Publicité

Femmes trompées : "Quand un homme est infidèle, on pense toujours que sa compagne aurait dû en faire plus"

Femmes trompées :
Femmes trompées : "Quand un homme est infidèle, on pense toujours que sa compagne aurait dû en faire plus"

crédit : Getty

Alors que le chanteur Adam Levine est accusé d'avoir trompé sa compagne, la mannequin Behati Prinsloo, enceinte de leur troisième enfant, sa consoeur Emily Ratajkowski a poussé un coup de gueule pour protéger la présumée maîtresse de la star de la musique. En effet, elle en a assez que les infidélités des hommes hétérosexuels soient reprochées aux femmes, compagnes comme maîtresses.

"Ce n'est pas ma faute, c'est elle qui m'a séduit alors qu'elle savait que j'étais en couple." Cette défense, plus d'un homme l'a utilisée après avoir été infidèle, et surtout, après avoir été démasqué. Elle repose sur le biais sexiste selon lequel les femmes seraient prêtes à tout pour être meilleures que les autres, et que ces messieurs seraient de simples victimes de leurs pulsions. Récemment, de nombreuses affaires d'infidélités de stars ont éclaté dans les médias, et si ces dernières ont prouvé une chose, c'est que le sexisme est toujours de même dans leur traitement. Que ce soit parce que l'on estime que certaines personnes sont "trop belles" pour être trompées, ou parce que l'on cherche des excuses aux hommes pour expliquer leur attitude. Quitte à, encore une fois, à taper sur les femmes qui partagent leurs vies.

Le coup de gueule d'Emily Ratajkowski

Si les infidélités présumées d'Adam Levine ont été révélées au grand public, c'est parce que la femme qui affirme être sa maîtresse a pris la parole sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, Sumner Stroh, 23 ans, a affirmé qu'ils avaient été amants, et très vite, la jeune femme a été prise dans un raz de marrée de critiques. Bon nombre de personnes lui ont reproché d'avoir "manqué de solidarité féminine" en couchant avec un homme en couple, et d'avoir eu une attitude "anti-féministe".

Une attitude qui ne passe pas pour Emily Ratajkowski, qui s'est fendue d'un commentaire bien senti : "Je ne comprends pas pourquoi on continue encore de blâmer les femmes pour les erreurs des hommes. Surtout lorsque l’on parle d’une femme d’une vingtaine d’années et d’un homme qui a le double de son âge." La jeune femme, qui a récemment elle-même été victime d'infidélités, a affirmé : "Si tu es dans une relation, c’est à toi d’être loyal. On continue de demander aux femmes d’ajuster leur comportement, au lieu de dire aux hommes de changer le leur."

Vidéo. Chloé Chaudet : "Il faut déconstruire le préjugé tenace d'une seule destinée féminine"

La double peine des femmes trompées

Les paroles d'Emily Ratajkowski ont fait mouche : bon nombre de femmes sont d'accord avec elle, et reprochent la "double peine" à laquelle sont soumises les femmes victimes d'infidélités. "Quand j'ai découvert que mon mari me trompait, je m'attendais à recevoir un minimum de soutien, au moins de la part de ma famille et de mes amis", raconte Christine, 47 ans. "Pourtant, je me suis retrouvée à subir des critiques. On m'a dit que j'aurais dû m'y attendre, que je me négligeais – alors que je venais d'avoir un bébé – qu'il devait être insatisfait. Bref, on laissait entendre que c'était de ma faute, et que lui n'avait rien à se reprocher."

La quadragénaire a demandé le divorce et a pris ses distances de toutes les personnes qui l'ont blâmée, mais elle en tire un constat : "Pour nous, c'est la double peine. On doit subir les infidélités de nos conjoints, et on doit en plus accepter de se faire blâmer, parce que si un mec va voir ailleurs, c'est forcément qu'il avait une bonne raison. Alors que dans mon cas, j'étais juste mariée à un connard infidèle."

Des excuses en carton des infidèles comme de leurs soutiens

Christine est loin d'être un cas isolé, et les femmes victimes d'infidélités ont souvent eu droit à des reproches, voire des moqueries. "Ma mère m'a dit : "Mais tu t'attendais à quoi ? Tous les hommes trompent leur femme, il faut faire avec, ce n'est pas un motif de rupture". Ça m'a brisé le coeur de découvrir qu'elle trouvait ça normal', reproche Cassandra. Elise, elle, se souvient du discours d'une de ses collègues : "La première chose qu'elle m'a demandé quand j'ai annoncé ma rupture après une infidélité, ce n'était pas "Comment tu vas", c'était "Ça faisait combien de temps que vous n'aviez pas couché ensemble ?", comme si ma libido était obligatoirement à remettre en question."

Pour Lila Adeniz, thérapeute de couple, cette réaction n'est pas vraiment surprenante, et possède des racines très ancrées dans la façon dont les femmes sont élevées : "Depuis leur enfance, on apprend aux filles à faire passer leurs désirs après ceux des garçons, à se sacrifier. C'est moins flagrant chez les Gen Z, mais chez les millenials, bon nombre de femmes ont grandi en voyant leur mère s'accuser de tous les problèmes dans leur couple, et elles recréent ce schéma sans vraiment y penser, parce qu'elles ont été éduquées comme ça. Tandis que dans les nouvelles générations, le féminisme fait qu'elles ont moins tendance à placer la faute sur la femme, et plus la personne réellement fautive, c'est-à-dire la personne infidèle.

La maîtresse, toujours pointée du doigt

"Ce qui m'a le plus choqué, c'est que mes copines n'étaient pas énervées contre mon mec, quand j'ai appris qu'il était infidèle", raconte Chloé, 23 ans. "Par contre, elles étaient en rage contre la nana avec qu'il avait couché. Cette nénette qui n'avait rien demandé était la cible des insultes, et même des menaces de mes amies, qui n'ont pourtant pas adressé un seul reproche à mon partenaire." Une situation similaire à celle subie par Sumner Stroh, qui affirme avoir été la maîtresse d'Adam Levine. "Certes, elle n'aurait pas dû coucher avec un homme en couple, mais en soi, elle n'a pas été infidèle, elle a peut-être agi par amour, ou par bêtise. Mais la personne qui m'a trahie, c'est lui. Pourquoi je lui en voudrais à elle ?"

La thérapeute de couple a sa petite idée sur la question. "C'est toujours plus facile de blâmer une tierce personne plutôt que de s'en prendre à une personne que l'on aime, ou en tout cas qu'on a aimée. C'est pour ça que dans le cadre d'une infidélité, en particulier du côté de l'homme, on a tendance à s'en prendre à la maîtresse." La spécialiste pointe ici aussi une différence sexiste : "En revanche, quand une femme est infidèle, les amants ne sont pas vraiment blâmés. C'est toujours comme ça, les hommes trompent parce qu'ils ont des pulsions, et parce que leur compagne n'en ont pas fait assez. Et si ce sont les femmes qui trompent, dans le cadre d'un couple hétéro, c'est parce qu'elles ont fait passer leur propre plaisir avant celui de leur mari, de leur famille. Et qu'elles n'ont donc pas rempli leur rôle de femme tel que le décrit la société."

Vidéo. "L’infidélité féminine est plus courant qu’on ne l’imagine. On en parle moins car c’est plus mal vu" : Rita Perse, autrice d'Adulte Air, décrypte le phénomène

A lire aussi

>> Infidélité : arrêtons de penser que les "moches" méritent d'être trompés

>> Infidélité : "Mon ex avait une femme et un gosse à 12 stations de métro de chez moi"

>> Elles sont quittées parce qu'elles sont malades : "Mon mec m'a dit qu'il ne voulait pas jouer les infirmiers, j'avais un cancer"