L’injection du point G pour décupler le plaisir féminin ? Une pratique douteuse et dangereuse

Cette opération de chirurgie esthétique intime, peu courante en France, promet aux femmes qui y ont recours d’atteindre plus facilement l’orgasme ou de réparer leurs troubles en matière de plaisir sexuel. Mais est-elle vraiment efficace ? La spécialiste Anne-Louise Boulart nous éclaire sur la question.

Le point G. Ce mythe sexuel ou Saint Graal de la sexualité, que beaucoup de femmes – et d’hommes – tentent d’atteindre pour décupler le plaisir féminin. Fantasme ou réalité ? Si cette appellation a eu le vent en poupe, elle est de plus en plus remise en question. Et pour cause, ce fameux point n'existerait tout simplement pas.

Se faire opérer pour atteindre l’orgasme ?

Pourtant, dans les années 2000, une intervention chirurgicale a vu le jour aux États-Unis : une ou plusieurs injections pour augmenter le potentiel de stimulation du point G. Cette technique, on la doit à David Matlock, chirurgien-plasticien à Beverly Hills, comme nous l’explique Anne-Louise Boulart.

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“Elle consiste à injecter dans la paroi vaginale une substance volumatrice dans le but d’améliorer l’accès à l’orgasme pendant la pénétration et en augmentant la surface du point G, qui est une zone connue pour être érogène, dans le vagin”, précise la médecin spécialisée dans la chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. En France, le produit utilisé est l’acide hyaluronique.

Arrêtez de parler de point G !

Problème : rien ne prouve “l'existence d'une zone anatomique correspondante au point G” affirme l’experte. “Il y a un paquet de sites Internet, de praticiens qui se sont appropriés la technique et qui la proposent en ayant des discours souvent contradictoires”, souligne-t-elle en ajoutant que cette dernière reste “heureusement” peu courante en France. Mais il suffit de taper son nom dans un moteur de recherche pour tomber sur des dizaines de cliniques et centres de chirurgie esthétique pratiquant cette “amplification du point G” en vantant ses mérites sur la jouissance des femmes lors d’un rapport sexuel pénétratif.

Selon Anne-Louise Boulart, l'appellation de point G a beau être “ancrée dans l’inconscient collectif”, elle est “préjudiciable et devrait être proscrite parce qu’elle représente une entité anatomique qui est fausse” mais aussi parce qu’elle est “génératrice de frustrations énormes pour des générations de femmes [deux sur trois, ndlr.] qui ont pensé et qui pensent encore qu’elles ne sont pas normales”.

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Elle cantonne le plaisir sexuel féminin à la pénétration, qui n’est source de jouissance que pour très peu de femmes, et oublie par conséquent le rôle du clitoris – pourtant essentiel – dans l’équation. Par ailleurs, cette façon de voir la sexualité peut entraîner un sentiment de culpabilité chez les personnes qui préfèrent le sexe sans pénétration ou les celles qui souffrent de dyspareunie ou de vaginisme et pour lesquelles la pénétration vaginale est devenue impossible. Les chiffres parlent d’eux-mêmes puisque “deux femmes sur trois ressentent une certaine tristesse, gêne, culpabilité et honte à ne pas avoir d’orgasme pendant la pénétration” conclut la médecin.

Interviews : Carmen Barba

Article : Katia Rimbert

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