Elles ont choisi de devenir mères seules : "Je préfère un enfant avec un seul parent qui l'aime, plutôt qu'un enfant avec deux parents qui n'a été ni voulu, ni aimé"
Déjà mère d'un garçon né en 2021 de son union avec son ex Sebastian Bear-McClard, la mannequin Emily Ratajkowski a expliqué dans un des derniers épisodes de son podcast, "High Low with EmRata", qu'elle envisageait d'avoir un autre enfant seule. Comme elle, de nombreuses femmes ont pris cette décision. Pour Yahoo, des mères et des futures mères solo ont expliqué leur choix.
Séparée de Sebastian Bear-McClard, acteur et producteur récemment accusé de viol et de violences sexuelles, la mannequin star Emily Ratajkowski n'hésite pas à parler de son quotidien de mère célibataire dans son podcast "High Low with EmRata". Si elle s'épanche sans filtre sur son statut de maman solo, qui n'est pas toujours facile à gérer, la trentenaire a également exprimé son souhait de concevoir un enfant seule, dans un des derniers épisodes de son émission.
La mère de Sylvester, né donc de sa relation avec Sebastian Bear-McClard en 2021, n'exclut pas d'élever un autre enfant sans un père à ses côtés, comme elle l'a expliqué dans son podcast : "C'est sûr que j'aimerais avoir d'autres enfants, j'aime vraiment être mère. Mais je ne suis pas certaine de trouver quelqu'un avec qui je voudrais élever un enfant. (...) Personnellement, je n'aurais pas peur d'avoir un enfant toute seule. Je ne dis pas que c'est la meilleure ou la seule façon de le faire, mais je me vois bien faire ça dans le futur - faire une FIV (Fécondation in vitro; ndlr) à la fin de ma trentaine pour que Syl ait un petit frère ou une petite sœur."
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"Mes copines m'ont trouvée folle"
Ce choix d'élever un enfant seule, de nombreuses mères l'ont fait. Garder un enfant, enceinte, après une rupture avec le père de ce dernier, trouver un donneur parmi ses proches, décider de se lancer dans une PMA (Procréation médicalement assistée)... Il existe de nombreuses manières de devenir mère et d'assurer l'éducation de sa progéniture seule. Parfois décrié, le choix de ces femmes est pourtant éclairé et relève d'un désir plus fort que celui d'être en couple.
Ainsi, c'est en lisant un livre que Cleo*, 36 ans, a décidé de sauter le pas. "L'une des héroïnes décide de tomber enceinte d'un homme sans lui dire. Je me suis dit : 'pourquoi pas moi ?'." La trentenaire s'organise. "Pour tomber enceinte, j'ai calculé les dates de mes règles et d'ovulation, et j'ai eu des rapports non protégés avec un mec que je ne compte jamais revoir. Il n'est au courant de rien. Mes copines m'ont trouvé folle, mais elles m'ont accepté et soutenue. Mes parents ont été déçus, mais pas surpris. Ils s'inquiétaient à l'idée que je me retrouve à galérer toute seule, ou que le père me retrouve et décide de demander la garde de leur petit-fils."
"Les gens imaginent direct que le papa s'est fait la malle"
Aujourd'hui mère d'un petit garçon de presque deux ans, la jeune femme ne regrette pas sa décision : "Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours voulu avoir une grande famille. Je rêvais de tomber enceinte à l'adolescence, même si je savais que ce n'était pas une bonne idée. L'idée de faire un bébé toute seule ne m'a jamais vraiment effrayée. J'aurais préféré le faire à deux, mais les mecs fiables, ça ne court pas les rues. Après une relation particulièrement toxique, je me suis décidée, tant pis pour le regard des autres. La vérité, c'est qu'on ne demande même plus aux mères pourquoi elles sont solo, les gens imaginent direct que le papa s'est fait la malle. Je savais que je serai une bonne mère, et ça m'évitait d'avoir à attendre de trouver le bon père."
Si elle se consacre entièrement à son fils, Cleo n'exclut pas de rencontrer quelqu'un à l'avenir : "Je comprends les gens qui ne veulent pas sortir avec des parents solo. Pour l'instant, je me concentre sur ma vie de maman et sur ma carrière, sans me fermer de portes. Mais si je présente un jour quelqu'un à mon fils, ça sera après mûre réflexion. Pas envie de lui imposer une série de beaux-pères."
La jeune mère célibataire pense aussi au futur de son enfant. Lorsqu'il se questionnera sur ses origines, elle ne veut rien lui cacher. "Je serai honnête. Je l'ai fabriquée toute seule, je suis sa mère. Au moins, il n'aura pas à subir le fait d'avoir été abandonné par un parent qui ne voulait pas de lui. Et s'il m'en veut... Eh bien on verra à ce moment-là, mais j'espère que ça n'arrivera pas."
"Le temps joue contre moi, je n'ai pas envie de passer à côté de la maternité"
Cleo est loin d'être la seule à se heurter aux jugements extérieurs : "Certains amis comprennent, d’autres non et trouvent ça égoïste, mais c’est un choix que je leur ai expliqué et qui a été réfléchi", se défend Pauline, 36 ans. La jeune femme découvre son envie profonde d'être mère lorsqu'elle tombe enceinte pour la première fois : "J’ai rencontré quelqu’un en 2018 et je suis tombée enceinte au bout de quatre ou cinq mois de relation. On s’est rendus compte que je faisais une grossesse extra-utérine avec la trompe rompue. J’ai fait une hémorragie interne. Opérée en urgence, on a dû me retirer la trompe, ça a été terrible. Quelque chose en moi a changé." Alors qu'elle vit la perte de son futur bébé, Pauline rompt avec son compagnon. Mais son désir d'enfant tout juste découvert reste ancré en elle : "Malgré mon âge, j’ai une réserve ovarienne qui est basse, en dessous de la moyenne. Le temps joue contre moi, donc je n’ai pas non plus envie d’attendre quelqu’un et de passer à côté de la maternité."
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Dans l'entourage de Pauline, deux hommes se proposent de l'aider à concevoir un enfant. "J’ai un ami qui s’est proposé en tant que donneur de manière "artisanale", "à domicile". Finalement il s’est rétracté, en se disant que ce serait compliqué pour lui de se dire 'c’est mon enfant' mais que l'enfant en question ne saurait sûrement jamais que c’était lui le papa", indique la jeune femme, qui finira par tomber enceinte "naturellement" d'un autre ami en 2021. "On a eu notre rapport le 29 décembre, je suis tombée enceinte, mais on a dû stopper la grossesse", raconte-t-elle. Face à ces échecs, Pauline décide de se tourner vers la PMA. Après une tentative en Espagne qui n'a pas fonctionné, la trentenaire a finalement entamé des démarches en France, après la légalisation de la PMA pour toutes, en septembre 2021, qui autorise les couples de femmes et les femmes célibataires à recourir à cette technique. "C’est plus simple et tout est pris en charge par la Sécurité sociale", se réjouit Pauline, qui a du débourser 18 000 euros pour une FIV en Espagne.
"Je te paye la clinique, ce sera ça en moins sur ta part d’héritage"
Florence, 46 ans, mère célibataire d'un enfant, connaît très bien l'effort financier que la conception d'un bébé en solo représente : "J’ai dépensé 11 000 euros", confie-t-elle. "Je m’étais dit d’abord, 'je me laisse jusqu’à 35 ans avant de rencontrer quelqu’un et d’avoir un enfant.' Et puis mes 35 ans sont passés, je n'ai pas rencontré la bonne personne et à mes 40 ans, je me suis dit 'c’est maintenant'. Il y a un moment où on sacrifie un peu sa vie pour sa carrière… Le couple n’était pas forcément une priorité dans ma vie non plus. Je ne voulais pas que ce soit trop tard et d’avoir des regrets, c’était impossible. Concevoir ma vie sans enfant, impossible, mais concevoir ma vie sans être en couple, ça, c’était totalement possible. J’ai décidé de mettre ma vie sentimentale entre parenthèses pour me consacrer à la PMA et ne pas avoir des bâtons dans les roues, qu’on me dise 'non, on va attendre un peu', et qu’ensuite ce soit trop tard."
Après deux tentatives infructueuses, la quadragénaire, également engagée dans une PMA de l'autre côté des Pyrénées, s'est retrouvée au pied du mur : "Je ne pouvais pas faire de troisième transfert (transfert d'embryon, qui consiste à placer au fond de la cavité utérine le(s) embryon(s) qui se sont développés en laboratoire; ndlr), je n’avais pas les moyens. Ma mère m’a tellement vue mal, qu’elle m’a dit 'je te paye la clinique, ce sera ça en moins sur ta part d’héritage'. Et elle m’a fait le plus beau cadeau. Sans elle, je ne serais pas avec mon petit miracle, mon fils." Alors que son enfant, Rafael, a maintenant un peu plus d'un an, Florence évoque déjà ses origines avec lui : "Je parle à mon fils depuis le jour du transfert, je lui raconte son histoire, après c’est compliqué à expliquer, mais je lui dis que j’aurais été jusqu’au bout du monde pour l’avoir. Et je remercie mon fils de m’avoir choisie, je lui ai dit."
"Dans beaucoup de familles, le père ne fait pas grand chose"
Si Florence a pu compter sur le soutien de sa mère, ce n'est pas le cas de tout le monde. Coca P.*, 43 ans, a décidé de ne pas informer sa famille de son intention de devenir mère célibataire, et d'affronter cette épreuve seule : "Je suis au bout du tunnel et les résultats sont négatifs", déclare celle qui a hésité longtemps avant de se résoudre à entamer des démarches pour une PMA en France. "La décision n'a pas été facile, je voulais absolument un père", s'est-elle remémoré. "Sauf que je me suis rendu compte que dans beaucoup de familles, le père ne fait pas grand-chose... Je vois et j'ai eu beaucoup d'amies ou de connaissances qui en avaient marre de tout assumer ou presque, et qui sont dépendantes financièrement car elles sont rentrées dans le schéma couple, bébé, maison, deux voitures, un chien et/ou un chat, qui se sont mises en temps partiel", décrit-elle."Moi qui suis autonome et dépendante financièrement depuis mes 23 ans, cette vie ne me convenait pas."
Un avis partagé par Ella, 32 ans, pour qui le désir d'enfant a toujours été présent : "Je suis tombée enceinte naturellement accidentellement à 18 ans, une fausse couche tardive à six mois de grossesse et depuis, ce désir est devenu un besoin. À 27 ans, j'ai fait une grossesse extra utérine qu'on a dû stopper. J'ai eu une trompe de retirée et une endométriose de détectée. Je ne vivais plus que pour ça, ça a brisé mon couple. Aujourd'hui, je n'ai plus le temps d'attendre "le bon". Apprendre à se connaître, avoir un désir d'enfant à deux, se lancer dans la procédure FIV... C'était pour moi trop long. Je dis souvent que je préfère un enfant avec un seul parent qui l'aime au-delà du possible, plutôt qu'un enfant avec deux parents mais qui n'a été ni voulu, ni aimé, ni aidé, ni respecté."
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"Quand on est maman solo, on est étiquetée "maman angoissée""
Outre le coût émotionnel et/ou financier que peut représenter l'envie de devenir ou d'être une mère célibataire, ces femmes se heurtent aussi à des remarques et à des situations violentes. Ainsi, Ella se souvient d'une secrétaire médicale mal informée qui lui a lancé "Ce n'est pas de ma faute si vous n'y arrivez pas naturellement hein." "Niveau difficultés, je pense avoir été servie... Le but du jeu c'est de n'insulter personne, de ne frapper personne et de rester calme et polie", résume la trentenaire.
Florence reconnaît elle aussi devoir faire face au jugement de la société : "La difficulté quand on est maman solo, c’est qu’on est étiquetée "maman angoissée". J’ai dû me battre et je me bats encore. Le corps médical m’a remise en question en tant que maman, ne m'a pas écoutée. Il a fallu que mon fils ait du sang au niveau de la bouche pour qu’on décide de faire des examens. C’est précisé dans le dossier médical, "maman angoissée, maman célibataire". Bien sûr, on a quand même des inquiétudes par rapport aux finances, on se demande comment faire les nuits seule... Mais malgré les difficultés, je le referais si c'était à refaire. Quand on a un désir d’enfant viscéral, il faut y croire, il faut se battre. Mon bébé a été mon plus beau combat, ma plus grande fierté. Oui, on ne l’a pas fait à deux, mais mon fils est issu de l’amour."
*Les prénom ont été modifiés.
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