Secrets de famille - Marie : "Je comprends pourquoi mon père a refusé l'héritage de sa mère"

Marie apprend son secret de famille au moment du décès de sa grand-mère : "Quand ma grand-mère est morte je m’attendais à ce que ses enfants se partagent sa maison et des affaires de famille. J’attendais un peu de récupérer des souvenirs aussi. Pas pour la valeur matérielle mais bien pour garder quelque chose d’elle. J’en ai parlé à mon père. Au début, il n’a rien dit et puis il a fini par lâcher le morceau. Il n’y aurait pas d’héritage parce qu’il l’avait refusé, ainsi le frère de ma grand-mère. Elle était criblée de dettes. Je suis tombée de ma chaise. Enfin pas littéralement. Mais ma grand-mère avait toujours été la grand-mère classique, comme celles qu’on voit dans les pubs. Une grand-mère qui tricote et qui fait des gâteaux ou des bons petits plats quand on vient. Même si je savais qu’elle avait une petite retraite, je savais qu’elle touchait de l’argent après la mort de mon grand-père et je voyais pas comment elle pouvait avoir dépensé tout son argent et même plus."

Marie veut en savoir plus mais son père refuse de lui en parler : "Papa ne voulait pas que ma vision de ma grand-mère change. Moi, je la voyais comme la grand-mère parfaite et il le savait. Sa mère venait de mourir, je comprends qu’il n’ait pas voulu avoir l’impression de lui cracher dessus en racontant tous ses secrets. Je me suis tournée vers ma mère. Je me doutais qu’elle savait tout parce que mes parents se parlent de tout. Et elle avait moins d’affect. Je l’ai rassurée sur le fait que j’étais capable de tout entendre et que de toute manière, je me faisais déjà des films alors que ça ne pouvait pas être pire que ce que j’imaginais. C’est comme ça que j’ai appris que ma grand-mère avait dépensé beaucoup d’argent en jouant."

La grand-mère de Marie souffrait, en effet, d’une addiction aux jeux d’argent : "Elle jouait au loto, ça je le savais. Mais je pense que des milliers de personnes font ça sans que ce soit vraiment grave. Mais mère m’a appris qu’elle jouait aussi aux jeux à gratter, qu’elle allait jouer aux machines au casino le plus proche. Qu’elle avait contracté des crédits pour continuer à jouer et qu’elle avait fini par hypothéquer sa maison. Mon père ne l’avait appris que trop tard et ma grand-mère refusait de se soigner ou de s’arrêter. De toute façon, elle était morte quelques mois après que mon père a appris la vérité. Elle avait eu le temps de creuser sa dette mais même pas d’entendre raison. Selon ma mère, elle aurait même dit à mon père que quand elle ne pourrait plus emprunter d’argent elle était prête à se suicider. Elle ne voulait vraiment pas arrêter de jouer."

Marie apprend par sa mère que l’addiction au jeu de sa grand-mère a duré plusieurs années : "Ça a duré trois ans parce qu’elle a commencé quand mon grand-père est mort. J’imagine qu’au début, c’était pour s’occuper et puis elle après elle est devenue accro à l’adrénaline. Même si elle avait mon père, sa belle-fille et moi, elle devait se sentir seule. Je l’appelais régulièrement et mon père encore plus mais on ne la voyait que tous les deux-trois mois. Je n’imagine pas ce que c’est la vie de quelqu’un qui se retrouve seul du jour au lendemain après avoir passé sa vie avec quelqu’un. Je ne peux pas lui en vouloir d’être tombée là dedans. C’était quelque chose de facile. Comme les gens qui se mettent à boire ou à regarder la télé sans s’arrêter. Des gens qui ont besoin de combler le vide. Mon père a voulu me protéger de cette vérité là mais en fait, ça m’a confortée dans le fait que je ne veux pas laisser tomber un de mes parents si l’autre décède. Je ne veux pas que celui qui reste se sente seul alors qu’il a une famille. On est une petite famille parce que ma grand-mère n’a eu qu’un enfant et mon père aussi. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas être proche, pas être là pour les autres. Je pense même que c’est le contraire. On n’a pas le choix que d’être là pour les autres. On ne peut pas se cacher derrière le fait que c’est quelqu’un d’autre qui s’en occupe. Savoir que ma grand-mère était seule, si seule qu’elle avait commencé à avoir un comportement destructeur, ça m’a fait encore plus aimer mes parents. J’aurais aimé qu’ils ne me cachent pas ça mais je sais que c’est un geste qui vient de l’amour. Alors je pardonne aussi le secret."

Certaines familles cachent des secrets qui peuvent avoir des conséquences sur plusieurs générations. Quels sont ces secrets ? Comment refont-ils surface ? Et enfin, quelles sont les conséquences que cela peut avoir sur les personnes qui les découvrent ? La série "Secrets de famille" revient sur cet épineux sujet du mensonge et de dissimulation au sein même des foyers.

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