"Il suffit de sortir un livre et faire un pseudo coaching love pour victimiser un monstre" : Marine El Himer, candidate de téléréalité victime de violences conjugales se révolte
Dans sa nouvelle émission "Love Coaching", disponible en replay, M6 donne la parole à un candidat de téléréalité accusé de violences conjugales. La victime, elle aussi candidate, dénonce le procédé qu’elle qualifie de "victimisation d’un monstre".
Les violences conjugales touchent toutes les sphères de notre société, toutes catégories socio-professionnelles confondues. La téléréalité, divertissement très apprécié de la jeune génération, n’échappe pas au fléau. L’année dernière, une candidate prénommée Marine El Himer s’est exprimée sur la fin de sa relation avec un candidat, Julien Guirado. En plein confinement, la jeune femme s’est enfuie du domicile conjugal. Sur les réseaux sociaux, les rumeurs sont allées bon train et la jeune femme a été sévèrement jugée pour avoir "délaissé son compagnon". Le frère de Marine El Himer décide de mettre un terme aux affabulations des internautes en dévoilant les raisons qui ont poussé la jeune femme à "partir de chez elle". Marine était victime de violences physiques et psychologiques de la part de son compagnon. Gauthier El Himer s'était emparé de son compte Snapchat en déclarant : "La façon dont il se justifie de son comportement : "Je l'ai aidée donc je peux la frapper. Ma parole, il est fou ?!".
"Il m"a frappée pendant un an, ça me dégoûte"
Lorsque l'affaire a éclaté, les réseaux sociaux sont devenus un vrai tribunal. Et malheureusement, dans la grande majorité des cas, les réactions de la victime sont marginalisées et les actes de l'agresseur "expliqués". Ainsi, Marine El Himer se défend des accusations de violence de son ex de la manière suivante : "Je l'ai giflé au début de notre relation parce qu'il avait embrassé une fille devant moi (...) Donc, ça lui donne le droit de me taper pendant un an ? Faut m'expliquer comment on peut défendre ça ? Ça me dégoûte !"
Face au déferlement d'insultes et de haine envers Marine, c'est son ex, Julien Guirado, qui prend finalement la parole pour demander à ses fans de ne pas s'acharner sur son ancienne compagne. Ainsi, sur son compte Snapchat, Julien Guirado explique : "Oui, j'ai eu des gestes déplacés. Oui, je suis allé trop loin. Vis-à-vis de Marine, j'ai fait des choses qu'un homme ne doit pas faire. Je m'en excuse auprès de tout le monde, auprès des femmes en général, parce que ce n'est pas normal. Je suis en train de me soigner".
Interviewé par nos soins, le sémiologue François Jost, auteur de trois ouvrages sur la téléréalité, analyse ce phénomène. "Le "monstre" a été fabriqué par la chaîne (de télévision, ndlr.). Et tout d'un coup, les gens qui suivent ce monstre, qui ont de la sympathie pour ce monstre, ne sont plus maîtrisables. Chacun y va de son commentaire."
Blacklisté de la téléréalité
À la suite de cet épisode, le candidat originaire du sud de la France a été blacklisté de la téléréalité. Le 20 septembre dernier, il sort "Ma vérité", un livre-confession dans lequel il revient sur son histoire avec Marine El Himer. À l’occasion de la sortie de son livre, le jeune homme, qui s’est fait connaître grâce à Secret Story, a été invité à s’exprimer dans les médias people et sur le plateau de Jordan de Luxe.
La "vitrine" la plus importante lui a été accordée par M6 qui lui consacre un numéro dans son émission Love Coaching disponible en replay. Comme son titre l’indique, la nouvelle émission de M6 s’articule autour d’une séance de coaching avec Aïssa, une experte en relations amoureuses. La coach tente de démystifier les travers des candidats et comprendre pourquoi ils sont malheureux en amour. Un procédé très plébiscité dans le milieu du divertissement, tant les gens se passionnent pour les amours des candidats de téléréalité.
"Victimiser un monstre"
Mais que penser d’un numéro mettant en scène un candidat qui a avoué et reconnu ses agressions verbales et physiques à l’encontre de son ex-compagne ? Au cours de l’émission, Julien Guirado montre patte blanche, se remet en question, et confie même que Marine "était la femme de ma vie". La candidate a réagi sur ses réseaux sociaux en demandant de "ne plus être associée à cet individu".
Elle écrit : "Alors il suffit de sortir un livre et de faire un pseudo "coaching love" pour Victimiser un monstre. On aura tout vu !"".
Marine El Himer rebondit ensuite sur les déclarations de son ex, qui au cours de l’émission, a tenté de banaliser les violences à son encontre. "Je tiens à rétablir la vérité en disant que 90% des violences étaient physiques et le reste était psychologique."".
Marine El Himer peut compter sur le soutien de quelques internautes et d’anciens candidats de téléréalité tels qu’Angèle Salentino. Cette dernière avait fait parler d’elle pour avoir dénoncé le harcèlement moral qu’elle et d’autres candidates subissaient lors de précédentes aventures. Dans une story sur son compte Snapchat, Angèle Salentino s’interroge également sur la responsabilité de la chaîne M6 et invite à "stoppez ces diffusions honteuses". La jeune femme pense également au public et espère que les "petits garçons" qui regarderont l'émission ne seront pas influencés par de tels agissements.
Angele : « Stoppez ces diffusions honteuses ! » #LBDC3 #LoveCoaching pic.twitter.com/pWXXLPgSDH
— Céline2021 (@CelineDu03) October 11, 2021
"Le mythe de la seconde chance"
François Jost, sémiologue professeur à la Sorbonne Nouvelle et spécialiste des médias, analyse la position de la chaîne sous le prisme du mythe de la seconde chance : "Il a eu tort, il s’est confessé. On doit le pardonner". Une façon pour M6 de se prémunir d’éventuelles remarques.
Le sémiologue pointe du doigt un autre comportement de la société : "Dès qu'un individu a des comportements condamnables, si on lui tape trop dessus, il devient une victime".
Au-delà de l’amnésie dont fait montre la télé, François Jost alerte sur le caractère très violent de la téléréalité et la nécessité d’en informer les jeunes : "Il faut leur dire ‘Regardez cette émission comme si c’était une série, pas comme une leçon de vie’".
Rappelons tout de même qu’en 2020, en France, 102 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.
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