TABOU - Ils se sont réconciliés avec leurs proches grâce à la maladie : "Je lui ai pardonné quand notre mère était dans le coma"
Il y a quelques jours, le roi Charles III a révélé souffrir d'un cancer. Son fils cadet, le prince Harry, s'est précipité en Grande-Bretagne pour être à ses côtés en dépit de la brouille entre le duc de Sussex et le reste de la famille royale britannique. Et selon bon nombre d'observateurs, cette période difficile pourrait permettre de renouer les relations entre les différents membres de la royauté. Dans d'autres familles d'anonymes brisées, l'épreuve de la maladie a resserré les liens.
On dit souvent qu'il faut profiter des siens tant qu'il en est encore temps. Mais quand les rancoeurs s'installent, les brouilles peuvent se prolonger au sein des familles, déchirées. Le prince Harry en a fait l'expérience : depuis qu'il s'est éloigné de la famille royale britannique, on le dit fâché avec son père, le roi Charles III, et son frère, le prince William. Pourtant, en apprenant que le monarque souffrait d'un cancer, le duc de Sussex n'a pas hésité à sauter dans le premier avion pour venir rejoindre sa famille.
Pour bon nombre de médias britanniques, ce geste de bonne volonté est la preuve qu'une réconciliation entre le père et le fils est en bonne voie. Certains observateurs regrettent bien sûr que cette dernière s'opère dans de telles circonstances. Mais force est de l'avouer : une maladie grave au sein de la famille peut parfois entériner la fin de disputes qui durent depuis des années.
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"Je n'avais pas parlé à mon frère depuis huit ans"
En 2020, la mère de Marco, 57 ans, contracte le Covid-19. "On savait que ce n'était pas bon signe : ma mère souffrait déjà de la maladie de Parkinson, et était en maison de retraite. Dès que j'ai appris la nouvelle, j'ai fait une chose que je ne pensais jamais faire : j'ai appelé mon grand frère." Les deux hommes ne s'étaient pas adressé la parole depuis des années. "Huit ans", précise Marco, qui explique : "Mon aîné, Toni, est parti avec ma femme. Elle m'a trompé avec lui pendant des années, et quand je l'ai découvert, c'est lui qu'elle a choisi. Ça m'a dévasté, et j'ai coupé tout contact avec eux. Ma mère aussi, d'ailleurs, tant elle était scandalisée. C'est une mamma italienne, pour qui la famille vaut plus que tout."
Malgré sa peine, toujours présente, Marco a décidé de prendre sur lui. "Il était hors de question que je cache à mon frère que maman était malade. Peut-être mourante. Je lui ai juste dit ça, et de se ramener le plus vite possible. J'étais terrifié à l'idée de le croiser, et de lui foutre mon poing dans la figure à l'hôpital. Les premiers jours, on s'est globalement ignorés." Pourtant, petit à petit, les deux hommes ont renoué le dialogue.
"Ça a commencé par des trucs tout cons. Il m'a offert une cigarette, je lui ai ramené un café. Et quand maman a été placée dans le coma, il a fondu en larmes avant de me prendre dans ses bras, comme un gosse. Cette nuit là, entre deux prières, on a tout déballé. Ma rancoeur, ma colère, sa culpabilité. Il n'avait jamais osé me dire qu'il n'était même plus avec mon ex-femme, qu'elle l'avait trompé aussi. Pour nous, ça a été cathartique. Je lui ai dit que c'était bien fait pour lui, mais que je lui pardonnais." Une réconciliation qui s'est soldée par une bonne nouvelle : "Maman a finalement battu le Covid. Elle s'est éteinte deux ans plus tard, paisiblement. Je pense qu'elle était heureuse que ses deux fils soient enfin réconciliés."
"J'ai voulu donner un rein à ma mère biologique, malgré la rancoeur"
Parfois, ce ne sont pas des frères qui se déchirent, mais des enfants et leurs parents. C'est par exemple le cas de Mélanie*, 27 ans. "J'ai été élevée par une mère célibataire jusqu'à mes 12 ans. Mon géniteur n'a jamais été dans les parages. On était super proches, jusqu'à ce qu'elle rencontre celui qui allait devenir mon beau-père. C'est avec lui qu'elle a sombré dans la drogue et l'alcool, au point de ne plus du tout s'occuper de moi. Elle a eu des propos très durs, me disant que j'avais gâché sa jeunesse, et qu'elle rattrapait les années de fêtes qu'elle n'avait pas pu vivre."
Face à ce comportement, la tante de Mélanie* s'inquiète, et finit par appeler les services sociaux. "J'ai été placée chez ma tante l'année de mes 14 ans, et ma mère a refusé de me rendre visite une seule fois. Elle a fini par renoncer à ses droits parentaux. Aujourd'hui, c'est ma tante que je considère comme ma mère, puisque c'est à elle que je dois de ne pas avoir fini en famille d'accueil ou à la rue."
Il a fallu que la jeune femme atteigne l'âge de 24 ans pour qu'elle ait à nouveau des nouvelles de sa mère. "Elle m'a contactée sur Instagram pour m'expliquer qu'elle avait quitté mon beau-père, qu'elle était sobre, et qu'elle voulait me revoir. J'ai longtemps hésité avant d'accepter, mais je me suis lancée. Elle n'avait pas l'air en forme et j'ai d'abord douté de sa sobriété. Mais elle a fini par m'avouer qu'elle était malade, et en attente d'une potentielle greffe de rein. Mais qu'elle n'y croyait pas, et qu'avant de mourir, elle voulait me demander pardon. Ça a été dur à encaisser."
Pendant plusieurs semaines, la mère et la fille échangent régulièrement, se voient, se retrouvent. "J'avais beaucoup de rancoeur, mais j'essayais de me mettre à sa place. À aucun moment elle ne m'a demandé de lui donner un rein, d'ailleurs. C'était ce qui inquiétait beaucoup mon entourage, qu'elle fasse ça pour ça."
Finalement, c'est Mélanie qui a pris la décision : "Je lui ai proposé de faire le test pour savoir si nous étions compatibles. Je crois que j'avais envie de pouvoir vraiment réparer notre relation, et pour moi, ça n'était possible que si elle était vivante." Malheureusement, le test s'est avéré négatif. "Je n'étais pas compatible. Aujourd'hui, ma mère biologique est toujours sous dialyse, dans l'attente d'une greffe. Elle s'accroche, et je la soutiens comme je peux. Mais j'ai toujours du mal à la voir à nouveau comme ma mère, et elle le sait. Pour ça, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même", conclut-elle.
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