L'influenceur Antoine Goretti a voté Front national à 18 ans, il milite désormais contre l'extrême droite : "J'ai eu honte pendant longtemps d'avoir voté pour eux"

Ancien candidat de télé-réalité, Antoine Goretti n'hésite pas à aborder des sujets de société sans langue de bois sur ses réseaux sociaux, notamment sur TikTok. Récemment, il s'est exprimé dans différents médias, en revenant sur la raison de son vote pour le Front national à l'âge de 18 ans, et sur son cheminement, qui l'a conduit à changer d'avis et à militer contre l'extrême droite.

Antoine Goretti
Antoine Goretti a voté Front national à l'âge de 18 ans, il milite désormais contre l'extrême droite : "J'ai eu honte pendant longtemps d'avoir voté pour eux." Photo : @antoinegoretti / Instagram

Antoine Goretti, révélé dans "10 couples parfaits" sur TFX, a confié avoir voté Front national à l'âge de 18 ans, aux municipales de Troyes, dans le Grand-Est. Sur ses réseaux sociaux comme dans divers médias, l'ex candidat de télé-réalité, devenu influenceur et comédien, a souhaité expliquer son cheminement, qui l'a conduit à changer d'avis. Aujourd'hui, il se dit "de gauche".

"À l'époque, j'étais en ZEP, zone d'éducation prioritaire. Dans mon collège et mon lycée, j'étais pas mal harcelé. (...) J'étais dans un collège de quartier, et comme évidemment on a parqué les mêmes personnes dans les quartiers, j'étais avec beaucoup de gens avec des origines maghrébines. Comme je me faisais harceler, j'avais l'impression qu'ils étaient tous comme ça. (...) Déjà, à l'époque, la propagande du FN fonctionnait", a-t-il expliqué dans l'une de ses vidéos TikTok.

"J'étais bête, je ne comprenais rien", se justifie-t-il. "Maintenant, je sais que c'était une bêtise. Je n'en suis pas fier, attention", ajoute-t-il. "Je fais cette vidéo pour faire comprendre aux jeunes électeurs du RN que vous êtes bêtes comme moi à l'époque. Si vous voulez être bête comme moi j'ai été bête à l'époque, soyez-le, mais assumez-le, d'être c*ns."

De plus, d'origine italienne, Antoine Goretti a également expliqué à Konbini s'être rendu compte que ses parents et grands-parents avaient eux aussi subi de la xénophobie. "J'ai eu honte pendant longtemps d'avoir voté pour eux (le FN ; ndlr) parce que je me suis dit : 'Mais comment moi je peux faire en tant que petit-fils d'immigrés, pour voter pour un parti qui n'aurait même pas voulu de moi ? (...) Mes grands-parents ont fui Mussolini pour trouver une vie meilleure en France, pour travailler. Ma mère, à l'école, se faisait traiter de 'sale rital', mon grand-père, personne ne le considérait. Au bistrot, ses copains c'étaient des Tunisiens, des Algériens, des gens de toutes confessions. (...) Mais quand il allait à la poste, à la banque... Personne ne le respectait parce que c'était un immigré italien et qu'il ne parlait pas bien français."

À 20minutes, il a également déclaré : "Je me suis dit ''qu’est-ce que tu es en train de faire là ?' Je mettais le nom de quelqu’un qui détestait qui j’étais, qui étaient mes grands-parents, ma mère, ma famille. En votant pour eux, je votais contre moi."

L'influenceur raconte également qu'en grandissant, les études, les voyages et le fait de pouvoir "sortir de cette classe ouvrière" lui ont permis d'être davantage ouvert sur le monde. Selon lui, le RN, anciennement FN, ne partage pas cette ouverture d'esprit, comme il l'a affirmé à Konbini : "Ils n'aiment ni les gays, ni les femmes, ni les gens de confession musulmane, ni les gens de confession juive, ils n'aiment personne. (...) Ils prennent tous ceux qui ont été déçus par le système. (...) Quand tu sais qu'il n'y a plus personne qui pense à toi, tu choisis le Front national. (...) Le RN, c'est un parti qui capitalise sur la haine, sur la misère et sur le rejet de l'autre."

En revanche, le jeune homme à confié à 20minutes que son passage de l'extrême droite à la gauche a été progressif : "Après ce premier vote FN, plus jamais je n’ai voté pour ce parti, et jamais de ma vie je ne le referai. (...) Je me suis toujours considéré de droite : j’ai voté Sarkozy, Macron. Mais à la dernière présidentielle, j’ai voté Mélenchon. Le cheminement a été simple" et de citer le philosophe français Gilles Deleuze : "Être de gauche c’est d’abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi ; être de droite, c’est l’inverse."

"Quand j’avais 25 ans, ce que je voulais, c’était gagner de l’argent, être quelqu’un. Mais en vieillissant, je me suis rendu compte que ce que je voulais le plus, c’était que les gens soient en paix. Et les seuls qui me parlent actuellement, ce sont ceux qui sont de gauche", détaille-t-il. Pour lui, il n’y aurait "aucun problème" à payer plus d’impôts demain pour faire une "redistribution plus logique et humaine de la richesse."

Comme de nombreux autres influenceurs, notamment Lena Situations, Squeezie ou Mister V, Antoine Goretti fait partie des personnalités d’Internet, qui ont appelé à voter pour le Nouveau Front populaire dans une tribune publiée la semaine dernière par Médiapart.

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