Isabelle Huppert dans la Syndicaliste : « Jouer me rend simplement heureuse »
Connaissiez-vous l'histoire de Maureen Kearney, l'héroïne que vous incarnez ?
Je n'avais aucun souvenir de ces événements survenus en 2012. Je les ai découverts en lisant le livre de Caroline Michel-Aguirre, la Syndicaliste [Stock], dont le film est adapté. Avec Jean-Paul Salomé, nous avons décidé d'aborder ce personnage moins par la psyché que par son apparence physique. Nous avons reproduit son chignon blond décoloré, son look haut en couleur qui, dans l'imaginaire collectif, peut ne pas correspondre à l'idée que l'on se fait d'une syndicaliste. Il n'est pas toujours nécessaire de coller autant au physique quand on incarne une personne réelle, mais Maureen a une apparence cinématographique avec cette blondeur hitchcockienne adaptée au polar.
L'avez-vous rencontrée ?
Nous n'avons échangé que quelques mots sur le tournage, ce qui m'a permis de mieux m'emparer du personnage, d'avoir un espace de liberté plus grand. Je crois en effet que c'est par la fiction que l'on raconte le mieux ce genre d'histoire, en se glissant aussi dans les fantasmes de chacun. Ce qui est incroyable ici, c'est à la fois ce qui lui arrive et cette double peine quand beaucoup refusent de la croire.
En tant qu'actrice, je tenais à la placer entre ombre et lumière, à rendre palpable ce que les sceptiques pouvaient percevoir d'elle : une certaine réserve, une manière de ne pas être « une bonne victime », de ne pas s'effondrer… autant de comportements qui, en...
