Masque, vaccination: la pandémie de Covid-19 a-t-elle changé notre rapport à la santé?
Souvenez-vous, il y a cinq ans. Alors que nous vivions une situation inédite et que nous découvrions, aussi médusés que confinés, les images télévisées des services de réanimations saturés, nous rêvions d'un «monde d'après» plus généreux, plus solidaire, plus prévenant envers les autres. Un monde où les questions de santé –la sienne et celle des autres– seraient devenues plus enracinées dans les préoccupations quotidiennes, avec un accent particulier mis sur la prévention, afin de mieux se prémunir soi-même face aux risques mais aussi mieux protéger les autres.
Cinq ans après, les choses ont-elles vraiment changé? Pour Laurent Cordonier, sociologue et directeur de la recherche de la Fondation Descartes, si la pandémie de Covid-19 a été «un épisode marquant pour une génération, elle n'a pas entraîné de changement de société majeur. Le monde d'après le Covid, c'est la reprise du monde d'avant le Covid.» Pour autant, et aussi parce que la société évolue nécessairement, il y a sans doute eu non pas des révolutions, mais quelques glissements.
Des comportements individuels et singuliers
«Il est très difficile d'établir un bilan collectif», glisse le sociologue Paul Guille-Escuret lorsqu'on lui pose la question. Se référant aux préceptes de la sociologie du risque, il explique que la réaction face au danger du Covid-19 est très dépendante de chaque individu, de son milieu d'appartenance, de sa profession, des contraintes qu'il subit, de sa propre exposition préalable au risque, etc.
De fait, celles et ceux pour qui le Covid-19 est resté une entité relativement abstraite parce qu'ils n'ont pas été confrontés à la maladie grave et à la mort pourront être assez détachés face aux risques actuels. Au contraire, d'autres restent toujours particulièrement vigilants, par exemple parce qu'ils ont été frappés de plein fouet par le décès d'un proche, parce qu'ils subissent encore les…