"C'est une dinguerie et personne n'en parle" : en France, des femmes se sont fait tirer dessus au mortier pour avoir voulu danser sans hommes
Jeudi 31 octobre 2024, plusieurs centaines de jeunes femmes étaient réunies pour participer à une "Bringue" spéciale Halloween. Ces soirées en non-mixité, interdites aux hommes, sont réguliÚrement victimes de critiques de la part des masculinistes et des incels. Cette fois-ci, ils sont passés à l'acte en tirant au mortier sur les danseuses. Le tout, dans l'indifférence générale.
Depuis maintenant plusieurs annĂ©es, la Bringue est devenue une institution sur la scĂšne des soirĂ©es françaises. CrĂ©Ă© par Clarisse Luiz, le concept est simple : des soirĂ©es en non-mixitĂ©, oĂč seules les femmes sont les bienvenues. NĂ©es Ă Paris, les Bringues se sont dĂ©sormais exportĂ©es dans toute la France, et remportent toujours un franc succĂšs. Mais elles gĂ©nĂšrent Ă©galement la colĂšre de bon nombre d'hommes.
Sur les rĂ©seaux sociaux, on ne compte plus les incels et les masculinistes qui reprochent aux femmes d'aller Ă ce type de soirĂ©e pour se "comporter comme des *****", sous prĂ©texte qu'elles peuvent s'habiller comme elles le souhaitent et danser comme elles le souhaitent. Les participantes, elles, revendiquent au contraire cette libertĂ© de pouvoir s'amuser, sans avoir la crainte d'ĂȘtre droguĂ©es ou agressĂ©es.
Deux attaques en quelques mois
Malheureusement, les critiques et les insultes envers ces soirées en non-mixité ont dépassé le cadre des menaces en ligne, ce jeudi 31 octobre 2024. Lors d'une soirée organisée à Paris au Club du 211 pour célébrer Halloween, plusieurs participantes ont été attaquées alors qu'elles se trouvaient à l'extérieur du lieu, visées par des tirs de mortier. Plusieurs d'entre elles ont subi des blessures, et sont traumatisées.
"Je suis absolument horrifiĂ©e de l'attaque au mortier sur les filles de La Bringue hier soir", a affirmĂ© Clarisse Luiz sur ses rĂ©seaux sociaux. "On avait 400 filles filles Ă l'intĂ©rieur, au moins 75 dehors sur la terrasse, quand des hommes leurs ont tirĂ© dessus au mortier d'artifice. Entre la panique, la fumĂ©e et le mouvement de foule certaines Ă©taient en pleurs et dâautres avaient des brĂ»lures (lĂ©gĂšres heureusement). Des personnes qui ont vu la scĂšne au loin ont dit que les mecs avaient clairement ciblĂ© les filles, jâai vraiment pas les mots."
Absolument horrifiĂ©e de lâattaque au mortier dâartifice sur les filles de La Bringue hier soir.
â đźđđđđđđđ (@_Clarification) November 1, 2024
TrĂšs vite, les jeunes femmes ont racontĂ© leurs mĂ©saventures sur les rĂ©seaux sociaux. "C'est un attentat par des mecs parce que des meufs font la fĂȘte", affirme l'une des personnes prĂ©sentes sur place au moment des faits. D'autant que, ainsi qu'elle le rappelle, ce n'est pas la premiĂšre fois : il y a quelques mois, les participantes d'une soirĂ©e Ă Marseille avaient Ă©tĂ© aspergĂ©es d'essence alors qu'elles fumaient une cigarette.
On Ă©tait Ă la bringue dâHalloween (soiree non mixitĂ© meuf) avec des amies et des mecs ont tirĂ© au mortier sur nous. Genre littĂ©ralement un attentat par des mecs parce que des meufs font la fĂȘte entre elles
â Ritale sous Ritaline (@ChijireTakami) November 1, 2024
Plusieurs des victimes des tirs de la soirée parisienne ont d'ailleurs affirmé avoir porté plainte contre X.
Silence radio des médias et des politiques
Alors que les témoignages choquées et scandalisés se sont multipliés tout au long du week-end, largement relayés par les comptes et associations féministes, un fait à trÚs vite été pointé du doigt : le silence radio autour de ce qu'il s'est passé.
Sur X, bon nombre d'internautes s'insurgent. "Mais c'est une dinguerie, des meufs de la bringue ont Ă©tĂ© agressĂ©es Ă coup de mortier et PERSONNE n'en parle ?!", "A lâĂ©poque quand ça disait que ça voulait crĂ©er des soirĂ©es 100% femmes, les hommes disaient que ça nâallait pas marcher pour des raisons misogynes ⊠mnt que des initiatives comme La Bringue cartonnent, leur rĂ©ponse câest la violence", peut-on lire sur le rĂ©seau social.
Mais c'est une dinguerie, des meufs de la bringue ont été agressées à coup de mortier et PERSONNE n'en parle ?! pic.twitter.com/oYRja9z4JO
â Sika (@Wonder_Sika) November 3, 2024
Vous voyez lâattaque de la bringue de Clarisse ? Bah câest le rĂ©sultat des tweets misogynes/red pills/incel toute la journĂ©e, vous ĂȘtes complices de ce genre de choses ! Je le rĂ©pĂšte mais la haine des femmes ce nâest jamais anodin ça entraĂźne la mort et des agressions
â Gojoâs whore (@Myrouchette) November 2, 2024
La Bringue est une célÚbre soirée en non mixité, elles ont été attaquées au mortier hier soir.
J'espĂšre que les coupables seront arrĂȘtĂ©s et sĂ©vĂšrement punis.
C'est un scandale. https://t.co/9b7nJ9nDrSâ Bree Van De Queer đ (@ScreamM63329467) November 1, 2024
"J'espĂšre que les coupables seront arrĂȘtĂ©s et sĂ©vĂšrement punis. C'est un scandale." Pourtant, quatre jours aprĂšs les faits, rares sont les mĂ©dias Ă avoir traitĂ© l'actualitĂ©, malgrĂ© les dizaines de milliers de tweets faits Ă ce sujet durant le week-end prolongĂ©. De mĂȘme, aucune personnalitĂ© politique n'a pris la parole pour apporter son soutien aux jeunes femmes blessĂ©es.
De nombreuses critiques sur les réseaux sociaux
Comme bien souvent, cette attaque au mortier s'est associĂ©e d'une double peine pour les victimes. Les publications de Clarisse Luiz, notamment, ont Ă©tĂ© prises d'assaut par les messages plus dĂ©sagrĂ©ables et insultants les uns que les autres, affirmant qu'il n'y avait "pas mort d'homme", ou encore qu'elle n'avait aucune preuve que les fĂȘtardes avaient dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©tĂ© prises pour cible.
D'autres ont Ă©tĂ© on ne peut plus clairs, avec des messages affirmant que les participantes avaient "mĂ©ritĂ©" de se faire prendre pour cibles en se "c:omportant comme des *******". "Vous faites moins les malignes sans hommes pour vous dĂ©fendre", s'est mĂȘme permis de conclure un internaute.
Ce lundi 4 novembre 2024, La Bringue a finalement publié un communiqué sur Instagram, pour annoncer collaborer avec les forces de l'ordre pour retrouver les coupables et entamer des poursuites judiciaires. "