Elise Lucet n'a "pas trop souffert du sexisme" : "J’ai toujours eu un côté garçon manqué"

PARIS, FRANCE - DECEMBER 05: Journalist Elise Lucet attends the
Elise Lucet n'a "pas trop souffert du sexisme" : "J’ai toujours eu un côté garçon manqué". (Photo by Marc Piasecki/Getty Images)

Aux commandes d'un nouvel épisode de l'émission "Envoyé spécial" ce jeudi 16 février 2023 sur France 2, Elise Lucet s'est imposée comme l'une des grandes figures de l'investigation en France. Et alors que le monde des médias a régulièrement été secoué par des affaires de harcèlement sexuel et de comportements sexistes, la journaliste s'estime chanceuse : elle-même n'y a été que très peu confrontée.

Le #MeToo des médias est loin d'être terminé, et les récentes accusations de harcèlement sexiste à l'encontre de Denis Brogniart l'ont prouvées. La parole se libère de plus en plus, mettant fin à l'impunité et à l'omerta qui a longtemps régné dans cet univers. Mais bien sûr, si toutes les femmes ont déjà été témoin du sexisme de certains de leurs confrères, toutes ne l'ont pas nécessairement subi. C'est notamment le cas d'Elise Lucet, dont la carrière force le respect. Elle qui n'a jamais hésité à prendre la parole sur des sujets tabous.

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Elle estime avoir été chanceuse face au sexisme

En 2019, dans une interview accordée à Notre Temps, la journaliste évoquait l'évolution de sa profession, affirmant : "Moi, je n’ai pas trop souffert du sexisme. J’ai toujours eu un côté garçon manqué, on me voyait comme la bonne copine... Et puis je suis arrivée à un moment où les chaînes recherchaient des femmes journalistes à propulser à l’antenne. Christine Ockrent et Anne Sinclair étaient passées par là. C’était à nous, la génération d’après, de prendre les commandes des journaux télévisés et des émissions d’information."

En 2020, dans les colonnes du Parisien, elle précisait : "J'ai été assez peu confrontée au harcèlement et au sexisme, car j'ai eu des rédacteurs en chef bienveillants, je suis devenue une figure de l'antenne et j'ai mon caractère. Les hommes ont compris qu'il ne fallait pas aller sur ce terrain-là avec moi !" Toutefois, cela ne l'a pas empêchée de constater le sexisme que pouvaient subir ses collègues : "Des femmes autour de moi ont eu des soucis." De son côté, elle n'a jamais hésité à réagir face aux agissements de certains de ses confrères : "Il m'est arrivé, quand je voyais des gestes ou des paroles déplacés, de dire : 'Eh oh, stop !'."

Elle milite pour plus de place pour les femmes dans les médias

En 2022, le Datalab Audiens publiait une étude sur la place des femmes dans le monde des médias, toutes professions confondues, et le constat était loin d'être positif : "Sur l’ensemble des près de 290 000 personnes salariées dans ce périmètre en 2021, quel que soit le contrat de travail (CDI / CDD / CDDU / Pigistes) et la durée de travail, 44,1% d’entre elles sont des femmes et 41% de la masse salariale est versée aux femmes." Ce qui marque une évolution par rapport aux années précédentes, mais qui montre que la parité et l'égalité salariale ne sont toujours pas au rendez-vous. Un constat qui agace Elise Lucet, qui confiait à Notre Temps : "Je ne suis pas dans un combat féministe qui viserait à monter un sexe contre un autre. Mais je trouve ça bien d’atteindre la parité dans les équipes."

Elle évoquait à ce sujet son propre parcours : "À mon arrivée en 1986, les directeurs, les rédacteurs en chef étaient des hommes. Les choses ont énormément changé : j'ai vu mes collègues féminines passer rédactrices en chef, devenir grands reporters et reporters de guerre. Cette génération-là a cassé les stéréotypes, ouvert la voie et marqué un tournant." Un tournant auquel elle a elle-même participé : "Quand "Cash Investigation" a démarré en 2012, nous avions un mal fou à recruter des femmes enquêtrices. Pendant une période, il n’y avait même que des hommes. J’ai fini par taper du poing sur la table. Aujourd’hui, nous avons beaucoup plus de femmes que d’hommes." Une petite victoire pour davantage de parité et de représentation des femmes dans les médias.

Elle apprécie les années qui défilent

Si bon nombre de femmes travaillant à la télévision redoutent le poids des années, bien conscientes que les femmes d'un certain âge sont écartées de l'antenne, Elise Lucet ne partage pas ces inquiétudes : "Je vis les années qui défilent comme un millefeuille qui vous enrichit", affirme-t-elle. "Les bonnes choses se déposent et se sédimentent au fil de la vie. J’ai eu besoin de temps pour devenir la personne que je suis et exercer mon métier comme je le fais. Je n’aurais jamais pu accomplir tout cela à 25 ans. J’ai toujours beaucoup de mal à dire que je suis fière de moi, mais aujourd’hui, je me sens en accord avec moi-même."

Et elle l'affirme : "Je n'ai pas de regrets, ce n’est pas dans mon tempérament. Je n’aime pas m’appesantir sur le présent ni le passé. Je me suis assez peu trahie, même si, comme tout le monde, j’ai dû faire des concessions. Si c’était à refaire, je ne resterais peut-être pas vingt-six ans au journal télévisé, par exemple. Mais c’est aussi parce que j’avais cette expérience que France Télévisions m’a fait confiance sur les émissions d’investigation." Un parcours pour lequel chaque étape a compté.

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