Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Je me suis fait circoncire à 25 ans pour des raisons esthétiques, et ce n'était pas une bonne idée"
Pratiquée dans de nombreuses religions, la circoncision a généralement lieu dans les jours qui suivent la naissance d'un enfant. Elle est donc nettement plus rare chez les adultes, d'autant que cette opération ne met pas tout le monde d'accord, d'un point de vue strictement médical. Mais Julien, lui, y a eu recours bien plus tard : il avait 25 ans quand il a décidé de se faire opérer. Une opération qu'il regrette aujourd'hui.
Aussi appelée posthectomie, la circoncision fait partie des interventions chirurgicales les plus anciennes. Elle consiste à retirer partiellement ou totalement le prépuce, c'est-à-dire la peau qui recouvre le gland du pénis. Généralement pratiquée chez les nouveaux-nés pour des raisons religieuses, elle peut aussi intervenir plus tard, pour des raisons médicales (infections récurrentes du pénis, douleurs, maladies de peau, phimosis...), ou pour des raisons esthétiques. Et c'est pour cette raison que Julien a franchi le pas.
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Des interrogations tardives liées à des réflexions
"Dans ma famille, à ma connaissance, personne n'est circoncis. Je pensais que c'était un truc purement religieux, et je ne pensais pas que c'était si répandu que ça avant de commencer ma vie sexuelle active", explique le jeune homme, âgé de 25 ans. "Je crois que je devais avoir 21 ou 22 ans la première fois qu'en me déshabillant devant une fille, je l'ai vue faire une drôle de tête avant qu'elle ne balance : 'Bah t'es pas circoncis ?'."
Cette réflexion n'a pas été la seule. "Au fil de mes histoires d'amour et de sexe, je pense que sept ou huit partenaires m'ont fait la réflexion sur le fait que je n'étais pas circoncis. Pas forcément méchamment ou de façon culpabilisante, mais suffisamment pour que ça me travaille. Surtout quand mes partenaires me disaient que j'étais le premier mec non-circoncis avec qui elles avaient un rapport, et que du coup, elles ne savaient pas trop comment manier mon pénis."
Curieux, Julien s'en est ouvert à ses amies, et a eu la surprise d'être face à un consensus : "Quasiment toutes m'ont dit qu'elles préféraient les pénis circoncis parce que c'était plus propre, plus esthétique, plus pratique. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à développer un complexe."
Les pénis circoncis, sur-représentés dans le porno
Le complexe naissant du jeune homme s'est transformé très vite en véritable obsession. "J'ai commencé à chercher des images de référence, mais pour trouver des représentations de pénis, à part dans le porno, c'est difficile. Et à mon grand désarroi, j'ai réalisé que dans les films pour adultes, neuf verges sur dix étaient circoncises. Moi qui ne m'étais jamais posé la question de l'esthétisme de mon sexe auparavant, je n'osais plus coucher avec qui que ce soit. J'ai été abstinent pendant huit mois, je ne me masturbais presque plus, ça me dégoûtait."
Finalement, à 24 ans, Julien décide de se tourner vers la chirurgie esthétique. "J'ai dû rencontrer trois médecins, parce que les deux premiers ne voyaient pas l'intérêt de m'opérer pour des raisons purement esthétiques, et non médicales. J'ai contacté finalement un mec qui parlait de sa circoncision tardive comme de la meilleure décision de sa vie sur les réseaux sociaux, et il m'a donné le contact de son chirurgien."
Six mois plus tard, les regrets sont au rendez-vous
Julien a pu finalement passer sur le billard en mars 2023. "C'est une opération rapide, en quelques heures, anesthésie locale comprise, c'est plié. En théorie, les complications sont rares, mais avec la chance qui me caractérise, j'ai chopé une infection. Et c'est pas le genre d'endroit où on a envie de choper une infection", confie le jeune homme. Heureusement, des antibiotiques ont suffi à régler la situation.
"Je savais que les premières semaines allaient être compliquées niveau sensation, même si la cicatrisation est plutôt rapide. Mais, six mois plus tard, j'ai l'impression d'avoir perdu en sensibilité. En tous cas, les sensations sont différentes, et pas forcément plus agréables qu'avant."
De nombreuses études ont en effet prouvé que la circoncision n'entrainait pas de pertes de sensations. L'une d'entre elles, publiée dans la revue Nature Reviews Urology en 2016, affirme que la fonction érectile, la satisfaction lors des rapports sexuels, la fonction orgasmique, le désir sexuel et la satisfaction globale est la même chez les individus circoncis et non circoncis. Toutefois, la plupart de ces études ont été menées sur des personnes circoncises durant leur enfance, et non à l'âge adulte. Il existe donc un manque de données pour expliquer pourquoi de nombreux adultes circoncis tardivement évoquent une perte ou une altération de la sensibilité.
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