James Gray : « Le communisme light, ça n’existe pas »

Le jeune Paul Graff (incarné par Banks Repeta) et son grand-père maternel Aaron Rabinowitz (Anthony Hopkins).  - Credit:Universal
Le jeune Paul Graff (incarné par Banks Repeta) et son grand-père maternel Aaron Rabinowitz (Anthony Hopkins). - Credit:Universal

Après Kenneth Branagh dans Belfast et avant Steven Spielberg dans The Fabelmans, James Gray exhume ses souvenirs d'enfance dans Armageddon Time. À 53 ans, le réalisateur de The Yards, Two Lovers ou encore Ad Astra sent plus nettement la morsure du temps qui passe… et décide à son tour de mordre dans ses madeleines. Moins joyeux que le Branagh, plus politique que le Spielberg, le résultat, comme souvent chez Gray, laisse en bouche un goût d'une mélancolie sourde dont le charme finit par l'emporter aux points plutôt que par un KO radical.

Pas (ou peu) de coups d'éclat, une photo sous-exposée signée du légendaire Darius Khondji, de longues scènes de dîners familiaux dont le cinéaste a le secret, un regard sociopolitique discret mais acéré sur cette Amérique de l'aube reaganienne aux allures d'apocalypse… Pas de doute : projeté en compétition au dernier Festival de Cannes, Armageddon Time est du James Gray pur sucre, recentré sur les univers intimistes de l'auteur après l'embardée cosmique du colossal Ad Astra.

À travers le personnage du jeune Paul Graff (Banks Repeta), turbulent minot juif du Queens en rébellion permanente contre ses profs de 6e et ses parents, Gray cartographie l'année 1980, celle de ses 12 ans, de ses 400 coups et de ses premiers rêves de futur artiste. Passerelle entre Proust et Truffaut en passant par Marx, ce film semi-autobiographique file plusieurs trames : l'amitié entre Paul et son camarade de classe noir Johnny (Jaylin Webb), l'affect [...] Lire la suite