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"Arrêtez de commenter mon corps" : comme 50 Cent, ces hommes en ont assez du body shaming

71st Cannes Film Festival - Screening of the film "Solo: A Star Wars Story" out of competition - Red Carpet Arrivals - Cannes, France May 15, 2018. 50 Cent poses. REUTERS/Eric Gaillard

Le 13 février 2022, 50 Cent a livré une prestation bluffante sur la scène du Super Bowl. Mais du côté des réseaux sociaux, c’est l’apparence physique du rappeur américain qui a aussi beaucoup fait parler. Une situation qu’il refuse de subir, tout comme d’autres hommes du show business qui n’hésitent plus à dénoncer le body shaming dont ils font l’objet.

Scrutées, analysées, jugées. On le sait : les célébrités sont passées au crible. Quand il ne s’agit pas de la dernière romance, des scandales familiaux ou des déboires avec la justice, c’est le corps qui est attaqué sous tous ses angles. Alors, la lumière des projecteurs devient si brûlante qu’il est difficile, voire impossible, de s’en préserver sereinement. Depuis quelques années maintenant, de nombreuses stars dénoncent les conséquences du body shaming, cette façon de ridiculiser, juger, critiquer le corps d’autrui. Et ce, de façon publique. Un phénomène accentué par la presse à scandale et les réseaux sociaux qui ne touche pas que les femmes. Si les rouages du patriarcat le rendent malheureusement plus systémique à l’égard de la gent féminine, les hommes aussi sont victimes de body shaming. Et eux non plus ne veulent plus se laisser faire.

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50 Cent monte au créneau contre la grossophobie

En reprenant son tube "In Da Club", le 13 février 2022 sur la scène du Super Bowl, 50 Cent a offert au public une prestation électrisante. Un vrai show à l’américaine qui a pourtant attiré l’attention de certains observateurs sur l’apparence physique du rappeur de 46 ans. Beaucoup ont pointé du doigt sa prise de poids, à grand renfort de vannes dont seuls les oiseaux de Twitter ont le secret, comme "On est passé de 50 Cent à 50% de gras", ou "50 Cent a grossi, maintenant il est un dollar". Du grand art.

Humour ou pas, il s'agit là d’une grossophobie décomplexée. Ni plus, ni moins. Et pour 50 Cent, pas question de se laisser faire. "J'appelle ça se moquer de moi, ils se moquent de moi parce qu'ils savent que je peux perdre du poids, c'est pourquoi ce qu'ils disent me fait simplement rire" a commenté l’artiste dans un post Instagram, avant d'ajouter : "Le fat shaming ne s'applique que lorsque vous avez honte de votre graisse." Ce qui n'est pas tout à fait exact, puisque la grossophobie crée aussi des complexes chez des personnes qui n'en avaient pas. Mais le mot est posé : fat shaming.

Dans l’univers des rappeurs américains où le cliché de l’homme tatoué et musclé sévit encore, 50 Cent a un temps véhiculé cette image... avant d’opérer une métamorphose physique radicale. C’était en 2010, pour les besoins du film "All Things Fall Apart" de Mario Van Peebles, dans lequel il incarne un sportif de haut niveau souffrant d’un cancer. L’artiste avait alors perdu près de 25 kilos, et les photos qui avaient fuité cette année-là le montraient loin de la forme qu’il arborait jusqu’alors. Sans savoir qu’il s’agissait d’un film, de nombreux fans avaient évoqué une maladie dont souffrirait l’artiste. Toujours est-il que la perte de poids radicale de 50 Cent a provoqué des troubles du comportement, comme pour beaucoup d’autres actrices et acteurs qui ont dû se métamorphoser pour un rôle. "J’avais tellement de muscles qu’il était difficile pour moi de perdre en masse, même si je devenais plus léger et plus mince. J’ai commencé à courir pour effacer mon appétit. À la fin, c’était vraiment difficile" confiait-il à ce sujet dans les pages de Parade Magazine. Depuis, 50 Cent est régulièrement confronté aux remarques acerbes d’une audience moqueuse. Et il n’est malheureusement pas le seul.

Robert Kardashian a été traumatisé par les critiques sur son poids

Depuis 2007, Kim Kardashian et son célèbre clan s'illustrent sur le petit écran, notamment dans l’émission de télé-réalité "Keping Up With The Kardashians". Autant d’années et d’épisodes dans lesquels les dramas de la famille sont souvent abordés autour d’une salade dégustée minutieusement sous l’œil des caméras. Il y a Kim, Kourtney, Khloé, Kendall, Kylie… et Robert, le seul homme de la fratrie Kardashian, qui a un temps accepté d’être filmé dans l’intimité de son foyer, avant de capituler. La raison ? En plus de la naissance de sa fille Dream en 2016, et de ses déboires avec la mère de la fillette, Blac Chyna, Rob Kardashian a souffert des critiques sur son poids. Il faut dire que déjà dans l’émission dédiée à sa famille, le sujet a été abordé à de nombreuses reprises par ses célèbres sœurs, inquiètes à l’idée de voir sa santé se détériorer à cause de son absence d'activité physique. Une inquiétude qui peut être compréhensible.

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Ce qui l’est moins en revanche, ce sont encore et toujours les critiques du public. Sur la Toile, il existe pléthore de vives discussions sur le sujet. Là encore, empreintes d’une grossophobie qui ne dit pas son nom. Dès que Robert Kardashian est photographié dans la rue, alors qu’il tente d’observer une discrétion quasi religieuse, les clichés sont décortiqués, moqués. Et il ne s’agit pas là d’un sentiment d’inquiétude au sujet de la santé du jeune papa. En 2018, Kanye West, alors encore en couple avec Kim Kardashian, avait d’ailleurs pris à partie les équipes du site américain TMZ en live, expliquant qu’il avait eu recours à une liposuccion pour ne pas subir les mêmes attaques que son beau-frère : "J'ai fait de la chirurgie parce que je voulais paraitre assez bien à vos yeux, je ne voulais pas que vous me traitiez de gros comme vous avez appelé Rob, lors de mon mariage (avec Kim Kardashian ndlr). Vous l’avez fait rentrer chez lui avant que Kim et moi ne nous marions."

Avant Robert Kardashian, c’est Vin Diesel qui avait lui aussi subi des attaques sur son physique. Alors qu’il profitait de ses vacances à Miami, la star de "Fast & Furious" avait été photographiée sur le balcon de son hôtel. Torse nu, son ventre avait fait les choux gras de la presse à scandale. "La réaction des journalistes à qui j'ai parlé ces deux derniers jours à New York est dingue. Aujourd'hui, l'un d'entre eux voulait même voir mon ventre potelé. Haha. Je me demande si je vais le montrer ou pas. C'est nul de critiquer le physique !" avait-il lâché sur les réseaux sociaux. Vin Diesel avait dans la foulée posté une photo de lui sur Instagram, arborant fièrement ses abdos. Comme pour rassurer un public paniqué à l'idée de le voir grossir.

Victime de fat shaming en direct à la télé, Jonah Hill a boycotté la France

Si les réseaux sociaux représentent un terreau fertile pour les adeptes du body shaming, le petit écran est tout aussi cruel. En septembre 2016, alors qu’il était en pleine promotion de son film "War Dogs", Jonah Hill a annulé toutes ses interviews françaises. La raison de son désamour soudain pour la presse hexagonale ? Un moment de télé qu’on aimerait bien oublier. Alors invité sur le plateau du "Grand Journal" sur Canal Plus, l’acteur américain avait essuyé les vannes douteuses de la Miss Météo, Ornella Fleury. "Alors j'ai un fantasme. C'est qu'on se retrouve tous les deux dans une chambre d'hôtel le soir, on discute voilà, vous me faites beaucoup rire. Et là, d'un coup, vous ramenez vos potes DiCaprio et Brad Pitt, et vous partez" avait-elle lancé. Et Jonah Hill, très mal à l’aise, de répondre : "Être ridiculisé par une journaliste locale, ça fait plaisir."

Vidéo. Jonah Hill demande à ses fans de ne pas faire de commentaires sur son physique

Le coup de grâce pour le comédien qui, depuis le début de sa carrière, n’a eu de cesse d’être moqué sur son poids. En février 2021, un article du Daily Mail publiait des photos de ses vacances au soleil, le torse nu profitant d’activités aquatiques. Là encore, son apparence physique avait inspiré les commentaires grossophobes d’une audience visiblement friande de ce genre de clichés. Sur Instagram, Jonah Hill avait alors rétorqué : "Je crois que je n'ai jamais enlevé mon t-shirt dans une piscine avant d’atteindre la trentaine, même devant ma famille et mes amis. Cela se serait probablement produit plus tôt si les insécurités de mon enfance n'avaient pas été exacerbées par des années de moqueries publiques à propos de mon corps par la presse et les intervieweurs" dénonçait-il, interpellant les consciences sur les "enfants qui n’enlèvent pas leur t-shirt à la piscine", et assurant avoir lui-même enfin trouvé le chemin de la confiance en soi.

Mais, Jonah Hill l’a très vite compris : le problème, ce n’est pas son poids. C’est toute l’attention anormale que suscite son apparence, comme celles d'autres célébrités et anonymes, à l’ère de la toute-puissance de l’image. Quelques mois après sa charge contre le Daily Mail, Jonah Hill a de nouveau été contraint de se saisir de son compte Instagram pour opérer une mise au point. Cette fois au sujet de sa perte de poids. "Je sais que vous voulez bien faire mais je vous demande gentiment de ne pas commenter mon corps. Bon ou mauvais, je veux poliment vous faire savoir que ce n'est pas utile et que ça ne me fait pas de bien. Avec beaucoup de respect." Un nouveau message ô combien important. Car, qu’il s’agisse de bons ou de mauvais commentaires, l’appréciation de tout un chacun sur le physique d’autrui ne devrait pas être ainsi exposée et créditée. Elle finit par créer des diktats étriqués qui touchent tout le monde, et provoque une pression insidieuse et violente, tant physique que psychologique.

Des diktats de plus en plus dénoncés

Évoluer à Hollywood, le sanctuaire de l’apparence, n’est pas chose aisée. Et ce, même lorsque, justement, les commentaires sont plutôt positifs. Channing Tatum en sait quelque chose. Dans ses films, de "Sexy Dance" à "Magic Mike" en passant par "21 Jump Street", la plastique de l’acteur de 41 ans est filmée sous (presque) tous ses contours. Channing Tatum en est parfaitement conscient : s’il a été jusqu’ici épargné par les critiques sur son physique, c’est essentiellement dû à la discipline de fer qu’il s’impose. "C'est dur. Garder cette forme, même quand on fait du sport ? Ce n'est pas naturel. Je ne sais vraiment pas comment les gens qui travaillent à plein temps arrivent à rester en forme, parce que c'est mon travail et j'y arrive à peine" a-t-il confié il y a quelques jours dans l’émission "The Kelly Clarkson Show". En plus de la pression médiatique, il y a celle d’Hollywood, où il est particulièrement difficile de sortir d’une case bien définie. Alors, pour garder le physique que le public connait bien, Channing Tatum pousse son corps à l’extrême, régime après régime : "Tout a le goût de l'eau. Ça n'en a aucun. On doit s'affamer. Je ne pense pas que ce soit sain d'être aussi mince."

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Et lorsque l’on ne correspond plus à la case à laquelle on a été assigné, la violence des mots est inouïe. Wentworth Miller est l'un des premiers à avoir brisé les tabous. Star de la série "Prison Break", l’acteur a subi les moqueries sur sa prise de poids en 2010. Il lui faudra six ans pour enfin briser le silence dans une tribune poignante. "Je souffre de dépression depuis mon enfance. C'est une bataille qui me coûte du temps, des opportunités, des rencontres et des centaines de nuits blanches, confiait-il. En 2010, alors que j'étais au plus bas de ma vie d'adulte, je cherchais du réconfort et de la distraction dans tout. Et j'ai choisi la nourriture. Ça aurait pu être n'importe quoi. La drogue. L'alcool. Le sexe. Mais la nourriture est devenue la chose dont j'avais besoin pour avancer." Un commentaire grossophobe met quelques secondes à être lancé. Ses conséquences peuvent mettre des années à être soignées.

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