Vie de mensonge - Maguelonne ment à son compagnon sur cette maladie qui la fait se "tordre de douleur au moins deux semaines par mois"

Maguelonne a toujours connu des douleurs liées à son cycle menstruel. Mais avec le temps, elle s'est aussi rendu compte que mentir sur son état lui permettait d'avoir plus d'attention de son compagnon.

Vie de mensonge - Maguelonne ment à son compagnon sur cette maladie qui la fait se
Vie de mensonge - Maguelonne ment à son compagnon sur cette maladie qui la fait se "tordre de douleur au moins deux semaines par mois". Crédit : Getty

Maguelonne souffre de migraines et de douleurs liées à son cycle depuis l’adolescence : "Je me suis toujours dit que c’est parce que j’était une femme que je souffrais. Que c’était normal. Que les femmes souffraient et que c’était comme ça. Ma mère a toujours eu beaucoup de souffrance autour de son cycle. Je l’ai connue enfermée dans sa chambre, dans le noir, à demander des bouillottes à mon père. Pour moi, depuis toute petite, c’est normal de souffrir quand on est une femme. On ne s’en plaint pas. On supporte, c’est tout. Quand j’ai eu mes règles pour la première fois, j’ai découvert ce que ma mère vivait. Je perdais beaucoup de sang et j’avais très mal. Avant et pendant. Je faisais partie de celles qui étaient exemptées de cours de sport. J’allais à l’infirmerie sans arrêt. J’avais tout le temps peur de tâcher mes affaires. Et puis les migraines sont arrivées et, avec elles, j’ai découvert ce que c’était de souffrir vraiment. D’avoir mal à vouloir s’en dévisser la tête. À s’en arracher les yeux. Heureusement ma mère avait des médicaments pour ça à la maison. Mais je ratais l’école."

Devenue adulte, Maguelonne découvre que ses douleurs peuvent lui valoir une attention accrue chez son partenaire : "Je me suis mise en couple plutôt jeune. J’ai rencontré mon amoureux à 19 ans. Je n’ai jamais caché que je souffrais. Il me voyait me tordre de douleur au moins deux semaines par mois. Et avoir plusieurs jours de migraine par mois dans tout ça. Ça faisait partie du quotidien. Il a pris l’habitude de me faire des bouillottes, comme mon père faisait à ma mère, d’avoir mes médicaments sur lui, de toujours savoir où étaient les choses qui pouvaient me soulager. Des poches de froid, de chaud, des masques pour les yeux, du baume du tigre, des choses comme ça. Et je me suis habituée à cette attention. Alors au fur et à mesure du temps, je me suis habituée à en faire un tout petit peu plus que nécessaire. J’ai mal, c’est sûr, mais je n’ai pas toujours besoin qu’il s’occupe du dîner, qu’il soit aux petits soins pour moi pendant que je végète dans le canapé ou le lit. Je pourrais gérer, et je le fais d’ailleurs au travail. Mais je dis que je me sens très mal et je délègue le maximum. C’est le mensonge avec lequel je vis. Il reste basé sur une réalité mais je ne peux pas nier que je me fais passer pour plus malade que je ne le suis."

Maguelonne culpabilise : "Quand j’y réfléchis, je me dis que ça ne donne pas une bonne image des femmes. Si mes proches, dont mon mec, s’en rendaient compte, je ne serais plus jamais prise au sérieux. Et peut-être même que d’autres femmes, qui souffrent vraiment beaucoup, ne seraient pas prise réellement au sérieux aussi. On ne devrait pas mentir sur ce genre de choses. Moi, mon mensonge est difficile parce qu’il est basé sur quelque chose de sérieux. Je fais vraiment des migraines. J’ai vraiment mal avant d’avoir mes règles et pendant. C’est quelque chose de compliqué pour moi à gérer. Mais j’en fais aussi un tout petit plus. Pour avoir des câlins, pour avoir de l’attention, pour qu’on s’occupe de moi. Je ne trouve pas ça si incompréhensible. Même si je sais que mon geste pourrait ne pas être accepté et même que je pourrais être rejetée si ça se savait. Je ne suis pas sûre que mon copain me quitterait mais je pense que ça lui ferait du mal de se rendre compte que je l’ai un peu manipulé. Et comment croire après ce qui relève d’une réalité ?"

Elle voudrait revenir sur son mensonge mais n’y arrive pas : "Ce serait simple d’arrêter de mentir. Il suffirait d’arrêter de me plaindre et de dire que je souffre très fort quand c’est supportable. C’est quasiment une décision que je peux prendre au jour le jour, celui de dire la vérité, plutôt que de mentir. Dans ce sens, c’est un mensonge plutôt facile à gérer. Mais la vérité, c’est que je n’y arrive pas tellement. Je me suis habituée à ce confort. À ce qu’il se lève plus tôt que moi, à ce qu’il pense aux choses à ma place, à ce qu’on ne m’en demande pas trop. Je me suis habituée à ce qu’on me traite avec douceur et qu’on fasse attention à mes limites. Je ne peux pas m’empêcher de penser que ça devrait être normal. Que toutes les femmes devraient être traitées comme ça et pas seulement celles qui vont mal, qui d’ailleurs ne sont pas toutes traitées aussi bien que moi. Je profite d’avantage que je ne mérite pas. Mais une petite partie de moi veut croire que c’est pour rétablir une forme de justice. Oui, ce n’est pas bien. Oui, il ne faudrait pas que ça se sache. Mais, dans un sens, je ne fais rien de vraiment mal. Tant qu’on me fait confiance, je ne fais souffrir personne."

Qui sont ces gens qui mentent sur leurs vies, leurs histoires ou leurs personnalités ? Comment en vient-on à mentir ? Pour certaines personnes, il n’est pas possible d’être totalement honnête même auprès de proches ou de personnes aimées. Essayons de comprendre un peu mieux ceux et celles qui mentent malgré l’amour. Si vous aussi vous voulez raconter vos histoires exceptionnelles, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.