Comme Alice Detollenaere, elles ont subi une mastectomie préventive : "L'ablation de mes seins était la seule solution pour me rassurer"

PARIS, FRANCE - OCTOBER 03: Camille Lacourt and Alice Detollenaere attend the
Alice Detollenaere et son compagnon Camille Lacourt. (Photo by Foc Kan/WireImage)

Ce dimanche 27 mars 2022, dans une longue vidéo publiée sur Instagram, Alice Detollenaere a raconté pourquoi et comment elle avait opté pour l'ablation préventive de son deuxième sein pour diminuer les risques de développer un deuxième cancer du sein. Et comme elle, de plus en plus de femmes ont recours à la mastectomie préventive. Une opération tout sauf anodine, mais qui peut sauver des vies.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent en France. Il représente la première cause de décès par cancer chez la femme, et l'une des premières causes de décès chez ces dernières en général. Cette pathologie est loin d'être un fait isolé puisque chaque année, selon les chiffres de Santé Publique France, ce sont plus de 58 000 nouveaux cas qui sont constatés. 12 000 personnes perdent la vie tous les ans à cause de cette maladie. Pour lutter contre ce phénomène et tenter de l'enrayer, de nombreux dispositifs de prévention ont été mis en place. Et parmi eux, la mastectomie préventive reste un sujet relativement tabou.

Vidéo. "On m'a dit : "Vous êtes trop jeune pour vivre sans seins""

D'Angelina Jolie à Alice Detollenaere, la mastectomie préventive chez les stars

La première fois que le concept de mastectomie préventive, ou mastectomie prophylactique, a été évoqué, c'était en 2013. Cette année-là, Angelina Jolie se confie à coeur ouvert dans les colonnes du New York Times et explique sa situation. Porteuse d'un gène BRCA1 qui l'expose à un risque de 87% de développer un cancer du sein, elle a préféré opter pour l'ablation totale puis la reconstruction de sa poitrine plutôt que de prendre un risque. Un choix qui avait fortement étonné à l'époque tant ce type de procédure était rare en France. Au sein de l'Hexagone, les professionnels de santé recommandent plutôt une ablation des ovaires associée à la prise de tamoxifène, un médicament anticancéreux, qui fait baisser fortement le niveau de risque tout en permettant aux personnes concernées de conserver leur poitrine.

9 ans plus tard, c'est au tour d'Alice Detollenaere de se confier à ce sujet. Sur Instagram, la compagne de Camille Lacourt a décidé de ne rien cacher de son parcours, bien décidée à répondre à toutes les questions, même les plus intimes, dans un objectif préventif. "Pour celles qui pensent que l'ablation préventive est infranchissable. Pour celles qui ont besoin d'infos. Pour celles qui ont peur. Et pour ceux et celles qui vivent la même chose. Je n'ai pas le temps de répondre à tous les messages, alors j'ai eu l'idée de filmer ce témoignage pour que vous trouviez une partie de vos réponses", précise-t-elle. Renseignements, prise de décision, préparation pour la chirurgie, acte en lui-même, sans oublier les conséquences, les douleurs mais aussi l'aspect rassurant de la procédure et de son efficacité : elle dit tout dans un témoignage qui a profondément touché les internautes. Et qui pourrait bien permettre d'éveiller les consciences.

"J'ai préféré prévenir que guérir"

À 40 ans, Martha vient tout juste de subir une mastectomie préventive, et l'histoire d'Alice Detollenaere la fait sourire avec émotion. "On s'est fait opérer exactement le même jour, pour la même raison", nous confie-t-elle. "J'avais 27 ans quand on a découvert une tumeur cancéreuse dans mon sein gauche. Quand j'ai découvert que j'avais un cancer du sein, je me suis effondrée. Je voyais déjà la mort venir, persuadée que si une telle chose m'arrivait si jeune, c'était un signe du destin. Puis, j'ai décidé de me battre."

Chimiothérapie, ablation de son sein malade : Martha prend les mesures nécessaires et après de longs mois de traitement, elle retrouve la santé. "À l'époque, j'avais déjà demandé à ce que l'on retire mes deux seins, mais mon chirurgien me l'avait fortement déconseillé. Il affirmait que c'était inutile, qu'on verrait en temps voulu, que ça allait m'ajouter des complications... J'avais beau arguer que je n'avais ni envie d'avoir un deuxième cancer, ni de repasser sur le billard, il n'a rien voulu entendre et j'ai fini par me ranger derrière ses arguments." Jusqu'en 2013, en tout cas, puisqu'en apprenant qu'Angelina Jolie a bénéficié d'une double mastectomie préventive, la survivante du cancer décide de reprendre ses démarches.

"Vous vous demandez peut-être pourquoi ça m'a pris neuf ans, mais il y a plusieurs explications", expose-t-elle. "La première était que je voulais faire un maximum de recherches, afin de pouvoir présenter un dossier complet aux chirurgiens que j'allais solliciter. Je voulais aussi savoir si l'opération serait à 100% prise en charge par la Sécurité sociale. Puis, je suis tombée enceinte, ce qui a forcément retardé le processus. Et depuis deux ans, à cause du Covid-19, ma chirurgie préventive n'était pas considérée comme prioritaire. Elle a donc été décalée à plusieurs reprises."

Finalement, Martha a obtenu gain de cause et se remet actuellement de l'ablation de son sein droit. "C'est douloureux, c'est une galère, mais je suis tellement rassurée à l'idée de me dire que les risques de développer un cancer viennent de chuter que ça vaut vraiment le coup. J'ai préféré prévenir que guérir une fois de plus, et je pense que sur le long terme, mon corps me dira merci."

"Mon ex n'a jamais compris pourquoi je tenais tellement à cette mastectomie, les chirurgiens non plus"

Obtenir une mastectomie préventive est un parcours du combattant, au même titre qu'obtenir une ligature des trompes. Et c'est peut-être parce que trop d'hommes estiment avoir leur mot à dire sur le corps des femmes, comme c'est le cas pour les réductions mammaires par exemple. Jade, 23 ans, a eu l'impression que toute la gent masculine voulait se liguer contre elle au moment d'obtenir sa double mastectomie préventive. "Il est rare que des patientes aussi jeunes que moi fassent ce genre de procédure, mais mon cas est un peu particulier", explique la jeune femme.

"Je suis porteuse d'une mutation du gène BRCA1, et le risque que je développe un cancer du sein est très élevé, d'autant que toutes les femmes de ma famille sont passées par là. Ma grand-mère est décédée d'un cancer du sein quand j'avais 8 ans. L'année suivante, ma mère a été diagnostiquée à son tour, mais fort heureusement, elle s'est est sortie. Mes trois grandes soeurs sont en rémission et ont respectivement développé des cancers du sein à 37, 33 et 28 ans. Ça vous fait flipper ? Moi aussi." Résultat, dès sa majorité, la jeune femme commence à se renseigner sur la mastectomie préventive. "Ça a été une galère car aucun chirurgien ne voulait me dire oui. On me disait que j'étais trop jeune, que je devais attendre. Que je faisais peut-être ça pour rien."

Finalement, c'est une chirurgienne qui accédera à sa demande en 2021. Mais cette année-là, elle se retrouve confrontée à un problème auquel elle ne s'attendait pas. "Mon copain, avec qui j'étais depuis deux ans et qui était tout à fait au courant de mon projet, a commencé à me faire des reproches. Selon lui, c'était du gâchis, ça allait pénaliser notre vie sexuelle... Plein d'excuses à la con. Il a fini par me quitter parce qu'il ne voulait pas "jouer les infirmiers" et que ma peur de la maladie le saoulait. Ma terreur à l'idée de développer un cancer du sein a toujours été minimisée, mon ex comme les chirurgiens n'ont jamais compris pourquoi je tenais tant à cette opération." Mais aujourd'hui, la jeune femme ne regrette rien. "C'est un poids en moins pour moi comme pour ma famille. Et je n'ai rien à faire dans la vie de quelqu'un qui ne comprend pas ça."

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