L'Amour au temps du déconfinement : "Ma réaction à la crise sanitaire l’a déçue. On se sépare"
Au début du confinement, de nombreuses personnes se sont retrouvées contraintes de découvrir de nouvelles facettes de leur partenaire de vie. Elles ont partagé avec l’autre des moments d’intimité et de travail, tout cela dans un climat d’angoisse général. Frustrations et agacements au quotidien ont parfois mené à des conflits, petits ou grands.
Si certains et certaines ont trouvé des parades pour apporter plus de sérénité au foyer et assurer la pérennité de leur couple au-delà de la crise sanitaire mondiale, d’autres malheureusement ont vu le confinement marquer le début d’un doute et parfois la fin de leur histoire d’amour. Une étude IFOP menée pour le site Charles.co, un site de consultations en ligne de sexologie, révèle en effet que 12% des sondés ne souhaitent pas à être à nouveau confinés avec leur partenaire de vie. Le boom des "coronadivorces" redouté aux Etats-Unis et confirmé en Chine, pourrait bien également toucher la France.
Catalyseur de ruptures
Louisa explique que le confinement a été le catalyseur de la rupture qu’elle vient de traverser. Elle était en couple depuis le début du mois de janvier mais elle précise qu’ils avaient déjà quelques problèmes à régler. Et puis le confinement a été proclamé et les choses se sont gâtées : “Il refusait de faire l'amour tant que je n'acceptais pas qu'il passe la nuit entière chez moi. Je n'aime pas le chantage. Et je craignais à juste titre qu'il s'installe chez moi alors que c'était trop tôt. Comme il ne trouvait pas d'appart et vivait chez son ex (qui elle vivait chez sa mère), la situation était problématique. Mais quand on est vraiment attaché à quelqu'un, on ne le force à rien. Par ailleurs, et c'est important pour moi, il faisait du gaslighting (NDLR : le gaslightning est une forme d’abus mental dans lequel l'information est déformée ou faussée dans le but de faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception et de sa santé mentale). Je ne laisse plus passer ce genre de choses.” Elle a donc préféré prendre la décision d’arrêter ici leur relation.
Le confinement m'a fait réaliser que nous étions amies et plus du tout amoureuses, malheureusement.
Anastasia est en couple depuis 4 ans et habite avec son compagnon depuis quasiment aussi longtemps. Mais le confinement a réveillé de vieilles questions chez elle : “Ça fait un moment que j’ai des doutes à cause d’une histoire qui a failli nous séparer l’année dernière et je pensais que comme je l’aimais, ces doutes disparaîtraient. Le confinement les a renforcé en réalité. À l’inverse, il n’a pas renforcé l’amour que j’ai pour lui, même si je l’aime toujours autant. Et j’aimerais toujours avoir une famille avec lui, avoir des enfants mais tout en sortant du schéma hétéro (patriarcal) dans lequel on est depuis le début de notre histoire.” Elle hésite à rompre mais ne se voit pour l’instant pas aborder la question avec lui. Elle attend le déconfinement en tournant et retournant dans sa tête tous les scénarios possibles de rupture “Ce qui est assez difficile du coup parce que j’ai l’impression de lui mentir…”
Elle m’a avoué que ma réaction à la crise l’avait déçue et que pour elle, il n’y avait pas de raison de continuer à être ensemble. On va cohabiter jusqu’au déconfinement et nous déménagerons chacun de notre côté dès que ce sera possible.
Nadia, en couple depuis 13 ans, a elle choisi de n’aborder la question de la rupture avec sa compagne qu’une fois le déconfinement effectif : “Je compte me séparer de ma copine après le confinement. Nous sommes confinées ensemble, à Paris. J'y songeais un peu avant et le confinement m'a fait réaliser que nous étions amies et plus du tout amoureuses, malheureusement. J'ai envie de voir autre chose, pas forcément une autre relation mais de vivre pour moi.”
L’”épreuve” véritable
Pour Pierre, la rupture s’est imposée d’elle-même avec le confinement : “Le confinement a fait ressortir toutes nos différences. Un temps, on a été en crise, à s’agacer mutuellement et à se crier dessus. Pour nous permettre de partager des journées plus sereines, on a fini par se partager l’appartement : moi je travaille dans la chambre et elle dans le salon. On se retrouve aux repas pour discuter un peu mais ces moments se sont considérablement rétrécis. En fait, c’est nos gestions du stress qui ne sont pas accordées. Elle a besoin de regarder toutes les annonces du gouvernement, écoute les informations et lit des sites de news toute la journée. Moi je préfère me projeter sur l’après, quitte à avoir l’air de ne pas me soucier de la situation actuelle, ce qui n’est pas vraiment le cas. Elle a fini par développer des comportements que je qualifierais de “paranoïaque” et moi je me fiche de plus en plus de tout, préférant me concentrer sur le bien-être de mes amis ou de mes proches.” Pierre et sa compagne n’ont pas attendu pour soulever le problème, ils ont décidé de se séparer tant bien que mal avant de pouvoir le faire de manière plus concrète au confinement : “Il y a quelques jours, elle m’a avoué que ma réaction à la crise l’avait déçue et que pour elle, il n’y avait pas de raison de continuer à être ensemble. On va cohabiter jusqu’au déconfinement et nous déménagerons chacun de notre côté dès que ce sera possible. Il faut croire qu’on ne sait vraiment avec qui on partage sa vie que quand on a l’occasion de partager une véritable épreuve.” Il espère ainsi que les derniers jours de confinement seront plus sereins : “Paradoxalement, maintenant qu’il est clair qu’on est plus ensemble, j’espère retrouver un peu de complicité avec elle.”
Comment tu as vécu ton confinement ?
De nombreux bouleversements de la sphère personnelle vont être l’une des nombreuses conséquences de ce confinement. Dans l’optique d’un “monde d’après”, ces ruptures sont à envisager comme des nouveaux départs. Et aux questions habituelles des premières rencontres va désormais s’ajouter celle-ci : “Et toi, comment tu as vécu ton confinement ?” Histoire de savoir si à l’avenir les nouveaux couples seront capables de traverser, sans dommage, une crise de cette ampleur.