Ils ont arrêté de manger du sucre

Coups de pompe répétés, problèmes de poids, diabète etc, les raisons d’arrêter les sucres ajoutés sont nombreuses. Si certains se lancent dans l’aventure sans trop de difficultés, d’autres ont le sentiment de gravir l’Éverest et de se priver des rares moments de plaisir de leurs journées. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Rencontre avec Tiphaine, Anne et Louis qui se sont lancé le pari et nous font part de leurs conclusions.

Crédit : Getty
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Pourquoi arrêter les sucres ajoutés ? Il est légitime de se poser la question lorsque l’on réalise l’ampleur de la tâche. Pour Tiphaine, cette décision s’imposa d’elle-même face à une impression de vieillir prématurément.

“Le moindre effort me fatiguait, j’étais essoufflée par une simple montée d’escaliers et cela a joué sur mon moral à seulement 26 ans”, raconte celle qui a commencé son rééquilibrage alimentaire depuis plus de trois ans maintenant. Malgré des débuts chaotiques où elle se sentait “en manque tel un fumeur privé de cigarettes”, la jeune femme affirme aujourd’hui avoir retrouvé une parfaite santé et un moral au beau fixe, en plus d’avoir “perdu 15kg durant les 6 premiers mois de sevrage”.

Pour Anne, 41 ans, le régime fut entamé suite à de nombreux problèmes digestifs, et le moins que l’on puisse dire, c’est que quatre mois plus tard, les résultats sont probants : “j’ai constaté un arrêt des ballonnements intestinaux, moins de douleurs articulaires, de gonflements des membres inférieurs et un regain d’énergie vitale” , affirme celle qui se sent tout de même sur une corde raide : “je réagis très vite dans l’autre sens, au moindre écart, mon corps me rappelle à l’ordre !”

Mieux vaut donc trouver ses propres alternatives pour s’offrir des moments de douceur : pour Anne, les sucres naturels comme le miel et le sirop d’érable sont devenus des alliés de taille, même si elle les consomme avec modération. Tiphaine, elle, a toujours une pomme dans son sac en cas de petit creux, et opte, lorsqu’elle ne peut vraiment pas se passer de sucre, pour “du sucre non raffiné comme le sucre roux biologique contenant de la mélasse”. “Il existe aussi des pâtes à tartiner au cacao, noisettes ou amandes, sans sucre ajouté”, précise celle qui tient à s’accorder des petits plaisirs.

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Louis, 25 ans, qui a arrêté les sucres ajoutés pour lutter contre son anxiété et pour offrir à son corps une alimentation plus saine, a lui opté pour une méthode plus stricte : “après 9 mois de régime, je sens que dès que je consomme des produits sucrés, j’ai du mal à me concentrer. Du coup, je m’interdis d’avoir chez moi le moindre produit transformé, je cuisine presque tout maison et je ne m’expose plus aux situations où je risquerais d’être tenté. Ou alors je me prépare psychologiquement…”

Le plus dur : conserver ses amis

Mais alors comment conserver ses amis lorsqu’il devient difficile d’accepter une invitation au restaurant ? Pour Anne la quadragénaire, cela n’a pas toujours été simple : “les gens ne sont pas toujours prêts à comprendre, à moins d’être concernés directement ou dans l’ouverture sur le naturel. Je dois apprendre à dire non”. Louis tempère : “quand tu fais un choix alimentaire, il faut être capable de l’expliquer autour de toi. J’ai depuis converti certains de mes amis”.

La preuve que ce type de régimes n’isole pas forcément…

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L’avis de Frédérique Cervoni, naturopathe à Paris 9

Dans quels cas devrait-on selon vous songer à supprimer les sucres ajoutés ?

Lorsque l’on rencontre des problèmes de poids, des coups de fatigue ou quand on est diabétique. Mais aussi lorsque l’on est sujet à des problèmes de digestion, de mémoire, ou d’inflammations chroniques comme des tendinites. Et pour les enfants, en cas de troubles du comportement comme l’hyperactivité. Mais je crois personnellement qu’on devrait arrêter dans tous les cas.

À la fin du XIXème siècle, on consommait 800 grammes de sucre par an et par habitant. Aujourd’hui, les recommandations officielles sont de ne pas dépasser 100 grammes par jour, soit 36,5 kg par an, ce qui est beaucoup plus !

Les sucres ajoutés se cachent parfois dans des produits insoupçonnés…

Oui. Les plats industriels préparés ainsi que tous les produits à base de céréales, blé, riz, maïs, comme le pain et les pizzas, qui sont a priori salés, se transforment en sucrés dans le corps.

Ce n’est pas parce que ça n’a pas un goût sucré, que ça ne l’est pas ! Je recommande de prendre en compte l’index glycémique des aliments, c’est à dire la capacité d’un aliment à élever le taux de sucre dans le sang et aussi de faire très attention aux galettes de riz, vendues comme des produits de régime, qui sont en fait incroyablement sucrées…

Quelles astuces pourriez-vous donner pour remplacer les sucreries ?

On peut les remplacer par des fruits secs, qui ont un goût sucré mais qui n’ont pas du tout le même impact négatif sur notre organisme. Ils sont plus concentrés en sucre que les fruits frais donc apportent un réconfort plus immédiat.

Pour le petit-déjeuner, je recommande soit des protéïnes, œufs, tranches de jambon ou un peu de fromage qui permettent de tenir la matinée, soit des fruits frais. Quand on a le temps, on peut se préparer un “miam-ô-fruit”, petit-déjeuner aux fruits frais sur une base de banane écrasée, avec de l’huile et des grains oléagineux, qui apportent des vitamines, des minéraux. Cela donne de l’énergie qui se libère progressivement…

Quels sont les effets positifs de l’arrêt des sucres ajoutés ?

Une amélioration du stress, du sommeil et de l’humeur, car le sucre donne temporairement un coup de boost mais sur le long terme, a tendance à déprimer. Il y a aussi des effets bénéfiques sur la silhouette puisqu’on perd du poids, l’énergie est bien meilleure car elle est beaucoup mieux répartie sur la journée. La peau devient plus belle, car il faut savoir que l’acné adulte peut être aussi liée à la surconsommation de sucre. Il faut s’attendre à se sentir un peu mal les premiers jours car le sucre est une drogue, mais au bout d’une semaine on commence déjà à voir de vrais résultats !

Wassila Djellouli

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