Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Être des mecs à seins, ça impactait beaucoup notre santé mentale"
Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.
Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : laetitia.reboulleau@gmail.com.
Si l'on parle beaucoup de la chirurgie de la poitrine chez les femmes, on a tendance à oublier que certains hommes cisgenres ont eu aussi besoin (ou envie) de modifier cette partie de leur anatomie. C'est le cas de Georges et Jules*, deux frères âgés de 23 et 29 ans, qui ont tous deux souffert d'une gynécomastie. Peu connue du grand public, cette pathologie bénigne entraîne un surplus de graisse au niveau des seins chez l'homme. Pour s'en débarrasser, ils ont tous deux opté pour une opération de chirurgie esthétique.
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Une opération mise en avant par Slimane
Si la gynécomastie bénéficie aujourd'hui d'une petite renommée du côté du grand public, c'est parce que le chanteur Slimane a accepté d'évoquer son propre cas. Invité dans l'émission "En Aparté" sur Canal +, l'artiste confiait : "Avec mes longs cils et mes débuts de sein, je ressemblais à une fille. J'ai un souvenir à la piscine, où un jour, un grand de 20 ou 22 ans m'a dit : 'Mais ce n'est pas le vestiaire des filles ici'". Une véritable source de complexe pour le chanteur, dans laquelle Georges et Jules se reconnaissent grandement.
"Chez nous, c'est de famille. Notre grand-père paternel, qui n'était pourtant pas bien gros, avait de quoi remplir un petit bonnet B. Notre père s'est fait opérer quand il avait une trentaine d'années parce que ça le complexait vraiment, et dès qu'on est entré dans l'adolescence, avec mon frangin, ça a été pareil", raconte Jules, l'aîné de la famille. "Notre médecin de famille nous a expliqué que la gynécomastie apparaissait à l'adolescence parce qu'elle est due un une diminution de l'effet des androgènes, ou à une augmentation de l'effet des oestrogènes."
"Pas obligatoire, mais pour nous, c'était une évidence"
La gynécomastie est une affection bénigne, et certaines personnes choisissent de ne pas se faire opérer. "Ça se voit moins chez les personnes qui ont davantage de gras, comme c'est mon cas", explique Georges. "Mais chez Jules, qui est grand, mince et sportif, c'était flagrant. Certaines personnes pensaient qu'il était en cours de transition, ou qu'il était intersexe. Ça lui a valu pas mal de moqueries à l'école, dans le sport, et même dans la rue."
"Je me faisais traiter de travelo", confirme le principal intéressé, qui a même renoncé au port des cheveux longs pour cette raison. "Du coup, je portais des vêtements très larges, un maillot compréssif, je n'osais pas me mettre torse nu. Mais au début, j'était réticent à l'idée de me faire opérer, car mon médecin m'avait dit que ça pouvait disparaître tout seul." Au bout de deux ans, Jules décide pourtant de se faire opérer, et Georges décide de suivre son exemple. "On a fait ça ensemble, pour se soutenir et se motiver. Pour nous, c'était devenu une évidence, même si l'opération n'a rien d'obligatoire. C'est une question d'esthétisme, pas de santé physique. Mais au final, être des mecs à seins, ça impactait beaucoup notre santé mentale."
Une gynécoplastie qui leur a changé la vie
Jules a attendu ses 26 ans pour se faire opérer, tandis que la chirurgie de Georges a eu lieu l'année de ses 23 ans. "On a eu de la chance parce que c'était en plein Covid, en novembre 2020", raconte le cadet. "Nos opérations ont failli être reportées." Tous deux ont subi une gynécoplastie, opération qui consiste en une liposuccion au niveau du thorax. "Dans nos cas, nous n'avons pas eu besoin de faire retirer la glande mammaire, mais ça peut être nécessaire chez certaines personnes", expliquent-ils. Jules, chez qui la gynécomastie était plus prononcée, a également dû subir une opération pour retendre sa peau sur la zone concernée.
"J'ai des petites cicatrices, mais elles sont cachées sous les poils, et franchement, je m'en fous. C'est un tel soulagement de pouvoir me mettre torse nu ou pouvoir porter des vêtements à ma taille que ça valait vraiment la peine d'y mettre le prix." En effet, les deux hommes ont dû débourser 3000 euros chacun pour se faire opérer : "Nos gynécomasties n'étaient pas liées à un problème de santé, donc ce n'était pas remboursé par la Sécu."
Aujourd'hui, c'est leur petit frère qui envisage à son tour l'opération. "Notre petit frangin n'a que 14 ans, mais il commence déjà à avoir un peu de poitrine", souligne Jules. "Malheureusement, il faut généralement attendre la fin de la croissance pour voir si le problème ne part pas de lui-même, alors il va devoir patienter encore un petit peu."
* Les prénoms ont été changés pour des raisons d'anonymat.
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