Claudia Tagbo : "Femme, noire et ronde… On m'a déjà dit que j'étais 'trop présente pour la caméra'"

Actrice et humoriste à succès, Claudia Tagbo fait partie des invités de "Visual Suspect", sur TF1, ce vendredi 17 février à 21h10. L'artiste peut se targuer d'avoir une belle carrière. Ce n'était pourtant pas gagné : en tant que femme ronde et racisée, elle s'est heurtée plusieurs fois à des discriminations qui auraient pu empêcher sa réussite.

À travers ses spectacles et les projets auxquels elle a participé ("Tout simplement noir", "Touchées", "Noirs en France"...), Claudia Tagbo n'hésite pas à s'engager pour des causes qui lui tiennent à coeur. En tant que femme, ronde, et noire, l'humoriste a plusieurs fois dû faire face au sexisme, à la grossophobie ou au racisme, parfois les trois à la fois, qui ont pu freiner sa carrière. Des comportements qu'elle n'a pas hésité à dénoncer dans les différentes interviews qu'elle a pu donner.

Ainsi, en 2018, alors qu'elle réagissait à la montée des marches, à Cannes, de 16 actrices françaises noires contre la discrimination des noirs dans le cinéma, Claudia Tagbo a partagé une anecdote personnelle dans l'émission "Les Grandes Gueules" sur RMC : "Imaginez-vous arriver à un casting : vous êtes femme, noire et ronde… On m'a déjà dit que j'étais 'trop présente pour la caméra'. Qu'est-ce que ça veut dire, je ne sais pas. J'ai écrit un scénario dans lequel je me voyais en tant qu'assistante dans une maison de mode. Quand je l'ai présenté à un producteur, il m'a dit que ce ne serait pas crédible…", a témoigné l'actrice franco-ivoirienne.

"Des comme toi, il n'y en a pas beaucoup"

Mais Claudia Tagbo a su faire preuve de ténacité. Une qualité insufflée notamment par ses parents dès son plus âge. "J'ai dit à mes parents que je voulais être comédienne. Mon père m'a tournée face à la télé en disant : 'Regarde, t'as vu, des comme toi, il n'y en a pas beaucoup il va falloir que tu bosses, parce que ces gens-là que tu vois à la télé ils ne se mentent pas, ils travaillent, oublie cette couleur qui a été réglée dès le départ'" a-t-elle rapporté dans "Les Grandes Gueules".

Ses géniteurs ont encouragé la jeune femme à travailler dur pour atteindre ses rêves, et à ne pas prendre en compte les remarques dénigrantes de ses camarades de classe sur sa couleur de peau. "Quand je suis revenue (de l'école; ndlr) en disant 'on m' a dit que j'étais noire', ils m'ont dit 'et alors ? Tu es noire ? Est-ce que quelqu'un t'a dit que tu ne pouvais pas le faire ? Bosse, tu vas y arriver'."

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"Marion Cotillard, est-ce qu'on va lui parler de sa couleur de peau ?"

Forte de son expérience, l'humoriste a incité les jeunes racisés à investir les milieux artistiques pour faire changer les choses de l'intérieur, et espère être un modèle pour les nouvelles générations : "Déplacez les curseurs, ouvrez les portes. Je dis aux jeunes : 'Tu as le droit d'aller au Théâtre du Rond-Point, à l'Opéra... On est en France ! La porte est fermée ? Passe par la fenêtre, casse un carreau. Chaque fois que je fais quelque chose, je pense à une petite fille qui dirait : 'Si Claudia Tagbo y est arrivée, avec sa négritude, ses fesses, ses formes, je peux y arriver'", a-t-elle déclaré en 2022 dans les colonnes du Parisien.

Si elle peut se féliciter d'avoir réussi malgré les bâtons que certaines personnes racistes, grossophobes ou sexistes lui ont mis dans les roues, Claudia Tagbo en a assez d'être ramenée à son statut d'"actrice noire", et d'être résumée uniquement à ça. "Je suis une comédienne et je me bagarre pour raconter des histoires, pour échanger avec des gens, pour transmettre quelque chose. Celui qui veut s'arrêter à ma couleur de peau, j'ai envie de lui dire 'bonne chance !'", s'est-elle exclamée sur RMC. Elle a également fait part de son agacement sur ce sujet dans le Parisien : "Marion Cotillard, est-ce qu'on va lui parler de sa couleur de peau ? Donc ça craint ! (...) Ce problème de ma couleur, pour moi il est réglé depuis très longtemps. Si on en parle encore, c'est que ce n'est pas réglé de l'autre côté. On est en France, en 2022. Si on pense encore à ces questions-là, c'est triste."

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