Présents massivement sur les RS, les programmes sportifs minceur générés par des intelligences artificielles inquiètent les professionnels
En 2024, la pression du "summer body" est encore bien présente, et bon nombre de personnes sont tentées de se lancer dans des programmes sportifs et autres régimes de dernière minute, avant de partir en vacances. Un danger qui inquiète les experts.
Tous les étés, c'est la même rengaine. Alors que les vacances approchent, tout le monde – et en particulier les femmes – semble s'inquiéter de la fameuse "épreuve du maillot de bain". Non, il ne s'agit pas d'un challenge de "Koh-Lanta" ou des "Reines du shopping", mais simplement de la peur d'être jugée pour un bourrelet ou un peu de cellulite, au moment de se mettre en bikini sur la plage ou à la piscine.
Depuis plusieurs années, les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène. Mais, 2024 note une petite nouveauté : l'arrivée des intelligences artificielles dans l'équation. Sur TikTok, Instagram et même sur certains sites peu scrupuleux, les programmes sportifs de remise en forme avant l'été, générés par des intelligences artificielles, pullulent. De quoi interpeller les professionnels, qui s'inquiètent de leurs dangers.
Des programmes sportifs ni clairs, ni précis
Céciliane Hochart, coach sportive, a analysé pour nous certains programmes proposés sur les réseaux sociaux. D'emblée, elle rappelle que ce type d'entraînement, dont l'objectif clair est de perdre du poids, ne doit pas être pratiqué à la légère. "Selon moi, à partir du moment où l'on parle de perte de graisse, cela doit être encadré par un professionnel en nutrition. Il pourra ainsi encadrer, accompagner et surtout adapter les habitudes alimentaires en lien avec l'objectif de perte de graisse. Le seul programme de sport n'est pas suffisant, surtout s'il n'est pas adapté à notre condition physique, niveau et qu'il ne prend pas en compte notre métabolisme et nos habitudes de vie (sommeil/ gestion du stress etc.)"
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La spécialiste dénonce des programmes trop intenses, qui ne tiennent pas compte du niveau de base des personnes qui vont le pratiquer. "En règle générale, le nombre de répétitions me semble toujours très élevé et il ne spécifie pas le temps de récupération entre les exercices, qui est indispensable", précise-t-elle. Par ailleurs, certains conseils, comme le fait de recommander des "étirements dynamiques" lui paraissent très flous : "Sans détails sur ce terme technique, je ne vois pas comment on peut faire les mouvements sans coach" sans prendre le risque de se blesser.
Des entraînements dangereux
Pour Céciliane Hochart : "Le problème majeur que j'observe avec ce genre de programme, c'est qu'il n'y a pas de récupération entre les exercices, ni de vraies récupérations entre les séances qui me semblent tout de même assez intenses. D'ailleurs, il n'y pas du tout de variation d'intensité entre les séances. Pas de consignes de sécurité, de placement. Le nombre de répétitions est assez élevée, je viens du Pilates alors, je trouve ça trop..."
La coach sportive estime qu'il faut "s'assurer de la bonne réalisation technique" et du rythme de chaque exercice. "C'est à ce moment-là que la blessure peut surgir. Dans ces programmes, il n'y a pas de progressivité, qui est la clef d'une pratique qui limite les risques de blessures. Il y a également des exercices qui requièrent de la technique, notamment quand on ajoute des charges : sans expertise, ça peut être dangereux."
Un problème de "prompt"
En théorie, n'importe quelle personne ayant accès à une intelligence artificielle peut lui demander de concocter un programme sportif. Le problème, c'est que les IA ne peuvent pas faire grand-chose à part compiler des informations trouvées sur Internet, sans les vérifier, ni savoir si elles sont véritablement adaptées. La seule façon d'obtenir quelque chose de complet et d'efficace est de réaliser un "prompt", c'est-à-dire une liste de consignes précises, qui prend du temps à être composée et qui demande un minimum de recherches... Ce qui n'est pas vraiment l'objectif des comptes sur les réseaux sociaux, en quête de clics faciles et de vues rapides. "
Si l'on veut passer par l'IA, il va falloir vivement améliorer notre façon de prompter pour avoir un programme sportif méga détaillé et adapté", conclut Céciliane Hochart.
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