plus je me mettais la pression. J’étais convaincue que ça venait de moi. Je culpabilisais d’avoir attendu. Psychologiquement, j’étais dans un sale état.".
Daniela et son compagnon font des tests et découvrent que la trentenaire fait une ménopause précoce : "J’avais des cycles un peu irréguliers mais rien d’affolant non plus. Je n’y avais pas pensé du tout. Et puis j’avais l’impression que c’était loin surtout. À l’annonce, j’étais en état de choc. Il a fallu plusieurs jours pour que je réalise. La ménopause précoce n’empêche pas de tomber enceinte totalement mais c’est rarissime que ça marche. La PMA n’étais pas une solution pour nous, il ne nous restait qu’à choisir si on voulait tenter une FIV avec don d’ovocytes ou lancer une procédure d’adoption. Pour le projet bébé, mon mec m’a dit que c’était à moi de choisir. J’ai lu tout ce que j’ai pu sur internet. Je ne voulais pas me lancer dans un truc sans savoir tout à fait à quoi m’attendre. Et je savais au fond de moi que ce soit l’un ou l’autre, ça allait être dur. J’ai décidé qu’on n'allait rien faire. Et je ne pensais pas que ça allait autant me soulager. J’avais passé presque une année à stresser et j’avais besoin de ce repos-là. Celui de me dire que je ne force pas mon corps, que je ne pousse plus mes limites. Dire stop m’a fait du bien. Tant pis si on ne devient pas parents. On est heureux à deux. Et ça arrive encore que je regrette bien sûr. Pendant quelques minutes, je me dis que j’ai été conne et que ça aurait pu marcher. Mais je reviens vite à l’essentiel. Je vais mieux dans mon corps et dans ma tête et je suis bien entourée. J’ai tout ce qu’il me faut. On ne choisit pas tout dans la vie. Et l’accepter fait du bien aussi."
15 à 25% des couples sont concernés par l’infertilité en France d'après les données de l'Enquête nationale périnatale (ENP) et de l'Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff). Et ces chiffres ne font qu’augmenter en raison de plusieurs facteurs dont le recul de l’âge de la maternité. Ce sujet encore tabou mérite tout de même d’être exploré. Comment vit-on l’infertilité quand elle est subie ? C’est la question que nous avons décidé de poser à des femmes confrontées au problème.
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