Charlotte de Turckheim (Mince alors 2) : "On ne choisit pas d'être gros. Notre société les juge très durement"
Neuf ans après la sortie du premier volume, Charlotte de Turckheim est de retour aux commandes de "Mince alors 2", en salle le 22 décembre 2021. L'occasion pour l'actrice et réalisatrice d'évoquer les diktats subits par les femmes au quotidien.
En 2012, dans le premier film "Mince Alors" avec Lola Dewaere, Charlotte de Turckheim racontait l'histoire de Nina, une jeune femme ronde et mal dans sa peau, qui se fait offrir une cure d'amaigrissement par son mari. Neuf ans plus tard, la réalisatrice est de retour avec un second volume, dans lequel la fameuse Nina ouvre à son tour une cure "jeûne et détox".
Les contradictions d'un personnage
Réalisatrice mais aussi comédienne, Charlotte de Turckheim incarne le personnage d'Isabelle, une naturopathe directrice de la cure. "Ce que j'aime bien dans mon personnage dans le film, c'est que je n'arrête pas d'expliquer aux curistes qu'il faut s'accepter. Mais moi ce que je n'accepte pas, c'est mon âge, et je ne fantasme que sur des mecs qui ont trente ans de moins que moi !", nous a-t-elle confié avec humour. Le message derrière ce personnage plein de contradictions ? "C'est une manière de dire qu'on ne peut pas être parfait, soyons un peu indulgents avec nous-mêmes."
Pourtant, à l'origine, la réalisatrice avait pris une direction totalement différente pour incarner la personne en charge de la cure : "Pour la petite histoire, ce n'est pas moi qui devait jouer ce rôle-là. Ça devait être Mehdi Nebbou. Puis, j'avais pensé à une femme plus jeune. Je me disais : "Puisqu'elle fantasme sur un mec de 30 ans, ça ne peut pas être une nana de mon âge." Puis je me suis dit que c'était quand même incroyable que je pense une chose pareille. Quand Donald Trump était avec une femme qui avait 35 ans de moins que lui, personne ne trouvait ça bizarre. Et moi-même, je m'étais un peu censurée. Du coup, je me suis dit : "Eh bah non, tu vas le faire toi, ma grande.""
Charlotte de Turckheim et ses complexes
Derrière son apparence drôle et décomplexée, Charlotte de Tuckheim est une femme comme les autres : pétrie de complexes imposés par les diktats de notre société. Elle en a d'ailleurs tout à fait conscience : " Il y a des jours où je me trouve super, et des jours où je me dis "Il faut que tu fasses un effort, que tu maigrisses, tu as vieillis quand même." Ça dépend des jours." D'ailleurs, elle a même déjà réfléchi à passer sur le billard pour changer son apparence. "Je pense que la chirurgie esthétique, c'est génial. C'est pour ça que ça marche, c'est comme la drogue. Je n'ai pas de jugement moral, chacun fait ce qu'il peut, et surtout ce qu'il veut. La seule chose que je dis, c'est attention de ne pas se retrouver avec l'apparence de quelqu'un de 40 ans quand on en a 70. Ce mal-être, il va aller en s'amplifiant."
Une seule chose la bloque à l'heure actuelle : "Moi j'adorerais en faire, mais j'ai peur. Peur de mourir, de l'anesthésie générale... Sinon, je l'aurais déjà fait. Je pense que le jugement qu'on a de soi-même est presque le pire. Je trouve qu'on est très dur avec nous-même."
Vidéo. "Personne n'a envie d'être obèse"
Un point de vue tranché sur la grossophobie
Elle-même en surpoids, Charlotte de Turckheim l'affirme : "Dans mes films, je ne dis pas "Big is beautiful". Je dis que si vous avez quelques kilos en trop, et que vous vous trouvez bien et sexy comme ça, tant mieux. Mais personne n'a envie d'être obèse." D'ailleurs, la réalisatrice tient à le préciser : "On ne choisir pas d'être gros, du même qu'on ne choisit pas d'être trop maigre. C'est compliqué parce qu'on n'a pas totalement la maîtrise de son corps, justement."
Aujourd'hui, elle estime que la société grossophobe dans laquelle nous évoluons est particulièrement toxique pour les personnes en surpoids : "Notre société juge très durement les gens gros. Dans tous les journaux féminins, il n'y a jamais de filles grosses. Dans les présentateurs à la télé non plus. Et encore moins dans la presse féminine. J'espère que petit à petit les choses vont changer."
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