Lips, enfin un réseau social sans censure ?
Alors que Facebook et Instagram interdisent la nudité et que les conditions d'utilisation de Twitter pourraient se durcir d'ici peu concernant les photos suggestives, un nouveau réseau social entend proposer aux internautes un espace garanti sans la moindre censure, et avec une grande bienveillance envers les travailleurs et travailleuses du sexe.
Les problèmes de censure sur les réseaux sociaux font débat depuis de nombreuses années. Sur Facebook et Instagram – qui appartient à Facebook – la position est claire : la nudité frontale est interdite. Pas question de montrer des parties génitales, ou encore, comble du sexisme, des tétons d'un corps féminin, parfois même en dessin. Résultat, on ne compte plus les posts qui ont été censurés, les comptes qui ont été bloqués, y compris lorsqu'ils avaient publié des photos pour la bonne cause, comme la lutte contre le cancer du sein, par exemple. La pornographie, elle, y est totalement interdite.
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Du côté de Twitter, les choses sont un peu plus ouvertes. La nudité frontale est autorisée dans les publications, mais interdite dans les photos de profil ou dans les bannières de ces derniers. Dans ses conditions d'utilisation, la plateforme indique : "Nous comprenons que certaines personnes ne veulent pas être exposées à du contenu sensible, c'est pourquoi nous essayons de trouver un équilibre entre les personnes qui veulent en poster, et celles qui ne veulent pas les voir." Conséquence : les personnes qui souhaitent publier du contenu non-censuré (modèles, photographes, travailleurs et travailleuses du sexe, sites pornographiques...) doivent cocher une case dans les paramètres de leurs comptes, indiquant qu'ils comptent poster du contenu graphique, ce qui permettra d'afficher un message d'alerte pour les personnes ne souhaitant pas voir les contenus en question.
Lips, un réseau social sans la moindre censure ?
Toutefois, on ne compte plus le nombre de comptes de travailleurs et travailleuses du sexe qui ont été bloqués au cours des derniers mois. Pour les concerné·e·s, il s'agit d'une double peine : non seulement ils et elles sont une fois de plus invisibilisés, mais en prime, ils perdent tous les abonnements, tous leurs abonnés et toute leur visibilité, ce qui peut représenter un vrai coup dur pour leur profession. "Actuellement, les réseaux sociaux ne font pas de différence entre l'expression sexuelle et l'exploitation sexuelle", regrette Val Elefante, la community manager de Lips, dans une tribune publiée sur le site Medium.
Lips, c'est le nouveau réseau social lancé en juin 2020, dans une relative discrétion, mais qui commence à faire parler de lui. Pour cause : cette plateforme entend briser les tabous autour de la censure des corps dénudés des femmes, du travail du sexe et de l'invisibilisation des personnes issues de la communauté LGBTQIA+. Elle a été créée par des personnes qui se décrivent comme des artistes, des créateurs et créatrices issus de ces milieux marginalisés, et qui en avaient ras-le-bol de la censure et du harcèlement qu'ils et elles subissaient sur les plateformes mainstream. D'où l'idée de fonder une alternative à Instagram, qui ne serait pas basée sur les valeurs patriarcales, hétéros et cis-centrées des autres réseaux. Les travailleurs et travailleuses du sexe y sont par ailleurs les bienvenu·e·s, contrairement aux autres plateformes, même si Lips n’a pas vocation à être comparé à OnlyFans.
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Lips, comment ça marche ?
Sur Lips, comme sur Instagram, les comptes peuvent être publics ou privés, réservés à ses abonnés. Au moment de s'inscrire, le site demande aux nouveaux adhérents de cliquer sur des hashtags qui les inspirent : body-posi, sex-posi, amour propre, queer, liberté d'expression, érotisme... Mais aussi les mots-clés qu'ils et elles ne préfèrent pas voir dans leur fil, comme la nudité, partielle ou totale, par exemple.
Quels que soient les contenus postés, la bienveillance fait en tout cas partie des fondamentaux du site : "Lips est une plateforme spécialement conçue pour les groupes marginalisés et sera toujours solidaire des groupes marginalisés", affirme la community manager, qui espère bien que le réseau pourra servir de havre de paix aux personnes qui ne trouvent plus leur place sur les réseaux mainstream. Reste à savoir si en fonction de son évolution, le site parviendra à conserver cette ligne directrice.
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