Elisabeth Quin justifie son choix d'adopter un enfant : "Je ne voulais pas me reproduire"

Elisabeth Quin, présentatrice du 28 minutes d'arte, est plutôt discrète sur sa vie privée. Mais récemment, elle a fait quelques confidences sur sa fille adoptive et son rapport à la maternité.

PARIS, FRANCE - 01/23/2019: Journalist Elisabeth Quin poses during Tv talk show
Elisabeth Quin justifie son choix d'adopter un enfant : "Je ne voulais pas me reproduire." (Photo by Eric Fougere/Corbis via Getty Images)

Elisabeth Quin présente le 28 minutes d'Arte depuis 2012. La journaliste sexagénaire, plutôt discrète sur sa vie privée, est mariée au rédacteur en chef de L'Obs et écrivain, François Armanet. Elle a également adopté en 2003, une petite fille originaire du Cambodge avec un autre homme dont elle s'est séparée, aujourd'hui décédé.

Aujourd'hui âgée de 22 ans, Ouna Thavery (Thavery est son prénom de naissance, Ouna un prénom "irlandais") fait la fierté de sa mère. La journaliste a publié un livre narrant l'adoption de sa fille en 2004, intitulé "Tu n'es pas la fille de ta mère". Elle y confie s’être sentie "arrivée à destination" en rencontrant son enfant dans un orphelinat. "Avec son père adoptif, on a tâtonné ensemble" a-t-elle déclaré pour décrire les premiers moments de la vie de parents. "Quand j’ai adopté ma fille, je n’avais aucun repère, je ne connaissais pas de parent adoptif. Je suis partie la fleur au fusil dans cette espèce de démarche complètement aberrante d’adoption à l’international, sans savoir ce que ça allait être au quotidien. J’avais en tête deux questions qui se rencontraient : à quel moment sera-t-elle ma fille ? À quel moment serai-je sa mère ?", a-t-elle raconté lors d'un entretien accordé au Monde, publié le 26 mai 2024. Aujourd'hui, sa fille vit dans un studio à 400 m de chez elle : "La bonne distance pour être fusionnelle" a estimé Elisabeth Quin en riant.

Pour le quotidien, elle est revenue sur le moment où elle a eu le déclic. Ainsi, elle a décrit un directeur d'orphelinat "pressé, débordé, agacé par [son] allure à pas de chat pour ne blesser personne, par [sa] sensibilité d'Occidentale qui, selon lui, ne comprenait rien au contexte." Mais ses inquiétudes se sont effacées lorsqu'elle a rencontré sa fille, âgée de 13 mois, qui était alors dans un berceau.

"Je sais que j'ai vu un regard, que ce regard avait deux mains, que ces deux mains étaient cramponnées à un barreau de berceau en bois, et ces deux yeux me disaient quelque chose. Non pas 'Tu es ma mère' mais 'Sors-moi de là', enfin c'est ce que j'ai cru lire dans ces yeux, 'Emporte-moi avec toi.' À partir de là, j'ai tressé, noué l'histoire d'un bébé qui aurait peut-être reconnu sa future mère. J'ai eu ce flash, 'Je veux être sa mère', à cet instant-là", s'est-elle souvenue.

La journaliste a ensuite donné les raisons pour lesquelles elle a préféré l'adoption à un enfant biologique, arguant qu'elle ne se "voyait pas rajouter un enfant". "Je ne voulais pas me reproduire. C'était une position que je chuchotais. Dans le regard des autres, le fait de ne pas vouloir se reproduire fait de vous un être incomplet, une femme douteuse, quelqu'un de suspect de ne pas vouloir faire partie du grand collectif féminin dont la mission est de se reproduire et de se perpétuer. Cela m'a valu des réactions sarcastiques, brutales, de l'incompréhension. (...) Des gens que j'ai croisés dans ma vie m'ont renvoyé l'image de la mère blanche française adoptant en Asie un enfant abandonné par des parents biologiques. Qu'est-ce que c'est que ces Blancs qui vont chercher un supplément d'âme exotique dans les pays en développement au lieu d'aider ces pays ?", a-t-elle rapporté.

Aujourd'hui, après une vingtaine d'années passées avec sa fille adoptive, Elisabeth Quin se dit en paix avec le sujet : "Maintenant, je l'assume beaucoup plus tranquillement. Je ne me sentais aucune passion à l'idée de me rechercher et de me trouver diffractée dans le visage, les attitudes, les comportements d'un enfant qui serait le mien."

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