L'Amour au temps du déconfinement : "Ma vie ne sera plus la même. Je marque le coup avec mon image”
Les 8 semaines de confinement qui viennent de prendre fin et la crise sanitaire mondiale encore en cours ont été l’occasion pour beaucoup de remettre en cause un mode de vie dans lequel ils étaient bien installés. Changement de domicile, de travail, de tête, de conjoint, les personnes qui ont témoigné ont décidé qu’il y aurait bien un avant et un après.
“Je rejoins mon compagnon en Écosse”
Louise réfléchit activement à démissionner de son emploi salarié, qui correspond à 50% de sa charge de travail. D’ici la fin de l’année, elle rejoindra probablement son compagnon pour vivre en Ecosse : “Je peux gérer mon entreprise à distance. Ce que je gagne aujourd'hui ne me permet pas de vivre sans un emploi salarié à côté mais ce serait suffisant en Écosse.” Elle rêve d’une vie qu’elle définit comme “simple mais libre” : “J'ai besoin de vivre différemment, ne plus être contrainte par des horaires, d’avoir la complète maîtrise de mon emploi du temps, d’être plus proche de la nature”. Elle précise que ces idées ont germé spécifiquement pendant le confinement : “C'est le confinement et la crise sanitaire qui m'ont fait prendre cette décision. Ce n'était pas prévu. En étant en télétravail et en n'ayant pas beaucoup à faire, j'ai réalisé à quel point j'ai apprécié cette vie sans obligation d'horaires et sans avoir besoin de voir des gens que je n'apprécie pas forcément (au bureau notamment). Aussi, voir la gestion de la crise et les effets sur les individus, cela me donne un petit peu envie de me "retirer" et de vivre un peu loin de tout ça. Je pense m'organiser jusqu'à fin 2020, mettre un peu d'argent de côté et partir en début d'année 2021. Je ne surveille pas vraiment les décisions gouvernementales du Royaume-Uni car je me dis que ce sera bon d'ici la fin de l’année.”
Par exemple, je n’aurai plus aucun complexe à aller danser en club toute seule jusqu’au petit matin.
“Ma vie ne sera plus suspendue aux autres”
Julia a enclenché un changement existentiel dans sa vie. Elle souhaite ne plus jamais attendre l’approbation ou la présence des autres pour faire ce qu’elle aime : “Par exemple, je n’aurai plus aucun complexe à aller danser en club toute seule jusqu’au petit matin. Ou à partir en vacances dans les îles grecques seule. Dans la “vie d’avant”, pour faire toutes ces choses, j’attendais soit que mes amis soient libres / en aient envie au même moment que moi, soit d’avoir un copain pour les faire avec lui ; de sorte que ma vie était suspendue aux autres. C’est désormais fini, et ça fait rudement du bien.”
“Je veux devenir un autre homme”
Pour Manuel, le changement est d’abord physique. Au Japon, il arrive que des personnes se rasent la tête pour marquer visiblement leur contrition après une erreur ou un échec. Manuel a décidé que ce geste fort serait pour lui comme le nouveau départ dans un futur dont il ignore encore clairement les lignes : “J’ai profité du confinement pour laisser pousser ma barbe et mes cheveux comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Mon premier projet du déconfinement c’est donc d’aller chez un coiffeur pour tout raser. Ce sera extrême pour moi mais je crois que j’ai besoin de ce changement corporel pour marquer le coup de l’épreuve qu’on vient de traverser. Chez moi, je suis redevenu cro-magnon. Là, en sortie de confinement, je veux devenir un autre homme. Je ne sais pas encore ce qui va changer dans ma vie mais déjà je marque le coup avec mon image.”
“On a besoin tous les deux d’un nouveau départ”
Pour de nombreux Français, déconfinement signifie aussi retour sur le marché de la drague. Ce sera le cas de Paul et de son ex-compagne qui ont décidé de se séparer : “Le déconfinement marque un nouveau départ dans ma vie personnelle parce qu’avec ma copine, avec qui j’ai passé les dix dernières années, on a décidé de se séparer. On avait fini par devenir comme des amis. Du coup notre confinement s’est super bien passé mais après une longue discussion on a fini par arriver à la même conclusion : on a besoin tous les deux d’un nouveau départ dans notre vie amoureuse. Au moins, je sais que tout ça va se passer plutôt sereinement”.
Je pense qu’on est nombreux à avoir rêvé de verdure pendant ce confinement mais l’envie était déjà trop forte avant pour nous pour que l’on puisse encore repousser ce projet !
“Une maison hors du centre-ville”
Marine, de son côté, a de grands projets avec son compagnon : “On a prévu de faire construire une maison hors du centre-ville après tout ça. On est dans l’attente de réponses car on ne peut avancer sur rien pour le moment. Actuellement, on habite à Nantes dans un appartement de 70m carrés. Nous ne sommes pas à plaindre mais on a deux chiens et on pense depuis longtemps à prendre une maison, en partie pour eux et leur bonheur. Avec le confinement, ça s’est confirmé, ils ne peuvent vivre et se dépenser comme ils le veulent en ville et le constat a été encore plus flagrant avec ces dernières semaines (d’autant plus que ce n’est pas une ville très dog friendly) et je me dis que cela sera encore plus compliqué le jour où on voudra un enfant.” Ils réfléchissent actuellement aux questions financières pour rendre possible ce rêve : “On n’a pas les moyens de s’offrir une maison en ville, les budgets sont hallucinants depuis 2/3 ans donc on a commencé à regarder pour sortir de Nantes et faire construire, on a envie de quelque chose à notre goût, d'optimisé et d’écologique, c’est dur à trouver. Pour ça, je dois même me résoudre à passer le permis après avoir repoussé ça depuis mes 18 ans mais je me dis que cette fois-ci, c’est pour une bonne raison.”
La décision est importante mais le couple l’a mûrement réfléchie : “J’aime la ville et mon quartier me manquera mais le calme et la verdure me manquent encore plus, j’ai grandi à la campagne donc je sais plus ou moins à quoi m’attendre. C’est une décision réfléchie. En attendant, on rêve d’un jardin où les chiens pourront courir, où on pourra faire pousser quelques légumes mais aussi d’une cuisine ouverte sur le salon car on adore cuisiner et que c’est toujours frustrant de devoir s’isoler de ses invités pour aller préparer ses plats. Je pense qu’on est nombreux à avoir rêvé de verdure pendant ce confinement mais l’envie était déjà trop forte avant pour nous pour que l’on puisse encore repousser ce projet !”
On ignore encore combien de temps la transition du déconfinement va durer ou quand il sera techniquement possible de reprendre ce qui ressemblerait le plus possible à la “la vie d’avant”. Mais pour certains et certaines, c’est sûr, la vie d’avant est loin, déjà bien loin derrière eux.
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