Shrinkflation : cette rumeur qui circule sur les tampons serait fausse

Sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, plusieurs témoignages de femmes assurant que leur tampons leur paraissaient plus petits ont fleuri ces derniers temps, sans que leur prix, lui, ait diminué. La taille des tampons a-t-elle vraiment changé ?

Shrinkflation : cette rumeur qui circule sur les tampons serait fausse  Photo : Getty Creative
Shrinkflation : cette rumeur qui circule sur les tampons serait fausse. Photo : Getty Creative

Sur TikTok, les témoignages pullulent. Plusieurs américaines assurent avoir constaté une réduction de la taille de leurs tampons. Pour quelle raison ces protections menstruelles auraient-elles rapetissé ? Certaines voient dans la "shrinkflation" -un phénomène économique dans lequel les entreprises réduisent la taille de leurs produits tout en gardant le prix identique ou en l'augmentant- un élément de réponse.

En France, les protections menstruelles ont connu une hausse des prix. Le prix moyen d'une boîte de tampons a augmenté de 30 centimes en un an, pour atteindre 3,18 euros, ce qui accroît la précarité menstruelle, comme le rapporte France Bleu dans un article de 2023. Ces hausses sont surtout dues à l'augmentation de la pâte à papier, tirée par le cours du bois. Le processus de fabrication de ces produits est également très énergivore, et la hausse des coûts de l'énergie fait aussi grimper les prix.

Pour autant, rien n'indique que la taille ou l'absorption des protections menstruelles aurait varié, contrairement à ce que les consommateurs ont dénoncé pour d'autres articles (comme les paquets de chips ou les sodas notamment, moins remplis mais dont le prix reste identique). Pour lutter contre ce phénomène, dès le 1er juillet, les acteurs de la grande distribution vont d'ailleurs être obligés de mentionner en rayon les produits ayant réduit leur quantité sans baisser leur prix. La mesure a été décidée en avril dernier par le gouvernement.

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Plusieurs des femmes témoignant sur les réseaux ont également assuré s'être d'abord demandé si leur cycle menstruel avait été modifié de quelque manière que ce soit, avant de remettre en cause la taille des tampons, confortées par de nombreux témoignages similaires consultés sur les réseaux sociaux. Certaines affirment même s'être rendues chez leur médecin traitant ou leur gynécologue, sans que ces professionnels de santé, pour la plupart, n'aient détecté d'anomalie.

Mais la production des tampons, notamment aux États-Unis d'où émanent les plaintes de certaines consommatrices, est soumise à de nombreuses réglementations. Contactée par Glamour, Tampax a assuré qu'aucun tampon n'a subi de "shrinkflation" : "Les tampons sont réglementés par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et respectent les plages d'absorption ou de taille indiquées sur le côté de chaque emballage", a déclaré un porte-parole de Tampax. "Les plages d'absorption de la FDA n'ont pas changé depuis leur introduction il y a plus de trente ans. Cette réglementation s'applique également à toutes les marques de tampons (...) qui doivent respecter les mêmes directives."

Ainsi, selon la FDA, les tampons de Tampax surnommés Ultra doivent pouvoir absorber 15 à 18 grammes de fluide, quand les plus fins absorbent jusqu'à 6 grammes de fluide. Tampax suppose que si l'aspect des tampons peut sembler plus petit sur les photos circulant en ligne, cela pourrait être en raison des applicateurs, qui peuvent eux avoir changé, mais pas le tampon à l'intérieur.

Si les tampons peuvent sembler plus condensés à l'ouverture, Tampax réaffirme qu'il n'y a pas de différence d'absorption. Pour une bonne raison : aux États-Unis, les tampons sont considérés comme un dispositif médical de classe II au même titre que les appareils auditifs, les fauteuils roulants électriques et certains tests de grossesse (cependant, en France, ils sont désignés comme étant des produits de consommation courante). Ce qui signifie que la FDA réglemente entre autres l'absorption et la taille des tampons, afin que les produits de chaque marque soient conformes aux normes de l'industrie et de la FDA.

En France, pour aider les femmes dans le choix d’un tampon adapté, le pouvoir absorbant a été normalisé dans de nombreux pays et régions (y compris en Europe) et est symbolisé sur l'emballage des protections menstruelles par un certain nombre de gouttes. La classification de ces gouttes est définie par le Code européen de bonnes pratiques relatif aux tampons, précise la marque Nett sur son site internet : une goutte indique ainsi une capacité d'absorption de moins de 6 grammes et six gouttes indiquent une capacité d'absorption de 18 à 21 grammes.

Aussi, l'article 4 du décret n° 2023-1427 du 30 décembre 2023 relatif à l'information sur certains produits de protection intime fixe plusieurs modalités et précautions d'utilisation, dont le fait que la personne doit avoir accès à une indication explicite de la capacité d'absorption du produit, sachant qu'en moyenne, un tampon doit être changé régulièrement, soit toutes les 4 à 8 heures.

Rien ne semble donc indiquer que la taille des tampons ait bel et bien subi une shrinkflation. Néanmoins, si vous continuez à observer des changements importants de votre flux, que vos règles durent plus longtemps ou que vos tampons fuient, dirigez-vous vers un professionnel de santé.

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