Elles ont utilisé leur physique au travail : "Quitte à subir le sexisme, autant m'en servir"
L'égalité homme-femme dans le monde du travail ? Rien qu'en termes de salaires, ce n'est pas demain la veille. Mais au-delà de la question monétaire, les femmes subissent au quotidien des réflexions, des a priori sur leurs capacités, ou encore des réflexions selon lesquelles elles doivent leur place à leur beauté. Lassées d'être toujours du côté des victimes, des femmes ont décidé de renverser la situation, et de tourner le sexisme à leur avantage.
Il y a quelques jours, la chanteuse Angèle accordait une interview fleuve au magazine Vogue. L'occasion pour elle d'évoquer des sujets tels que le polyamour, ou encore ses incertitudes à l'idée de fonder une famille. Mais la jeune artiste a également évoqué son rapport à la beauté. Honnête, elle l'affirme : "Ça me terrifie de vieillir. C’est nul et narcissique de dire ça… Mais je le dis parce que je pense ne pas être la seule à ressentir cette angoisse." Il faut dire qu'elle en a bien conscience : "Je sais que je n’aurais pas eu la même carrière si j’avais chanté avec une cagoule."
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Le rapport à la beauté dans le monde du travail
Qu'on le veuille ou non, les critères physiques sont toujours une réalité dans le monde du travail. La preuve : les personnes en surpoids ont moins de chance d'être embauchées, à études et capacités équivalentes, qu'une personne mince. Et ce y compris dans les professions qui ne sont absolument pas basées sur le physique. A contrario, les personnes considérées comme "trop belles" parce qu'elles correspondent aux diktats de la société ne seront pas forcément mieux loties. Et pour cause : elles seront toujours accusées d'avoir joué de leur plastique pour arriver à leurs fins.
C'est le cas de Fanny*, 33 ans, journaliste. "Pendant mes études, on m'a tout de suite dit que j'avais un physique de télé, alors que je rêvais de faire de la radio. On m'a dit que ça serait dommage de gâcher ça, on m'a poussée vers la caméra, et je sais que sans mes grands yeux bleus et mes longs cheveux blonds, je n'aurais pas eu les opportunités que j'ai pu avoir." Dès ses premiers stages, la jeune femme tient des chroniques en plateau, fait des reportages en face caméra, anime la météo. "C'est une opportunité que je n'aurais sans doute pas eue sans mon physique, compte tenu de mon âge et de mon manque d'expérience", commente-t-elle.
Résultat, la jeune femme a décidé de tirer profit de la situation : "Je suis féministe, et je trouve scandaleux d'avoir droit à des passe-droits pour mon physique, et je me poserai toujours la question de savoir si je suis là pour ma beauté ou pour mon talent. Alors quitte à subir le sexisme, j'ai décidé d'en profiter. Je grimpe les échelons, et j'espère pouvoir changer les choses quand je serai en haut. En attendant, je m'efforce d'être irréprochable, de prouver mes capacités autant que possible, et de donner leur chance à un maximum de gens. C'est le moins que je puisse faire."
"J'ai laissé un responsable me faire des avances pour avoir une subvention"
Parmi les plus gros problèmes rapportés par les femmes dans le cadre de leur travail, il y a évidemment la question du harcèlement sexuel. Les avances sont communes, de la part d'employeurs, de collègues et de clients. Celles qui y succombent ont rapidement l'étiquette "promotion canapé", sont traitées d'allumeuses, de filles faciles. Les autres sont taxées de froideur, accusées d'être coincées. Difficile de gagner dans ces conditions. Mais Maëlys* a trouvé une parade : elle laisse planer le flou.
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"Dans mon ancien emploi, je faisais des demandes de subventions. Un jour, j'ai déposé un dossier, et le responsable m'a fait des avances. Assez peu pour que ça ne soit pas considéré comme du harcèlement sexuel, mais suffisamment pour que je comprenne ses intentions. C'était assez insidieux. J'ai été froide et distante avec lui, et je n'ai pas obtenu l'argent. Quand j'ai déposé un nouveau dossier, j'ai décidé de le laisser faire, sans aller jusqu'au flirt, mais en minaudant. Ça a marché, j'ai eu l'argent." Une histoire qui fait doucement sourire la jeune femme, qui conclut : "Dès que la demande a été acceptée, je l'ai ignoré au possible. J'ai retourné son sexisme contre lui, j'ai gagné, il a perdu."
"S'ils préfèrent valoriser leur ego, c'est leur problème"
Il n'y a pas que la beauté qui peut servir d'arme aux femmes bien décidées à retourner le sexisme professionnel à leur avantage. Salomé* a compris grâce à son job qu'elle n'avait rien à prouver à personne, et encore moins le fait d'être "aussi forte que les hommes". "Je travaille en déchetterie. On est amené quotidiennement à porter des charges lourdes. Des morceaux de murs cassés, des meubles entiers, des troncs, etc... On a des montes-charge pour les très grosses pièces mais selon le cas, il nous arrive d'aider les personnes à décharger leurs véhicules sans outils. Au début, quand mes collègues venaient proposer de l'aide pour porter, je disais "non merci je vais le faire" pour prouver que les femmes sont aussi capables que les hommes."
Seul problème : sa petite carrure ne lui permet pas nécessairement d'avoir les mêmes performances que ses camarades. "J'ai fini par me faire une déchirure musculaire qui m'a valu un arrêt de travail et 3 jours de carence. Depuis, je n'hésite plus à accepter leur aide. Je pense maintenant que le féminisme n'est pas de leur prouver qu'on peut autant porter qu'eux. Et s'ils préfèrent valoriser leur ego plutôt qu'utiliser l'aide matérielle ou des collègues, c'est leur problème. Moi je pense d'abord à moi." Plus question de se mettre en danger pour prouver quelque chose qu'elle n'arrivera jamais à prouver, tant que le sexisme existera dans l'univers professionnel.
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