Cancer du sein... et travail de nuit : la chronique de Marina Carrère d'Encausse

Marina Carrère d'Encausse

Journaliste, docteure en médecine, créatrice du « Magazine de la santé » sur France 5, Marina Carrère d'Encausse chronique chaque mois pour Version Femina l'actualité de la santé.

Martine a 61 ans. Ancienne infirmière à l'hôpital de Sarreguemines, en Moselle, elle y a assuré, entre 1982 et 2009, 873 nuits – une précision d'importance. 2009, c'est l'année où on lui diagnostique un cancer du sein. Et… quatorze années plus tard, au terme d'une enquête demandée par la plaignante et la CFDT mineurs de Lorraine, un médecin expert affrme « qu'il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant ».

La maladie de Martine est alors reconnue comme maladie professionnelle. C'est une première qui ouvre droit à indemnisation et pourrait faire jurisprudence – d'autres dossiers similaires sont aujourd'hui en cours de traitement ou de jugement. Le risque n'est pas inconnu. Déjà, en 2010, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé la perturbation du rythme biologique, notamment causée par le travail de nuit, comme « probablement cancérigène ». L'Institut national de la recherche et de la santé médicale (Inserm) va plus loin. En 2012, une étude conclut à une hausse « d'environ 30 % » du risque de cancer du sein « chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport aux autres femmes », un risque particulièrement élevé chez celles qui ont effectué plus de deux nuits de travail par semaine pendant plus de dix ans.

On l'explique : les horaires décalés affaibliraient les défenses immunitaires et empêcheraient le développement...

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