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Ils préfèrent le sexe sans pénétration

Lorsque l'on parle de sexe, il y a souvent deux concepts qui s'affrontent. D'un côté, les préliminaires, qui comprennent aussi bien la masturbation mutuelle que le sexe oral, et la pénétration. Cette dernière est souvent considérée comme le "Graal" de la sexualité, supposée amener du plaisir à toutes les personnes impliquées. Mais comme ce n'est pas toujours le cas, plusieurs personnes ont décidé de se passer de cette pratique très hétéro-centrée. Ils témoignent.

La pénétration est-elle obligatoire dans les relations sexuelles ? De plus en plus de personnes répondent "non". Autrefois érigée en finalité, les caresses et autres rapports oraux rétrogradés au rang de simple "préliminaires", cette pratique a perdu en popularité et est loin de représenter la source de plaisir principale d'une grande partie de la

population. D'ailleurs, ce désamour concerne aussi bien les femmes que les hommes.

Les femmes préfèrent majoritairement le plaisir clitoridien

En 2017, une étude menée sur plus de 1000 femmes et publiée dans le Journal of Sex and Marital Therapy révélait que moins de deux femmes sur 10 parvenaient à atteindre un orgasme grâce à une pénétration vaginale, tandis que 37% avaient besoin d'une stimulation clitoridienne en plus de la pénétration. Mais si une majorité de femmes n'ont pas d'orgasmes pendant la pénétration, pourquoi cette dernière semble-t-elle si essentielle aux rapports sexuels ?

Pour Adèle, la réalisatrice du podcast Clitosaure, c'est en grande partie à cause de notre société patriarcale : "On vit dans une société sexiste où les rapports sont phallocentrés, et où la pénétration est considérée comme un acte primordial dans la vie sexuelle et dans chaque acte sexuel. Résultat, il est compliqué pour certaines personnes de dire qu'elles n'aiment pas ça." Ce problème se pose d'ailleurs très très tôt, dès l'éveil sexuel selon elle. "Il y a un problème dans notre éducation sexuelle, aussi. Il y a tellement d'autres choses à faire avec nos corps que de simples rapports "pénis dans vagin"... Mais ce sujet n'est pas vraiment abordé, encore une fois parce que nous sommes dans une société hétéro-centrée et phallocentrée", regrette-t-elle.

Outre l'éducation, le problème peut même s'avérer physique. C'est le cas d'Eugénie, qui a un problème peu connu du grand public : "J'ai un utérus rétroversé”, c'est-à-dire qu'il est basculé vers l'arrière, en direction du rectum, au lieu d'e reposer sur la vessie. "Résultat : la pénétration n'est pas spécialement agréable pour moi, en particulier si mes partenaires sont gâtés par la nature. Or, je ne vois pas trop l'intérêt d'un rapport qui non seulement ne m'apporterait aucun plaisir, mais qui en prime, serait douloureux. Si mes partenaires ne comprennent pas, ils n'ont pas leur place dans mon lit." Il en va de même pour les personnes qui souffrent de vaginisme.

Les hommes ne sont pas tous fans de pénétration

La question qui se pose est alors la suivante : la pénétration est-elle essentielle aux hommes ? Pas nécessairement. Grégoire et sa compagne ne la pratiquent absolument pas : "Ma copine a toujours eu "peur" de la pénétration, alors nous avons trouvé d'autres alternatives", explique-t-il. Le cas de Nicolas est un peu différent : la pénétration est un acte douloureux pour lui. "J'ai un frein un peu court, du coup les mouvements de va et viens sont très vite douloureux pour moi. Du coup, j'ai arrêté. Mais cela ne m'empêche pas de prendre du plaisir ni d'en donner à mes copines."

Xavier, lui, n'a jamais pris de plaisir lors des pénétrations, et a décidé de chercher le plaisir ailleurs : "J'ai pas mal mûri, j'ai eu une longue phase de reconstruction de ma masculinité et j'ai compris que la pénétration n'était pas un symbole de ma virilité, donc on en a pas mal parlé avec ma femme, rendant les situations plus claires", affirme-t-il.

Les couples hétérosexuels ne sont pas les seuls concernés. Théo affirme par exemple ne ressentir que peu de plaisir, en tant que pénétrant comme en tant que pénétré : "En tant qu'actif je ne prends pas énormément de plaisir, et en tant que passif je trouve ça un peu douloureux. Je prends plus de plaisir avec les préliminaires." Un avis partagé par Alain : "La pénétration en tant que passif c’est beaucoup de préparations, pas mal de plaisirs, mais surtout pas mal de douleurs (avant, pendant, et surtout après le rapport). La pénétration en tant qu’actif c’est beaucoup de préparations, assez peu de plaisirs avec le préservatif, et parfois un peu de douleurs..."

Sexe sans pénétration : quelles sont les alternatives ?

Pour toutes les personnes interrogées, les alternatives au sexe sans pénétration passent avant tout par des partenaires compréhensifs. "Si l'autre personne ne comprend pas, on risque vite de se sentir forcé", regrette Alain. "Or, le sexe oral, les câlins, les frottements... C'est plus doux et plus agréable." Adèle de Clitosaure recommande d'en parler en amont avec les personnes avec qui l'on envisage une relation sexuelle : "Si l'on attend de se retrouver en pleine action, certaines personnes n'oseront pas faire part de leurs préférences." Or, c'est la porte ouverte à un rapport douloureux, subit dans le simple but de se conformer aux attentes de l'autre... Ou à celles que l'on s'imagine.

Xavier, lui, apprécie de découvrir cette sexualité "alternative" : "Nous pratiquons la masturbation mutuelle, le sexe oral, nous avons commencé à utiliser des sextoys... Et surtout, on a arrêté d'appeler tout ça les préliminaires". Entre le dry-humping, la fellation, le cunnilingus, la masturbation sous ses différentes formes... Il est tout à fait possible de prendre du plaisir différemment. Pensez-y : la pénétration n'a plus à être une finalité !

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