À cause du racisme, la première grossesse de Serena Williams a failli être fatale : "Personne ne m'écoutait"
Ce lundi 1er mai 2023, à l'occasion du Met Gala, Serena Williams a dévoilé qu'elle était enceinte de son deuxième enfant. Une grossesse source de joie, mais aussi d'inquiétude pour la sportive, qui conserve un souvenir traumatique de la naissance de sa première fille.
En septembre 2017, Serena Williams et son époux, Alexis Ohanian, ont donné naissance à leur premier enfant, une fille, baptisée Olympia. Près de six ans plus tard, le couple se prépare à accueillir un deuxième bébé. Une grossesse dévoilée à l'occasion du Met Gala, et confirmée sur le compte Instagram de la sportive : "Je suis si heureuse qu'Anna Wintour nous ait invités tous les trois au Met Gala", a-t-elle écrit en légende des photos où elle prend la pose avec son mari.
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"Je me suis demandé si je devais amener des enfants dans ce monde"
Par le passé, la star mondiale du tennis avait pourtant longuement hésité à devenir mère. Dans un long texte écrit à la première personne pour le magazine Vogue, elle avait évoqué ses doutes et ses inquiétudes : "Il y a eu des moments où je me suis demandé si je devais un jour amener des enfants dans ce monde, avec tous ses problèmes. Je n'ai jamais été très confiante ou à l'aise avec des bébés ou des enfants, et je me suis dit que si jamais j'avais un bébé, j'aurais des gens qui s'en occuperaient 24 heures sur 24, 7 jours sur 7."
Finalement, Serena Williams est bel et bien devenue mère, sans le moindre regret, et elle ne cache pas son côté maman poule : "En cinq ans, Olympia n'a passé qu'une seule période de 24 heures loin de moi." Peut-être justement parce que son accouchement a été particulièrement traumatique, et que la sportive, désormais âgée de 41 ans, compte bien faire part de son expérience pour changer les mentalités.
"Personne n'écoutait ce que je disais"
Le 15 avril 2023, la championne de tennis a pris la parole sur Instagram, à l'occasion de la Semaine de la santé maternelle des femmes noires, qui se déroule chaque année au mois d'avril. Pour accompagner une photo de la naissance d'Olympia, elle a ainsi écrit : "J'ai partagé l'histoire de mon accouchement, et j'ai été choquée par la vague de soutien, mais aussi de témoignages similaires au mien. D'après les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention), les femmes noires aux États-Unis ont trois fois plus de risques de mourir pendant la grossesse ou l'accouchement."
Dans une interview accordée à la version américaine du magazine ELLE, le 5 avril 2022, Serena Williams racontait en effet le racisme subi lors de son accouchement : "Il s'est avéré que donner naissance à mon bébé était un test pour savoir à quel point et à quelle fréquence je devais appeler à l'aide avant d'être enfin entendue." Elle savait en effet qu'elle souffrait de problèmes de caillots sanguins, qui lui avaient déjà causés de graves soucis de santé. Mais, lorsqu'elle demande aux soignants des anti-coagulants, on lui répond qu'elle a la tête "embrouillée par les anti-douleurs", et qu'elle n'en a pas besoin.
"Personne n'écoutait ce que je disais", reproche-t-elle. Pourtant, à cause d'un caillot, elle fait une embolie pulmonaire. Dès lors, les complications s'enchaînent : ses quintes de toux causées par sa détresse respiratoire rouvrent la cicatrice de sa césarienne. La jeune maman doit alors être opérée pour réparer les dégâts. Mais alors qu'elle est sur la table d'opération, les médecins découvrent qu'elle fait une hémorragie interne.
Six semaines à l'hôpital, et beaucoup de colère
Six semaines et plusieurs opérations plus tard, Serena Williams peut enfin rentrer chez elle avec sa famille. Elle l'affirme : "Ma gynécologue personnelle a été formidable. Elle ne m'a jamais laissée penser que je n'étais pas écoutée. Un autre docteur devait me surveiller, mais je ne l'ai finalement vu qu'une seule fois."
Et de conclure : "Aux États-Unis, les femmes noires sont près de trois fois plus susceptibles de mourir pendant ou après l'accouchement par rapport à leurs homologues blanches. Beaucoup de ces décès sont considérés par les experts comme évitables. Être entendue et traitée de manière appropriée était dans mon cas la différence entre la vie ou la mort. Je sais que ces statistiques seraient différentes si l'établissement médical écoutait l'expérience de chaque femme noire."
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La douleur des femmes noires, souvent invisibilisée
Si Serena Williams tient tant à faire passer son message, c'est parce que le racisme médical est un véritable problème systémique. Plusieurs études, publiées par la National Library of Medicine ou Oxford Academic l'ont d'ailleurs prouvé : les médecins ont montré une tendance à la méfiance lorsque les patients noirs demandaient de l'aide pour soulager la douleur, en particulier les femmes noires. Les patients noirs sont beaucoup moins susceptibles de recevoir un traitement adéquat de la douleur dans un large éventail de diagnostics par rapport aux autres patients. Aux urgences, les patients noirs souffrant de fractures osseuses sont moins susceptibles de recevoir des analgésiques. Et parmi les enfants atteints d'appendicite, les enfants noirs sont beaucoup moins susceptibles de se voir administrer des analgésiques, y compris des opioïdes.
Selon l'Association of American Medical Colleges (AAMC), la moitié du personnel soignant blanc croit à certains mythes, comme le fait que les personnes noires auraient une peau plus épaisse, ou une sensibilité nerveuse plus faible que les personnes blanches. Des préjugés qui coûtent de nombreuses vies chaque année.
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