Je vis sans frigo
Nous avons rencontré Lucie Diez, jeune coach de vie qui a décidé il y a plus d’un an de débrancher son frigo. Une décision qui pourrait passer pour un caprice de “bobo écolo”, mais qu’elle justifie de façon pragmatique.
Et si l’on était tous amenés à se passer de frigo dans quelques années ? “Débrancher mon frigo m’a enlevé des tentations” C’est au moment où elle quitte sa colocation pour vivre seule, que Lucie trouve son frigo tout à coup encombrant : “il était énorme, faisait beaucoup de bruit, et je me suis aussi rendue compte que c’était ce qui consommait le plus d’électricité dans mon appartement”.
Manger des aliments “vivants”
C’est alors que la jeune femme s’est interrogée sur l’utilité de cette armoire à glace, présente dans 99,6% des foyers français. Pour celle qui opérait depuis quelque temps de grands changements d’habitudes alimentaires, en arrêtant notamment de consommer de la viande et des plats préparés, se passer de frigo s’imposa alors comme une évidence. Un constat partagé par la journaliste Marie Cochard, qui explique dans “Notre aventure sans frigo ou presque”, que le contenu du frigo se réduit considérablement si l’on privilégie “les produits frais aux plats industriels” et qu’on limite ou supprime “la viande, le poisson, les produits laitiers, et le gluten”.
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Pour Lucie, engagée dans une démarche de “mieux manger”, le fait de débrancher son frigo a aussi été une façon d’éloigner les tentations. “Cela m’oblige à manger des aliments plus vivants […]
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Je fais par exemple mes conserves maison plutôt que d’acheter des plats tout préparés”, affirme celle qui a cependant été contrainte de modifier toute son organisation…
“Aujourd’hui, je fais des courses plus souvent…”
Vivre sans frigo, c’est aussi ne plus pouvoir conserver aussi longtemps certaines denrées indispensables à l’élaboration de nos repas, ce qui engendre de nouvelles habitudes d’achats. Lucie, qui faisait auparavant ses courses “une fois par semaine en revenant chargée”, doit aujourd’hui les faire “tous les trois jours en moyenne, avec des montants inférieurs et en revenant avec des sacs plus légers. Tout cela m’oblige à manger plus frais et plus vite, car je ne garde les aliments que j’achète que trois jours chez moi en général”, explique la coach de vie.
Une démarche qui incite généralement à privilégier les circuits courts où l’on se ravitaille aux grands supermarchés où l’on “fait le plein”. “Le fait de vivre en Italie m’a aidée pour ça, car là-bas la grande distribution ne fonctionne pas trop, je faisais mes courses dans des petites boutiques” explique Lucie.
À raison selon Marie Cochard qui affirme que les fruits et légumes des circuits courts, qui n’ont donc connu “aucune réfrigération, se conservent bien plus longtemps” que les autres. Ces aliments qui n’ont pas besoin de froid Contrairement à ce que l’on pense, de nombreux aliments de notre quotidien n’ont rien à faire dans un frigo. Les avocats, les pommes de terre, les fruits à noyaux, l’oignon, l’ail, les bananes, les tomates mais aussi le miel et les œufs auraient par exemple tout intérêt à être laissés à l’air libre pour ne pas perdre de leurs saveurs ni être altérés. De la même façon, il serait préférable de placer les fromages à pâtes sèches comme le parmesan dans des récipients hermétiques plutôt qu’au froid. De quoi contenter les adeptes de la vie sans frigo qui n’imaginent pas se passer de fromage !
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Mais d’autres catégories d’aliments ont une place de choix dans le régime alimentaire adopté par ces derniers : il s’agit principalement des légumineuses, des graines germées ou des céréales anciennes, de véritables superaliments qui se conservent sans effort. Lucie avoue également son penchant pour le kéfir, une boisson issue de la fermentation du lait “qui ne se conserve pas du tout au frigo et qui est très bonne pour la santé”.
Débrancher son frigo semble être une façon de réapprendre à faire des choix alimentaires conscients, sans céder à la facilité. “Nous lui avons confié nos estomacs” regrette Marie Cochard qui affirme que s’en passer permet de reprendre le pouvoir, avec “à la clé, la santé, beaucoup d’économies, moins de déchets, plus de simplicité, de plaisir à faire soi même et le goût, surtout”.
Quelques conseils de conservation sans frigo
Ne plus utiliser de frigo ne veut pas dire ne plus rien pouvoir conserver. Pour éviter le gaspillage et augmenter la durée de conservation des légumes de plusieurs semaines, Lucie les fait par exemple fermenter, en laissant des morceaux tremper trois semaines dans un bocal d’eau salée. “Cela permet d’éviter aux légumes de pourrir, et les enrichit en vitamines”.
Autre astuce de la jeune femme pour avoir des “légumes” comestibles toujours à disposition : faire des bocaux de graines germées qui sont pleines “de vitalité et de bons minéraux”. Il suffit pour cela de laisser tremper les graines de son choix dans un peu d’eau durant un nombre d’heures variant selon le type de graines, avant de les rincer et de les égoutter soigneusement.
Dans son livre, Lucie Cochard recommande elle de ne laver les légumes qu’avant de les cuisiner, et de rincer les fruits avec de l’eau vinaigrée afin de mieux les conserver.
Wassila Djellouli
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