Amour et arnaque - Elisa : "Il me plaisait beaucoup donc je lui ai proposé de l’aide. Le lendemain, il m’envoyait les documents. Ça a été l’engrenage"
Elisa est restée un an avec un homme qui se cachait derrière une phobie administrative pour lui soutirer de l'argent. Au final, la jeune femme a perdu plus de 5000 euros. Elle raconte son histoire.
Elisa a été en couple pendant plus d’un an avec un homme qui lui a annoncé dès le départ souffrir d’une grave phobie administrative : "On a trouvé nos profils sur une appli et on a vite eu un premier rendez-vous. C’est là qu’il m’en a parlé la première fois. Il l’a dit sur le ton de la blague : "Tu verras, j’ai des gros problèmes avec tout ce qui est papier". Ça m’a fait rire et j’ai dû lui répondre que moi non plus, je n’aimais pas trop ça. Mais ça n’avait rien à voir en fait. Le deuxième rendez-vous était bien. Et dès le troisième, il a commencé à me parler de ses problèmes. Il devait voir un truc avec les impôts parce que les deux dernières années, il n’avait pas rempli sa déclaration. J’étais choquée qu’il me dise un truc pareil. Il me plaisait beaucoup donc je lui ai proposé de l’aider. Le lendemain, il m’envoyait les documents pour que je m’en occupe à sa place. Là, ça a été l’engrenage."
Elisa découvre assez vite que les problèmes administratifs de son compagnon génèrent des problèmes d’argent : "Il n’avait rien sur son compte. Tout était ponctionné pour des factures ou les impôts. Le reste lui servait à payer son loyer. Il payait plein pot ses rendez-vous médicaux et ses médicaments parce qu’il ne refaisait pas sa carte vitale et ne demandait jamais des remboursements. Son propriétaire lui devait de l’argent parce qu’il avait payé trop de charges. Il en avait la preuve grâce à ses voisins mais il ne relançait pas le propriétaire. Il y avait tellement d’argent perdu. C’était vertigineux. Je commençais à l’aider, je décidais d’y consacrer une heure ou deux et je me rendais compte qu’il allait falloir que je revienne et pas qu’une fois. Il y avait tellement à faire. J’essayais de prendre les choses dans l’ordre : il avait besoin de se soigner donc d’avoir une carte vitale. Ça a été mon premier projet. Et en parallèle de ça, comme il n’avait rien sur son compte, c’est moi qui payais les sorties au restaurants ou au café. Je ne me posais même pas la question. C’était devenu une évidence."
"Il avait besoin d'argent pour payer l'électricité"
Le compagnon d’Elisa finit par lui demander directement de l’argent : "Je ne m’y attendais pas et en même temps quand il l’a fait, je n’étais pas surprise. Il avait besoin de faire un voyage pour l’anniversaire de sa nièce, il avait besoin d’argent pour payer l’électricité et ses courses. Il m’a demandé ça sans gêne, sans avoir l’air honteux, ou quoi que ce soit. J’étais devenue quelqu’un qui l’aide et ça voulait dire dans tous les sens du terme. Je pense qu’à ce moment-là, je n’étais déjà plus une amoureuse, pour lui mais juste quelqu’un dont il peut profiter. Cette fois-là, et les trois autres fois suivantes, j’ai dit oui. Je ne supportais pas qu’il galère autant. Il avait fini par me mettre dans la tête que c’était une injustice, que le système lui en voulait.".
Elisa lui donne plus de 5000 euros en quelques mois : "Je ne compte pas les sorties que j’ai pu payer et les cadeaux que je lui ai faits. Sinon, ça serait beaucoup plus. J’ai même payé pour des cadeaux d’anniversaire de ses amis. Je sortais le portefeuille pour tout et ça me rend dingue d’y repenser. Je voulais tellement que cette histoire marche. Je me disais que c’était normal de soutenir la personne qu’on aime pour qu’elle aille mieux. Je l’aurais fait pour quelqu’un qui avait une maladie grave ou pas. Pour moi, c’était pareil. Je ne pouvais pas ne pas l’aider."
C’est une conversation avec une amie de son compagnon qui précipite la prise de conscience et la rupture : "On était en train de fumer dehors pendant une soirée et elle m’a dit qu’elle trouvait que j’étais bien courageuse de l’aider comme ça. Je lui ai demandé ce qu’elle voulait dire et, je pense parce qu’elle avait bu, elle a fini par me dire que "d’habitude, les filles ne restent pas si longtemps". Elle m’a expliqué que c’était un schéma qui se répétait à chaque fois. Il ne faisait aucun effort en fait. Il trouvait des filles qui étaient prêtes à l’aider et à lui payer des choses pendant un moment avant qu’elles ne finissent par réaliser que rien ne changerait et partir. Moi, je m’étais accrochée. Et ce n’était pas une bonne chose. J’étais en train de me faire manipuler depuis le départ. Elle m’a dit qu’elle trouvait ça dégueulasse la façon dont il traitait ses copines. Elle m’a dit que c’était un peu "un parasite" avec les filles. C’était différent avec ses amis donc, ils laissaient tous passer mais avec les femmes, "ce n’était pas quelqu’un de bien". J’ai revu toute mon histoire dans ma tête. Je me suis vue m’épuiser au téléphone pour lui, lui faire des virements. J’ai vu à quel point il ne m’apportait rien, lui. C’était une relation à sens unique. Ce soir là, je lui ai annoncé que c’était fini. Je lui ai demandé de me rendre mon argent et je suis partie. Je le relance tous les 2/3 mois de façon un peu agressive et j’ai prévu de demander à un ami proche de l’appeler aussi pour lui mettre des coups de pression. Je ne veux pas savoir comment il va faire pour trouver l’argent. Mais je veux qu’il me le rende, ça, c’est sûr."
Quand les sentiments s’en mêlent, il n’est pas si difficile d’être vulnérable jusqu’à la manipulation. Et de plus en plus de personnes ont peur de l’arnaque financière. Est-ce du vol quand on donne son argent de bon coeur ? Et surtout comment en arrive t-on à se faire arnaquer ? Amour et arnaque revient sur ces histoires ou le mensonge et la manipulation se sont invité dans des histoires d’amour et d’amitié. Si vous aussi vous voulez raconter vos histoires exceptionnelles, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.