Charlotte Gainsbourg ouvre l'ancienne demeure de son père : ce que le chanteur avait imposé à sa fille pour réaliser son "fantasme incestueux"
À compter de ce mercredi 20 septembre, les admirateurs de Serge Gainsbourg pourront pénétrer dans le 5 bis, rue de Verneuil à Paris. La demeure du célèbre artiste français va ouvrir ses portes, sous l'impulsion de sa fille Charlotte, qui a aussi grandi des années rue de Verneuil. Celle qui a longtemps vécu sous l'oeil des caméras et fasciné les médias les a interdites dans son musée familial. Il faut reconnaître que le clan Gainsbourg-Birkin a fait couler beaucoup d'encre, à l'image de la chanson et du clip "Lemon Incest", où le père et la fille sont étendus dans un lit, évoquant "l’amour (qu'ils) ne (feront) jamais ensemble". Un morceau incestuel qui avait créé la polémique à l'époque, et qui d'ailleurs ne pourrait certainement pas voir le jour aujourd'hui.
Dans plusieurs nuages de fumée, la caméra plonge. Petit à petit, derrière les nuages artificiels, sur fond bleuté, se détachent les silhouettes de Serge Gainsbourg et de sa fille Charlotte Gainsbourg, 12 ans. Tout deux sont étendus sur un lit. L'enfant a les jambes nues, elle porte seulement une grande chemise blanche et une culotte. Elle regarde le plafond, les bras étendus au-dessus de sa tête. Son père est penché au-dessus d'elle.
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Si déjà, l'image est troublante, les paroles le sont d'autant plus : "Je t'aime plus que tout / Naïve comme une toile de Nierdoi Sseaurou / Tes baisers sont si doux / Inceste de citron / Lemon incest", chantent le père et la fille. Et de poursuivre : "L'amour que nous n'f'rons jamais ensemble / Est le plus beau le plus violent / Le plus pur le plus enivrant / Exquise esquisse / Délicieuse enfant". Cette chanson est incestuelle, c'est-a-dire qu'elle installe un climat d'où se dégage une ambiance trouble, ambigüe, voire malsaine, selon la définition du terme incestuel, mis en lumière par Paul-Claude Racamier dans les années 1980-1990.
Sorti en 1983, le clip "Lemon Incest" est un immense scandale. Plutôt fier du retentissement du morceau et du clip, Serge Gainsbourg s'était néanmoins défendu face à des accusations d'inceste sur sa fille. Ainsi, sur le plateau de Patrick Sabatier, il menace de "briser les dents" au "salaud qui parlerait d'inceste" entre sa fille et lui, et explique que, pour lui, le sujet de son morceau est le "fantasme incestueux" et non le passage à l'acte, comme le rapporte un article de blog issu du Club de Mediapart.
"Mon père me faisait faire des choses qui me gênaient"
Pourtant, si, durant son enfance, Charlotte Gainsbourg n'a donc jamais été victime d'inceste, les décisions de son père, de la sexualiser à travers son art, ne l'ont pas laissée insensible et sans bagage émotionnel. "Mon père me faisait aller trop loin, il me faisait faire des choses qui me gênaient. C’était difficile. Il ne comprenait pas que ça ne me plaise pas", avait déclaré l'actrice au magazine M, le magazine du Monde. Or, selon, Paul-Claude Racamier, l'incestuel peut faire de graves dégâts psychologiques, quand bien même le passage à l'acte n'a jamais lieu.
D'autant plus que, dans le cas de Charlotte Gainsbourg, son père ne s'est pas arrêté à "Lemon Incest". Dans "Charlotte for Ever", il récidive, et demande à sa fille de 15 ans d'apparaître à nouveau dans un clip et lui fait dire : "Papa, j’ai peur de goûter ta saveur…". La chanson se termine avec cette phrase, prononcée par le chanteur : "Détournement de mineure"...
Rebelote lors de la cérémonie des César 1986, où la jeune fille reçoit la statuette récompensant le meilleur espoir féminin. Juste avant qu'elle n'aille sur scène, elle embrasse sa mère et son père sur la bouche. Serge Gainsbourg l'embrasse à plusieurs reprises sous l'oeil des caméras, la saisissant par le cou, par le menton. Sa fille monte sur scène les larmes aux yeux, la voix étranglée, remplie d'émotion, sans qu'on ne sache si elle due à son tout récent sacre ou aux baisers de ses parents.
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L'intimité de Serge Gainsbourg dévoilée par sa fille
Bien des années après le décès de son père, mort en 1991, et juste après la mort de mère, Jane Birkin, le 16 juillet 2023, Charlotte Gainsbourg a donc annoncé d'ouvrir les portes de ce lourd passé, le 5 bis, rue de Verneuil à Paris. À partir du mercredi 20 septembre, les admirateurs de Gainsbourg, restés fidèles malgré (ou grâce ?) les frasques du chanteur, pourront pénétrer dans la demeure où il a vécu.
"C'était un musée, déjà. Je n'ai rien touché, bougé. C'est un lieu qui est modeste" a-t-elle assuré à France Info. La chanteuse et actrice a décidé d'interdire les caméras sur les lieux, elles qui l'ont suivie toute son enfance, sur les plateaux des clips de son père, les tournages de films et pour les grands médias. Désormais, c'est elle qui a choisi d'exposer l'intimité de son père au public.
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