Camille Rowe victime de sexisme en direct, un humoriste l'humilie : "La super top, on veut tous la b*iser !"

À l'affiche de "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", ce mardi 12 septembre sur France 2, Camille Rowe, mannequin et actrice, est, de part son métier, très exposée. À ses risques et périls : invitée sur le plateau du "Grand Journal", la jeune femme a été victime d'un commentaire extrêmement sexiste.

BEVERLY HILLS, CALIFORNIA - MARCH 12: Camille Rowe-Pourcheresse attends the 2023 Vanity Fair Oscar Party Hosted By Radhika Jones at Wallis Annenberg Center for the Performing Arts on March 12, 2023 in Beverly Hills, California. (Photo by Cindy Ord/VF23/Getty Images for Vanity Fair)
Camille Rowe victime de sexisme en direct, un humoriste l'humilie : "La super top, on veut tous la b*iser ! (Photo by Cindy Ord/VF23/Getty Images for Vanity Fair)

Invitée en octobre 2016 sur le plateau du "Grand Journal", Camille Rowe a été la cible d'un commentaire particulièrement sexiste et vulgaire. Alors égérie Dior et tête d'affiche des Galeries Lafayette, elle était assise aux côtés du photographe Peter Lindbergh. Le présentateur la décrit comme "La top, super top, méga top du moment". Le chroniqueur Lamine Lezgahd rebondit et ajoute : "Super top, méga top, on veut tous la b*iser !" Et devant la réaction du public et celle de la journaliste transgenre Brigitte Boréale, il ajoute : "Mais ça va les PDs non ? On peut se faire plaisir, nous ? Qu'est-ce qu'il y a ? C'est un compliment !"

Camille Rowe semble surprise, baisse la tête, et rit. Mais ce n'est pas à elle d'avoir honte. D'ailleurs, quand Lamine Lezgahd cherche son approbation du regard, elle ne la lui donne pas. "On ne valide pas, carton rouge !", renchérit Alice Darfeuille, également présente en plateau. "On valide pas ? Bon bah, je me casse, allez", finit par dire Lamine Lezgahd, faisant semblant de disparaître en coulisses. Il ne s'est pas excusé, devant un plateau médusé.

"Le machisme n'est pas de l'humour"

Devant le machisme décomplexé de cette plaisanterie de très mauvais goût, "Osez le féminisme" avait décidé de saisir le CSA jugeant ses propos "sexistes" et même "homophobes". L'association avait également écrit un communiqué à cette occasion, où elle avait fait part de"sa consternation et de sa colère face aux propos qui ont été tenus" par l'humoriste. "Consternation, car nous sommes encore étonnées de constater qu’en 2016 certains font du sexisme leur fonds de commerce humoristique. Nous le rappelons : le sexisme n’est pas drôle. Rabaisser une femme au rang d’objet sexuel n’est pas drôle. Le machisme n’est pas de l'humour, c’est une oppression des femmes," a martelé "Osez le féminisme".

Selon le collectif féministe, cette phrase révèle "l’ampleur de la culture du viol qui sévit en France." Et d'ajouter : "Les mots ont un sens, et quand M. Lezghad dit 'On veut tous la baiser', il dit 'On veut l'humilier, la rabaisser au rang d’objet sexuel que l’on possède.' (…) Il s’en prend aux hommes homosexuels, qui ne sauraient apprécier les 'charmes' de Camille Rowe."

Une photo dénudée, un contrat annulé

Si elle n'a pas réagi publiquement, cette dernière se serait bien passée de ce genre de commentaires. Mais quoi qu'elle fasse, il semblerait que les gens aient leur avis à donner. Ainsi, après avoir fait la Une en topless du magazine pour hommes "Lui", qui a titré son numéro "À nous les petites françaises", la mannequin aurait perdu un contrat. C'est en tout cas ce qu'a révélé Frédéric Beigbeder sur le plateau du "Grand Journal", en 2016. Après l'avoir choisie pour poser en Une de son magazine, celui qui était le directeur de la rédaction de l'époque a fait tourner cette dernière dans son film "L'Idéal" (2016).

Si la remarque sexiste à son encontre et l'annulation de son contrat étaient survenus en 2017, après le mouvement féministe #MeToo, peut-être que la réaction de Camille Rowe n'aurait pas été la même. En janvier 2017, la mannequin faisait d'ailleurs déjà partie des 750 000 manifestants qui ont participé à la Marche des femmes, au lendemain de l'investiture de Donald Trump, élu président des États-Unis face à Hillary Clinton. La jeune femme était alors très inquiète et mobilisée pour la cause des femmes, comme l'a rapporté Elle Canada en 2017 : "J'ai peur. Et je suis en colère, et je suis bouleversée. Il y a beaucoup de travail à faire, et beaucoup de travail que nous pouvons faire. De nombreux groupes se réunissent pour proposer des actions très concrètes, des numéros de téléphone à appeler et des personnes à contacter - et les gens le font, ce qui est positif. Mais nous vivons toujours une période très effrayante. Je suis constamment au bord de la crise de panique." Une réaction compréhensible au regard de ce qu'elle a elle-même vécu.

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