Michelle Perrot : « Je ne suis pas née féministe, je le suis devenue »

À 94 ans, l’historienne Michelle Perrot publie avec Eduardo Castillo « Le Temps des féminismes ». Rencontre.

Lorsque bluffée par son érudition, son humour et son esprit, on lui dit qu’elle est extraordinaire, Michelle Perrot répond : « On me le dit un peu trop ! » À 94 ans, l’historienne publie avec Eduardo Castillo « Le Temps des féminismes » où elle mêle souvenirs personnels et événements marquants dans la lutte pour l’égalité. L’occasion de rencontrer cette lectrice hors norme.

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ELLE. Quels romans ont marqué votre enfance ?

MICHELLE PERROT. Deux titres de la Bibliothèque de Suzette : « Une petite fille tombée de la lune », l’histoire d’une fillette et de son ami aveugle qui retrouvait la vue évidemment. L’autre était plus dramatique, « Celle qu’on n’attendait plus ». Une enfant – rescapée du « Titanic », alors que toute sa famille s’était noyée – revenait aux États-Unis, où personne ne la reconnaissait !             

ELLE. Avez-vous toujours été une grande lectrice ?

M.P. Toujours. Mes parents lisaient beaucoup, ma mère aimait Colette, et mon père les auteurs russes et américains. Il m’a donné « Ann Vickers », de Sinclair Lewis, une héroïne à qui je m’identifiais, jeune fille. Cette femme médecin tombait amoureuse d’un homme qui l’aimait aussi, mais qui lui demandait de renoncer à son métier. Et elle refusait, ce qui était plutôt avant-gardiste dans les années 1930. Mon père m’avait dit de suivre son exemple : « Un...

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